1761. […] Après avoir prédit heureusement la comète de 1759 [cf. 15 novembre 1758 (1)], [Clairaut] travaillait alors sur d'autres comètes [!], et cherchait à en fixer le retour. Je n'entrerai pas dans la querelle qui s'éleva entre d'Alembert et lui [cf. 29 juillet 1739 (2)], ou plutôt entre les partisans de l'un et de l'autre, sur le succès de ce travail, que d'Alembert atténuait un peu, mais que les amis de Clairaut magnifiaient peut-être de leur côté. Comme je n'y entendais rien, j'étais charmé de n'avoir pas à me prononcer entre deux hommes que j'aimais et qui, à l'exception des géomètres qui se partagèrent, conservèrent leurs communs amis. Je dînais donc quelquefois chez Clairaut avec M. de Montigny et le chevalier de Chastellux, en sortant de chez d'Alembert, qui demeurait rue Michel-le-Comte, à deux pas de son antagoniste. Je faisais des chansons pour le géomètre et sa société. Je conserverai ici deux couplets, les seuls dont je me souvienne, et que j'ai retenus sans doute à cause de leur style astronomique et mathématique, fort peu propre à faire de la bonne poésie, mais qui nous divertissait chez un géomètre. Clairaut, emporté dans les cieux, Au plus haut de son apogée, Est moins admirable à mes yeux Qu'avec nous dans notre périgée. Il ne perd rien de mes respects, Lorsqu'en suivant ma théorie, Il substitue à ses y grecs Un moment de folie. Parmi des mondes inconnus Quand il a fourni sa carrière, On dit qu'il s'arrête à Vénus Avant de descendre à la Terre Mais l'amour y conduit ses pas Au lieu de la chaste Uranie, Et ce dieu ne calcule pas Les moments de folie (Morellet 88, pp. 124-125).
Mme du Boccage (cf. Mai 1759 (1)) et Dromgold (cf. 1759 (2)) ont aussi évoqué Clairaut et la comète dans des vers. En 1764, ayant déménagé rue Sainte-Avoye, Clairaut sera encore plus proche de d'Alembert (cf. 23 mai 1764 (2)).
Courcelle (Olivier), « 1761 (2) : Morellet compose », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n1761po2pf.html [Notice publiée le 3 septembre 2012].