Charles François Gouverneur de Létang (ou de L'Étang, de Lestang, de L'Estang...) est un fabricant d'instruments amateur à qui Clairaut doit son « premier encouragement en optique ».

Clairaut collabore également en ce domaine avec de Tournière (cf. Tournière), George (cf. George) puis Antheaulme (cf. Antheaulme), Passemant travaillant parallèlement (cf. 4 mai 1761(1)).

De Létang termine une lunette de cinq pieds (après une de deux pieds ?) selon les principes de Clairaut en juillet 1761 (cf. 23 juillet 1761 (1), 19 juin [1761]).

C'est probablement une lunette de de Létang que testent le duc de Chaulnes et le cardinal de Luynes (cf. 24 mars 1762 (2)).

Clairaut ne paye rien pour ces objectifs à trois lentilles faites par de Létang, le plus habile des artistes connus de Clairaut, le seul qui ait réussi dans la construction à trois lentilles (1 janvier 1762 (1)).

Clairaut est plus content des lunettes de l'amateur de Létang que du professionnel George (cf. 4 août 1762 (1)).

De Létang habite rue de Seine, et est invité par Clairaut au Roule pour y monter toutes les lunettes, même la grande (cf. [c. 1762]).

C'est probablement une lunette de de Létang que promet Clairaut au prélat ami de Boscovich (cf. 8 mai 1763 (1)).

De Létang est meilleur que George mais il travaille plus lentement et n'a exécuté que cinq ou six lunettes en deux ans. C'est lui qui a le premier réussi une lunette à double objectif en France (cf. 28 juillet 1763 (1)).

Clairaut demande à de Létang de rédiger (Létang 94) (cf. 13 octobre 1763 (1)) et le fait parvenir à Daniel Bernoulli (cf. 27 décembre 1763 (1)).

De Létang est décidément meilleur que George et a fait une excellent lunette de cinq pieds (cf. 15 janvier 1764 (1)).

Clairaut lui rend hommage dans C. 60 (cf. 17 mars 1764 (1)).

Le cardinal de Luynes observe l'éclipse de Lune du 17 mars 1764 avec une lunette de de Létang construite sur les principes de Clairaut (cf. 17 mars 1764 (2)).

De Létang a des objectifs de trois et cinq pieds et se prépare à travailler sur de plus longs (cf. Avril 1764 (1)).

Il termine en janvier 1765 une lunette de huit pieds qui surpasse celle de Antheaulme (cf. 21 janvier 1765 (1))

De Létang est un correspondant du duc de Croÿ (cf. 2 mars 1765 (1)).

Le duc de Chaulnes fixent sur son demi-cercle astronomique deux lunettes de deux pieds et demi construites par de Létang sur les principes de Clairaut (cf. 23 mars 1765 (1)).

Les lunettes de de Létang sont connues jusqu'à Berlin (cf. 3 novembre 1768 (1)).

L'abbé Bourriot a des dimensions que lui a données Antheaulme qui sont originellement celles de Clairaut rectifiées par de Létang (cf. 4 juillet 1770 (1)).

Les lunettes à triple objectifs de de Létang construites d'après les principes de Clairaut réussirent très bien (cf. 1 avril 1761 (2)).

De Bory observe le passage de Vénus du 3 juin 1769 avec une lunette achromatique de cinq pieds de de Létang (Fouchy 69b).

Le président Bochard de Saron possédait une lunette de de Létang (1 avril 1761 (2)).

Le 6 octobre 1773, de Létang apporte une lunette achromatique de 12 pieds qu'il vient d'achever pour Maraldi et qui fait un excellent effet (Cassini 74).

Messier observe avec des lunettes de de Létang : une « excellente » lunette achromatique à double objectif de cinq pieds de foyer appartenant au président de [Saron], une à triple objectif de trois pieds de foyer appartenant au ministre Bertin, une de trois pieds et demi qui appartient à Baudoin, maître des requêtes (Messier 72, Messier 74b, Messier 76).

Méchain a chez lui une bonne lunette achromatique de de Létang (Lalande 78).

