Charles Penot de Tournière ou de Tournières (c. 1718 – 21 mai 1772) fut notamment payeur des rentes à partir de 1736 et trésorier du barrage et de l'entretenement de la vie de Paris à partir de 1758 (
Almanach royal, 1772, pp. 323, liv).
Clairaut collabore avec cet expérimentateur amateur en optique, tout comme il le fait sur ce sujet avec de Létang (cf.
Létang), George (cf.
George), puis Antheaulme (cf.
Antheaulme), Passemant travaillant parallèlement (cf.
4 mai 1761(1)).
Ferner va en sa compagnie et celle de Clairaut chez Podevin, un polisseur de verre, commander des prismes, puis se procurer du flint-glass, puis boire du thé (cf.
17 février 1761 (2)). Ferner visite ensuite son laboratoire (cf.
18 février 1761 (2)). Même si de Tournière peut être un peu en retard (cf.
23 février 1761 (2)), Ferner le rencontre régulièrement en compagnie de Clairaut (cf.
8 mars 1761 (2),
13 mars 1761 (1)). Sa femme est un peu étourdie (cf.
18 mai 1761 (1)). George a pour lui une lunette à la manière de Dollond (cf.
13 juillet 1761 (1)). Il est parfois malade (cf.
28 juillet 1761 (1)).
Clairaut et de Tournière signent tous deux un certificat pour Mademoiselle Saint-André, artificière du Roi (cf.
22 octobre 1764 (1)).
Clairaut lui rend hommage :
Je ne donnerais dans ce mémoire que le résultat des expériences qui ont servi à mesurer les qualités réfringentes des matières dont j'ai fait usage, parce que le détail des ces expériences est assez long pour demander un mémoire particulier et que d'ailleurs elles sont pour la plus grande partie le fruit d'un travail qui est commun à M. de Tournières et à moi. On sent combien j'ai eu raison de rechercher pour des expériences si délicates un associé aussi exercé dans la physique et dans les arts que l'est cet académicien. Du travail que nous avons fait ensemble, il nous paraît résulter : 1° […] […] 6° (C. 58, pp. 526-528). Le 5 décembre 1761 :
L'Academie ayant procedé suivant le forme ordinaire à l'election de deux sujets pour remplir la place d'associé libre vacante par la mort de M. de Belidor, la pluralité des voix a été pour MM. de Tourniere et de Vallierre qui ont eû tous deux l'égalité des suffrages (PV 1761, f. 217v). Le 16 :
J'ai lû à l'Academie la lettre suivante de M. le comte de S[ain]t Florentin, après la lecture de laquelle la délibération a été remise à huitaine.
J'ai, Monsieur, rendu compte au Roi de la délibération prise à l'Academie le 5 de ce mois pour remplir la place d'associé libre vacant par le décè du s[ieur] Belidor. Sa Majesté aïant remarqué que MM. de Tourniere et de Valliere ayant eu le même nombre de voix, a jugé qu'il ne pouvoit qu'être avantageux à l'Académie de les y admettre l'un et l'autre en même tems, et elle a fait le choix du s[ieur] de Valliere pour remplir la place de M. Belidor, et de M. de Tourniere pour être dès à présent admis dans la même classe à titre de surnuméraire à condition que la premiere place qui viendra à y vaquer ne sera point remplie.
Cependant sur ce qu'il a été représenté à Sa Majesté qu'il pourroit être avantageux à l'Academie d'augmenter de deux places d'associés libres, elle approuve qu'elle délibere sur cet article afin qu'après avoir été informé du voeu de l'Academie elle puisse lui faire savoir ses intentions. On ne peut être, Monsieur; plus parfaitement devoué etc (PV 1761, f. 226). Le 23 :
L'Academie ayant déliberé suivant la forme ordinaire en conséquence des ordres du Roi à elle adressée par la lettre de M. le comte de S[ain]t Florentin du 13 [décem]bre lue a l'assemblée du 16 de ce même mois, sur la proposition d'augmenter la classe des associés libres de deux nouvelles places, il été décidé à la pluralité des voix qu'il n'i paroissoit aucun inconvénient, mais j'ai été chargé d'ecrire à M. le comte de S[ain]t Florentin pour le prier de representer au Roi de la part de l'Academie que ladite classe étant par ces nouvelles créations de deux places portées au même nombre que celle des associés étrangers, on ne pourroit l'augmenter à l'avenir sans inconvenient (PV 1761, ff. 234v-235r). Le 9 janvier 1762 :
J'ai lu à l'Academie les deux lettres suivantes de M. le comte de S[aint] Florentin, après la lecture desquelles, l'élection à la seconde des nouvelles places d'associés libres a été indiquée à la huitaine.
