Clairaut séjourne au moins deux fois à Montigny, en 1751 (cf. 26 septembre 1751 (1)) et en 1753 (cf. 7 octobre 1753 (1)). La seconde fois, il doit être en compagnie de Mme Dupré de Saint-Maur et de Réaumur, selon ce que ce dernier, de retour à Paris, écrit à Tremblay : Une de ces campagnes [où Réaumur a été récemment], comme vous l'avez pensé, a été Montigny. Là, une de vos lettres ne m'eût pas fait plaisir à moi seul. Mme du Pré et M. [Daniel-Charles] Trudaine en eussent pris leur part (Tremblay 43, p. 374). Le château de Montigny, résidence de [Daniel-Charles puis] Jean-Charles-Philibert Trudaine de Montigny (1733-1777) est aujourd'hui à Montigny-Lencoup à mi-chemin de Provins et Fontainebleau. On en trouve une description en mai 1757 dans (Helvétius 81-04, l. 225) (Helvétius 81-04, l. 196, 253). Montigny y reçut ses amis Malesherbes, Turgot Montesquieu, Diderot, Lavoisier et Clairaut. Il avait fait construire un laboratoire où ses amis de l'Académie des sciences venaient travailler comme Lavoisier en 1774 (Delorme 50). Grandjean de Fouchy : [Daniel-Charles Trudaine] affectionnait surtout sa terre de Montigny, qu'il a passé beaucoup de temps à améliorer et à embellir (Fouchy 69a). Choullier : En 1803, eut lieu à Paris, à la requête de M. de Courbeton jeune, frère de Mme Trudaine, la vente du mobilier du château de Montigny. Sur le catalogue de la bibliothèque dressé par Bl[e]uet, libraire, [(Trudaine 03)] figurait le fameux manuscrit des Historiettes de Tallement des Réaux ; il y était ainsi désigné sous le numéro 1677 : « Recueil de pièces intéressantes pour servir à l'histoire de France sous Henri IV et Louis XlII, in- fol. vol. » Cette désignation était suivie d'une note : « Manuscrit sur papier contenant sept cent quatre-vingt-dix-huit pages ; Recueil rempli de faits curieux et peu connus et accompagné d'une table des matières. » Ce manuscrit, conservé depuis près d'un siècle dans les archives de Monligny, avait été légué, en 1718, par Élisabeth de Rambouillet de la Sablière, veuve de Gédéon Tallement des Réaux, à son exécuteur testamentaire, Charles Trudaine, conseiller d'État, époux de Renée-Madeleine de Rambouillet, sa petite-nièce. Il fut acquis à vil prix par M. de Châteaugiron qui le publia, trente ans plus tard, avec l'aide de MM. Moumerqué et Taschereau, Paris, 1833-1835, 6 vol. in-8°. La riche et remarquable collection d histoire naturelle et d'instruments de physique formée par Philibert Trudaine avait été donnée par MMe Trudaine à l'abbé Sieyès, l'un des amis de son mari. Madame d'Invau, décédée en 1811, laissa sa terre de Montigny à sa file adoptive, Élisabeth-Françoise Bouvard de Fourqueux. Cette dernière, fille naturelle de Trudaine de la Sablière et d'une demoiselle de La Luz..., avait épousé le comte de Balivière, officier supérieur de cavalerie. En 1822, Mme de Balivière, devenue veuve, vendit cette terre au comte anglais Georges de Stacpoole, moyennant la somme de 1,566,000 francs. (Acte Delacour, notaire à Paris, du 27 avril 1822). Après avoir été possédé ensuite par sou fils, Richard-Fitz-Georges, duc de Stacpoole, le château de Montigny fut vendu en 1852, à une société de spéculateurs qui le démolirent afin de tirer profit des matériaux. Du magnifique château construit par Daniel Trudaine, il ne reste plus aujourd'hui que les débris d'un pont qui donnait accès sur la cour d'honneur, les caves et les soubassements d'un ancien pavillon d'angle. Seul, le cèdre du Liban, présent de Bernard de Jussieu, se dresse encore majestueusement et semble avoir survécu à tant de ruines pour rappeler le souvenir de ces excellents seigneurs qui, de génération eu génération, marquèrent leur passage par de nombreux bienfaits. Le cèdre de Montigny l'emporte de beaucoup sur celui du Jardin des Plantes de Paris, « son frère jumeau » [Choullier donne ensuite la liste complète des héritiers] (Choullier 83).
Abréviations
HARS 17.. : Histoire de l'Académie royale des sciences [de Paris] pour l'année 17.., avec les mémoires...
Choullier (Ernest), « Les Trudaine », Revue de Champagne et de Brie, 15 (1883) 12-16, 97-103, 285-293 [Télécharger] [6 avril 1743 (1)].
Delorme (Suzanne), « Une famille de grands commis de l'état... les Trudaine », Revue d'histoire des sciences, 3 (1950) 101-109 [Télécharger] [6 avril 1743 (1)].