D'Arquier possédait une lunette achromatique de trois pieds de de Létang associée à son « instrument des passages » (lunette méridienne) (Darquier 77, p. vii).

La ville de Toulouse, par le biais de Riquet de Bonrepos, possédait deux lunettes achromatiques de de Létang associées à un quart de cercle (Darquier 77, p. viii).

Garipuy avait dans son observatoire une machine parallactique portant une lunette de cinq pieds et demi de de Létang, et deux lunettes à objectif triple, l'une de trois pieds, l'autre de deux (Anonyme 82).

De Croÿ, en février 1765 :
Je suivis la découverte des lunettes achromatiques, j'en pris une de neuf pieds de Létang, et à la fin de février, ayant comparé les trois meilleures chez le duc de Chaulnes, nous vîmes tout ce qu'on pouvait désirer à Saturne, Jupiter et la Lune. Celle de M. Antheaulme, surtout, était excellente, et, avec neuf pieds de long, faisait l'effet de celles de quarante pieds (Croÿ-Solre 04-06, vol. 3, p. 150).

Jean III Bernoulli, du 27 juillet 1769 :
Il y a trois amateurs à Paris qui s'occupent à faire des lunettes achromatiques et qui par cela même qu'ils sont amateurs et non pas artiste de profession, travaillent avec un soin infini à ne rien laisser à désirer dans leurs ouvrages ; je parle de M. l'abbé Bouriot, de MM. Anthéaume [Antheaulme] et de L'Etang ; un succès parfait a dédommagé ces messieurs de leur patience, et comme ils sont fort diligents, des amis auxquels ils ont cédé de leurs ouvrages ont déjà profité de leurs travaux ; j'ai entendu parlé de lunettes de 10 à 12 pieds, de leur façon, et j'en ai vu moi-même, qui ne cèdent en rien à celle de Dollond » (Bernoulli 71b, p. 172-173).

Le 4 juin 1787 :
J'ai recû de Monsieur Tillet trezorier de l'Academie royale des sciences la somme de quatre cent quatre vingt huit livres pour une lunette acromatique a objectif double de cinq pieds de foyer et de trois pouces d'ouverture avec sa monture en cuivre, son tuyau et son pied. Dont quittance a Paris le 4 juin mil sept cent quatre vingt sept L'Estang (AAS, Dossiers Lavoisier, 1165).

De Létang selon Daumas :
De l'Étang [ou Antheaulme p. 206, voire George p. 351 !] fut le premier à réaliser en France un objectif achromatique. […] Il avait fabriqué plusieurs objectifs d'après les calculs de Clairaut lorsque les premiers objectifs achromatiques vendus par Dollond arrivèrent à Paris. Clairaut et La Caille l'engagèrent à en réaliser un lui-même et il y réussit pleinement ; par la suite il en fabriqua autant que le lui permit le faible approvisionnement en flint et les vendit sans difficultés aux savants français [Arc[hives de l'] Ac[adémie des] sc[iences], Dossiers Lavoisier, cote 1165 : un reçu du 4 juin 1787, signé de L'Estang, de 480 livres pour une lunette achromatique à objectif double de 5 pieds de foyer et 3 pouces d'ouverture faite pour l'Académie NDA.] Un rapport de Cousin et de Lagrange fait en 1795 dit : Lestang n'a fait que des lunettes propres à l'astronomie ; et ces sortes de d'ouvrages qui demandaient beaucoup de temps et de travail n'enrichissaient pas les artistes. Aussi Lestang a-t-il toujours été pauvre ; et à l'âge de 73 ans, il n'a eu d'autre récompense que l'estime et la reconnaissance des opticiens qui ont eu occasion de le consulter... depuis 1760, il a servi de guide à nos artistes les plus estimés... » [Arch[ives] CNAM P-140 Le certificat délivré par l'administration départementale dit que Charles François Gouverneur L'Etang demeurait rue Colombier, n° 1341 […] NDA]. Mais il a dû attendre un âge avancé pour être inscrit pour une récompense nationale de 10 000 livres que la dévaluation de la monnaie transformait alors en faible secours (Daumas 53, p. 354).