On procede à l'élection de la place d'honoraire vacante par la mort de M. l'abbé Bignon. M. Trudaine obtient l'unanimité des voix (PV 1743, p. 203).
Daniel-Charles Trudaine (1703-1769) sera agréé par le Roi via une lettre de Maurepas du 8 qui sera lue à l'Académie le 27 (PV 1743, p. 207 ; (Fouchy 69a)). En 1744, [vice-président de l'Académie] alors que Clairaut en est le directeur, il supervise l'élection de Buffon comme trésorier (cf. 21 janvier 1744 (1)) et préside l'assemblée publique d'après Pâques (cf. 15 avril 1744 (1)). Clairaut et Trudaine sont tous deux membres du comité de librairie en 1744 (cf. 11 janvier 1744 (1)), 1760 (cf. 26 janvier 1760 (1)) et 1761 (cf. 7 janvier 1761 (2)). Clairaut annonce sa nomination comme président à Jacquier le 10 janvier 1745 (cf. 10 janvier 1745 (1)). Trudaine est à l'origine de l'École des Ponts-et-Chaussées où C. 31 fut utilisé (cf. 14 février 1747 (1)). C'est un ami commun de Clairaut et Cramer (cf. 11 mai 1748 (1), 2 février 1750 (1)). Clairaut est chargé par l'Académie de lui adresser des condoléances (cf. 14 décembre 1748 (1)). Par son biais, Clairaut adresse C. 45 à l'Académie de Toulouse (cf. 10 janvier 1750 (1)). Clairaut a fait plusieurs séjours chez Trudaine à Montigny (cf. 26 septembre 1751 (2)). Clairaut a enseigné les mathématiques à son fils Jean-Charles-Philibert Trudaine (1733-1777), dit Trudaine de Montigny : M. [Jean-Charles-Philibert] Trudaine se livra donc à des études abstraites et épineuses, dans un âge où avec ses espérances et sa fortune, la plupart des jeunes gens auraient été trop heureux de trouver le préjugé d'accord avec leur paresse ou avec leurs passions, et de pouvoir dire que les sciences étaient inutiles. M. Clairaut fut son maître dans les mathématiques : M. Trudaine étudia avec lui tout ce qui était connu alors, tout ce qui était difficile même pour les géomètres ; leur union dura autant que la vie de M. Clairaut. Le magistrat riche, accrédité, s'honora toujours d'avoir l'homme de génie pour maître et pour ami. Après la mort de cet illustre académicien, tout ce qui lui avait été cher trouva un appui zélé, et par une manière de voir trop rare dans un homme en place, il ne crut jamais s'être acquitté envers M. Clairaut, dont il avait reçu les lumières utiles, et à qui il n'avait donné que de la fortune (Condorcet 77c). Clairaut est chargé par l'Académie de complimenter Trudaine sur le mariage de ce fils (cf. 24 mars 1756 (1)). Tout comme Clairaut, Trudaine de Montigny avait été souscripteur de (Clément 54) (cf. 10 mars 1748 (1)). Boscovich est une de leurs amis communs (cf. 18 mars 1760 (1), 17 [novembre] 1762, 23 février 1763 (2), 8 mai 1763 (1), 15 janvier 1764 (2), 19 juillet 1764 (1)), de même que Morellet (cf. 1761 (2)). Trudaine de Montigny est une grand ami de la petite amie de Clairaut (cf. [c. juin] 1757 (2)). Ferner voit Trudaine [de Montigny] chez Clairaut (cf. 12 novembre 1760 (2)], 6 avril 1761 (1)), de même que le comte Joseph Teleki (cf. 12 novembre 1760 (1)). Clairaut fait passer deux exemplaires de C. 53 pour Daniel et Jean II Bernoulli par le canal de Trudaine (cf. 1 janvier 1762 (1)). En son absence, Clairaut conseille le marquis d'Ussé et lui plaide la cause de son ami (cf. [c. 26 août 1764]). En 1765, Trudaine de Montigny est vice-président de l'Académie quand Clairaut en est sous-directeur (cf. 14 décembre 1764 (1), 9 janvier 1765 (1)), et sont donc tous deux membres du comité de librairie (cf. 9 janvier 1765 (2)). Chargé par l'Académie d'aller voir Clairaut à l'agonie (cf. 