[…]
Le Roi ayant, Monsieur, approuvé la proposition qu'à faite l'Académie d'augmenter de deux places la classe des academiciens libres, Sa Majesté desire que l'une de ces deux places soit remplie par le s[ieu]r de Tourniere qui est actuellement surnuméraire dans cette classe, et que l'Académie indique l'election pour remplsir la seconde place d'augmentation. On ne peut, Mons[ieu]r, vous être plus parfaitement dévoué etc (PV 1762, f. 1). Cette entrée à l'Académie suit de près la lecture de
C. 57 (cf.
1 avril 1761 (2)).
De Tournière avait auparavant collaboré aux travaux de Duhamel du Monceau :
M. de Tournière, qui s'occupe agréablement des recherches de physique qui peuvent être utiles aux arts, a remarqué que cette couleur fauve [de la garance] est moins adhérente aux fils des étoffes, que le rouge ; ce qui est prouvé par les bons effets que produisent les lessives et l'avivage, qui embellissent considérablement le rouge de la garance, en détruisent le fauve qui l'altérait. La rosée et le soleil produisent le même effet sur les fils teints avec la garance qu'on expose sur le pré.
M. de Tournière a encore remarqué que ces molécules rouges, si solides sur les étoffes, sont beaucoup plus délicates dans la racine même qui contient un mucilage auquel elles paraissent appartenir ou devoir leur conservation ; car la garance fraîche contient beaucoup d'humidité, principalement dans son écorce, qui renferme plus de molécules rouges que le reste. Pour empêcher la fermentation, on est obligé de la dessécher au point qu'elle perd plus des trois cinquièmes de son poids ; alors elle n'est qu'en partie desséchée, car elle plie avant de rompre, elle s'écrase sous le pilon au lieu de se réduire en poudre ; la poudre, onctueuse au toucher, se pelote aisément ; en vieillissant, elle perd cette humidité, mais aussi la qualité des molécules rouges diminue, et elle fournit une couleur moins belle (Duhamel du Monceau 57a, pp. 24-25, souvent repris en substance, comme dans (Duhamel du Monceau 62b, vol. 2, p. 312), (Duhamel du Monceau 65, pp. 60-61), avec discussion dans (Duhamel du Monceau 79, vol. 2, pp. 362-366), dans l'article « Garance. Art de la » de l'Encyclopédie méthodique (Arts et métiers mécanique, vol. 3, p. 134) etc.). Il est l'auteur de quelques rapports académiques, dont un avec Macquer (sur la craye par Dutour [(
Tour 68a)]) du 27 février 1762 (
PV 1762, 81-82r), un avec Camus et Deparcieux (sur un fusil à six coups présenté par Bourrier) du 19 mai 1762 (
PV 1762, ff. 202r-204r), un avec Camus et Deparcieux (sur une pendule de M. Millot) le 26 mai 1762 (
PV 1762, ff. 210v-211), un avec de Fougeroux (sur un fusil présenté par le sieur Challier) le 23 juin 1762 (
PV 1762, f. 227v), un avec Baron (sur la décomposition du tartre vitriolé par l'acide nitreux par Baumé) le 5 mars 1763 (
PV 1763, ff. 6v, 55, 57r), un avec Macquer (sur une matière saline proposée pour suppléer au borax) du 27 avril 1763 (
PV 1763, f. 189) (cf. aussi 14 décembre,
PV 1763, ff. 369-370r), un avec Camus et Deparcieux (sur une répétition du sieur Millot) du 6 février 1765 (
PV 1765, f. 61-62r), un avec Deparcieux (sur les changements à faire aux grosses voitures, par de Bernière) (
PV 1765, ff. 125-126), un avec Duhamel du Monceau (sur un fourneau à affiner le cuivre de Jars) du 19 mars 1766 (
PV 1766, ff. 85v-97r), un autre avec Duhamel du Monceau (sur l'art du paulmier raquetier par le chevalier de Garsault) du 2 août 1766 (
PV 1766, ff. 264r-266r), un avec Macquer (sur un procédé des Anglais pour convertir le plomb en minim de Jars) le 27avril 1768 (
PV 1768, ff. 68r-69r), un avec de Montigny, Fougeroux et Macquer (à propos d'une fabrique de platerie de Gournay et Micalef) du 9 juillet 1768 (
PV 1768, ff. 156v-159) et un avec Duhamel du Monceau du 11 mars 1772 (sur un mémoire de d'Angenoust et Wendel rendant compte d'un voyage dans différentes forges) à la suite duquel il s'offre avec son co-auteur et Desmarets de rédiger un nouvel « Art de convertir le fer en acier » (
PV 1772, ff. 92-94r).