Fouchy (Jean-Paul Grandjean de), Trudaine de Montigny (Jean-Charles-Philibert), « Éloge de M. Trudaine », HARS 1769, Hist., pp. 135-150 [Télécharger] [6 avril 1743 (1)].
Tremblay (Maurice), Correspondance inédite entre Réaumur et Abraham Tremblay, Genève, 1943.
Trudaine (Charle-Louis), Catalogue des livres et manuscrits précieux provenant de la bibliothèque de Ch. L. Trudaine, après le décès de Mme sa veuve, Paris, 1803 [Télécharger] [8 août 1759 (1)].
Courcelle (Olivier), « 26 septembre 1751 (2) : Clairaut à Montigny », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n26septembre1751po2pf.html [Notice publiée le 6 novembre 2010].
Une de ces campagnes [où Réaumur a été récemment], comme vous l'avez pensé, a été Montigny. Là, une de vos lettres ne m'eût pas fait plaisir à moi seul. Mme du Pré et M. [Daniel-Charles] Trudaine en eussent pris leur part (Tremblay 43, p. 374). Le château de Montigny, résidence de [Daniel-Charles puis] Jean-Charles-Philibert Trudaine de Montigny (1733-1777) est aujourd'hui à Montigny-Lencoup à mi-chemin de Provins et Fontainebleau. On en trouve une description en mai 1757 dans (Helvétius 81-04, l. 225) (Helvétius 81-04, l. 196, 253). Montigny y reçut ses amis Malesherbes, Turgot Montesquieu, Diderot, Lavoisier et Clairaut. Il avait fait construire un laboratoire où ses amis de l'Académie des sciences venaient travailler comme Lavoisier en 1774 (Delorme 50). Grandjean de Fouchy :
[Daniel-Charles Trudaine] affectionnait surtout sa terre de Montigny, qu'il a passé beaucoup de temps à améliorer et à embellir (Fouchy 69a). Choullier :
En 1803, eut lieu à Paris, à la requête de M. de Courbeton jeune, frère de Mme Trudaine, la vente du mobilier du château de Montigny. Sur le catalogue de la bibliothèque dressé par Bl[e]uet, libraire, [(Trudaine 03)] figurait le fameux manuscrit des Historiettes de Tallement des Réaux ; il y était ainsi désigné sous le numéro 1677 : « Recueil de pièces intéressantes pour servir à l'histoire de France sous Henri IV et Louis XlII, in- fol. vol. » Cette désignation était suivie d'une note : « Manuscrit sur papier contenant sept cent quatre-vingt-dix-huit pages ; Recueil rempli de faits curieux et peu connus et accompagné d'une table des matières. »
Ce manuscrit, conservé depuis près d'un siècle dans les archives de Monligny, avait été légué, en 1718, par Élisabeth de Rambouillet de la Sablière, veuve de Gédéon Tallement des Réaux, à son exécuteur testamentaire, Charles Trudaine, conseiller d'État, époux de Renée-Madeleine de Rambouillet, sa petite-nièce. Il fut acquis à vil prix par M. de Châteaugiron qui le publia, trente ans plus tard, avec l'aide de MM. Moumerqué et Taschereau, Paris, 1833-1835, 6 vol. in-8°.
La riche et remarquable collection d histoire naturelle et d'instruments de physique formée par Philibert Trudaine avait été donnée par MMe Trudaine à l'abbé Sieyès, l'un des amis de son mari.
Madame d'Invau, décédée en 1811, laissa sa terre de Montigny à sa file adoptive, Élisabeth-Françoise Bouvard de Fourqueux. Cette dernière, fille naturelle de Trudaine de la Sablière et d'une demoiselle de La Luz..., avait épousé le comte de Balivière, officier supérieur de cavalerie.
En 1822, Mme de Balivière, devenue veuve, vendit cette terre au comte anglais Georges de Stacpoole, moyennant la somme de 1,566,000 francs. (Acte Delacour, notaire à Paris, du 27 avril 1822).
Après avoir été possédé ensuite par sou fils, Richard-Fitz-Georges, duc de Stacpoole, le château de Montigny fut vendu en 1852, à une société de spéculateurs qui le démolirent afin de tirer profit des matériaux.
Du magnifique château construit par Daniel Trudaine, il ne reste plus aujourd'hui que les débris d'un pont qui donnait accès sur la cour d'honneur, les caves et les soubassements d'un ancien pavillon d'angle. Seul, le cèdre du Liban, présent de Bernard de Jussieu, se dresse encore majestueusement et semble avoir survécu à tant de ruines pour rappeler le souvenir de ces excellents seigneurs qui, de génération eu génération, marquèrent leur passage par de nombreux bienfaits. Le cèdre de Montigny l'emporte de beaucoup sur celui du Jardin des Plantes de Paris, « son frère jumeau » [Choullier donne ensuite la liste complète des héritiers] (Choullier 83).