15 mai 1765 (1)), Trudaine de Montigny assiste son ami dans ses derniers jours (cf. [c. juin] 1766 (1), [c. juin] 1766 (2)). Trudaine de Montigny assiste au service de Clairaut (cf. 18 mai 1765 (2)). Grâce à lui, la sœur de Clairaut bénéficie d'une pension du Roi (cf. [c. 1 octobre] 1765). Trudaine de Montigny organise un prix sur l'un des derniers sujets de recherche de Clairaut (cf. 25 juin 1766 (1)). Les bibliothèques de Trudaine de Montigny et de l'un des fils contenaient un exemplaire de C. 51 (cf. 8 août 1759 (1)). Les Trudaine sont étudiés dans (Choullier 83), (Andrieux 22), (Delorme 50)... De Croÿ, le [19 mars 1756] : J'allais, tous les mardis, souper chez M. le duc de Chaulnes, où était toujours l'abbé de Boismont, qui préchait alors à Versailles, ce qui faisait du bruit. D'ailleurs c'était pour moi un souper de savant, comme les dîners du jeudi de M. de Trudaine qui m'amusaient, entendant mieux leur langage que celui de ce qu'on appelle le beau monde(Croÿ-Solre 04-06, vol. 2, p. 61). Trudaine de Montigny selon Morellet : Monsieur Trudaine de Montigny, avec moins de qualités et un caractère moins ferme que son père, trop paresseux, trop dissipé, voulant un peu plus et un peu mieux qu'il ne pouvait, n'en était pasm oins un homme estimable et bon, éclairé, juste, ami du bien : car son amitié m'a été douce, et je lui ai dû la petite fortune qui m'a fait passer agréablement la plus grande partie de ma vie (Morellet 88, p. 65).
C. 45 : Clairaut (Alexis-Claude), « Nouvelle théorie de la figure de la Terre où l'on concilie les mesures actuelles avec le principe de la gravitation universelle », Pièces qui ont remporté le prix de l'Académie royale des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse, depuis 1747, jusqu'en 1750, Toulouse, 1758 [9 janvier 1750 (1)] [12 mars 1740 (1)] [13 décembre 1741 (1)] [Plus].
C. 51 : Clairaut (Alexis-Claude), Théorie du mouvement des comètes, dans lesquelles on a égard aux altérations que leurs orbites éprouvent par l'action des planètes. Avec l'application de cette théorie à la comète qui a été observée dans les années 1534, 1607, 1682 et 1759, Paris, Michel Lambert, s. d. [1760] [Télécharger] [8 août 1759 (1)] [(1 juillet) 20 juin [1731]] [Plus].
C. 53 : Clairaut (Alexis-Claude), « Lettre de M. Clairaut à MM. les Auteurs du Journal des sçavans », Journal des sçavans, décembre 1761, pp. 837-848 [Télécharger] [[c. décembre] 1761] [12 mars 1740 (1)] [Plus].
HARS 17.. : Histoire de l'Académie royale des sciences [de Paris] pour l'année 17.., avec les mémoires...
PV : Procès-Verbaux, Archives de l'Académie des sciences, Paris.
Références
Andrieux (Charles, capitaine), Trudaine: sa vie, son œuvre, ses idées, Clermont-Ferrand, 1922.
Choullier (Ernest), « Les Trudaine », Revue de Champagne et de Brie, 15 (1883) 12-16, 97-103, 285-293 [Télécharger] [26 septembre 1751 (2)].
Clément (Pierre), Les cinq années littéraires, 4 vol., La Haye, 1754 [10 mars 1748 (1)] [Plus].
Condorcet (Jean-Antoine-Nicolas de Caritat, marquis de), « Éloge de M. Trudaine », HARS 1777, Hist., pp. 79-93 [Télécharger].
Croÿ-Solre (Emmanuel de), Journal de cour, L. Sortais éd., 6 vol., Paleo, 2004-2006 [12 mai 1753 (2)] [Plus].
Delorme (Suzanne), « Une famille de grands commis de l'état... les Trudaine », Revue d'histoire des sciences, 3 (1950) 101-109 [Télécharger] [26 septembre 1751 (2)].
Fouchy (Jean-Paul Grandjean de), Trudaine de Montigny (Jean-Charles-Philibert), « Éloge de M. Trudaine », HARS 1769, Hist., pp. 135-150 [Télécharger] [26 septembre 1751 (2)].