Il meurt le 21 mai 1772 :
L'Academie a apprit la mort de M. de Tourniere arrivée le 21 (PV 1772, 23 mai, f. 173v). Il est enterré le 22 :
Enterrements […] Du 22 [mai 1772]. M. Ch. Penot de Tournière, payeur honoraire des rentes, trésorier du barrage et pavé de Paris, et membre de l'Académie royale des sciences, décédé rue du sentier. À S[aint] Eustache (Affiches, annonces et avis divers, 1 juin 1772, p. 488). De Tournière possédait dans sa bibliothèque un exemplaire de (
Clairaut 31) (cf.
14 juin 1730 (1)), de
C. 1 (cf.
16 juillet 1729 (1)), de
C. 29 (cf.
13 décembre 1741 (1)), de
C. 31 (cf.
4 août 1745 (1)) et de
C. 50 (cf.
20 décembre 1745 (1)).
De Tournière selon Birembaut :
Suivant la mode du temps Ch. Penot avait orné son nom roturier d'une aigrette rappelant qu'il était originaire du village normand de Tournières (dont les registres paroissiaux présentent une lacune pour les années 1692 à 1733) ou qu'il possédait ailleurs une terre de ce nom. En réalité Charles Penot de Tournière était écuyer, de même que son frère aîné François Penot de Tournière de La Cossière, receveur général des finances de la généralité de La Rochelle en 1724 (Arch. nat., Y 14 227 ; Bibl. nat., Manuscrits, Pièce originale 2 230). Sa principale activité scientifique a consisté à seconder Clairaut dans l'étude de l'achromatisme (Birembaut 56). Selon Vitu :
Le marquis de Vallière eut une fille et deux fils. Sa fille Marguerite épousa Charles Penot de Tournière de La Cossière, écuyer, payeur des rentes de l'Hôtel-de-Ville, qui habitait avec son beau-père rue Richelieu. Après la mort du marquis de Vallière, M. et Mme de Tournière prirent un hôtel à eux rue du Sentier. M. de Tournière, qui était devenu comme son beau-père associé libre de l'Académie des Sciences, mourut le 21 mai 1772, à cinquante-quatre ans, et Mme de Tournière le 11 avril 1788, à soixante-dix ans. Ils avaient eu un fils connu sous le nom de M. de La Cossière qui, pourvu en 1743 de l'office de trésorier-général du barrage et de l'entretenement du pavé de Paris, mourut jeune, et fut remplacé dans sa charge en 1750 par son oncle Gratien Drouilhet.
M. de Tournière avait deux sœurs, l'une Charlotte-Émilie, qui mourut le 27 mars 1746 à vingt-six ans, épouse de Pierre Maréchal, receveur-général des domaines et bois de la généralité de Metz, et l'autre Marie-Françoise, morte le 3 mars 1792 à soixante-seize ans, veuve de Gratien Drouilhet, receveur-général de La Rochelle, et en deuxièmes noces de Léon Picot sieur de Cheneteau, mousquetaire du Roi, puis capitaine de cavalerie (Vitu 83, p. 414).