Courcelle (Olivier), « 6 avril 1743 (1) : Clairaut vote », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n6avril1743po1pf.html [Notice publiée le 11 février 2010, mise à jour le 21 mars 2011].
M. [Jean-Charles-Philibert] Trudaine se livra donc à des études abstraites et épineuses, dans un âge où avec ses espérances et sa fortune, la plupart des jeunes gens auraient été trop heureux de trouver le préjugé d'accord avec leur paresse ou avec leurs passions, et de pouvoir dire que les sciences étaient inutiles. M. Clairaut fut son maître dans les mathématiques : M. Trudaine étudia avec lui tout ce qui était connu alors, tout ce qui était difficile même pour les géomètres ; leur union dura autant que la vie de M. Clairaut. Le magistrat riche, accrédité, s'honora toujours d'avoir l'homme de génie pour maître et pour ami. Après la mort de cet illustre académicien, tout ce qui lui avait été cher trouva un appui zélé, et par une manière de voir trop rare dans un homme en place, il ne crut jamais s'être acquitté envers M. Clairaut, dont il avait reçu les lumières utiles, et à qui il n'avait donné que de la fortune (Condorcet 77c). Clairaut est chargé par l'Académie de complimenter Trudaine sur le mariage de ce fils (cf. 24 mars 1756 (1)). Tout comme Clairaut, Trudaine de Montigny avait été souscripteur de (Clément 54) (cf. 10 mars 1748 (1)). Boscovich est une de leurs amis communs (cf. 18 mars 1760 (1), 17 [novembre] 1762, 23 février 1763 (2), 8 mai 1763 (1), 15 janvier 1764 (2), 19 juillet 1764 (1)), de même que Morellet (cf. 1761 (2)). Trudaine de Montigny est une grand ami de la petite amie de Clairaut (cf. [c. juin] 1757 (2)). Ferner voit Trudaine [de Montigny] chez Clairaut (cf. 12 novembre 1760 (2)], 6 avril 1761 (1)), de même que le comte Joseph Teleki (cf. 12 novembre 1760 (1)). Clairaut fait passer deux exemplaires de C. 53 pour Daniel et Jean II Bernoulli par le canal de Trudaine (cf. 1 janvier 1762 (1)). En son absence, Clairaut conseille le marquis d'Ussé et lui plaide la cause de son ami (cf. [c. 26 août 1764]). En 1765, Trudaine de Montigny est vice-président de l'Académie quand Clairaut en est sous-directeur (cf. 14 décembre 1764 (1), 9 janvier 1765 (1)), et sont donc tous deux membres du comité de librairie (cf. 9 janvier 1765 (2)). Chargé par l'Académie d'aller voir Clairaut à l'agonie (cf. 15 mai 1765 (1)), Trudaine de Montigny assiste son ami dans ses derniers jours (cf. [c. juin] 1766 (1), [c. juin] 1766 (2)). Trudaine de Montigny assiste au service de Clairaut (cf. 18 mai 1765 (2)). Grâce à lui, la sœur de Clairaut bénéficie d'une pension du Roi (cf. [c. 1 octobre] 1765). Trudaine de Montigny organise un prix sur l'un des derniers sujets de recherche de Clairaut (cf. 25 juin 1766 (1)). Les bibliothèques de Trudaine de Montigny et de l'un des fils contenaient un exemplaire de C. 51 (cf. 8 août 1759 (1)). Les Trudaine sont étudiés dans (Choullier 83), (Andrieux 22), (Delorme 50)... De Croÿ, le [19 mars 1756] :
J'allais, tous les mardis, souper chez M. le duc de Chaulnes, où était toujours l'abbé de Boismont, qui préchait alors à Versailles, ce qui faisait du bruit. D'ailleurs c'était pour moi un souper de savant, comme les dîners du jeudi de M. de Trudaine qui m'amusaient, entendant mieux leur langage que celui de ce qu'on appelle le beau monde(Croÿ-Solre 04-06, vol. 2, p. 61). Trudaine de Montigny selon Morellet :
Monsieur Trudaine de Montigny, avec moins de qualités et un caractère moins ferme que son père, trop paresseux, trop dissipé, voulant un peu plus et un peu mieux qu'il ne pouvait, n'en était pasm oins un homme estimable et bon, éclairé, juste, ami du bien : car son amitié m'a été douce, et je lui ai dû la petite fortune qui m'a fait passer agréablement la plus grande partie de ma vie (Morellet 88, p. 65).