Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


19 juillet 1764 (1) : Clairaut (Paris) écrit à Boscovich :
Paris, rue S[ain]te Avoye vis-à-vis la rue de Braque
19 juillet 1764

Mon Révérend Père,

Quoique mes torts avec vous soient très grands et que je doive commencer par vous en demander pardon, je ne suis cependant aussi criminel que je puis le paraître. Mon silence n'est pas dû seulement à une nonchalance (si ridicule auprès de votre vivacité), j'ai été retardé par une indisposition assez désagréable, et par une besogne presque aussi fâcheuse, celle de déménager et de m'arranger dans un nouveau logement [cf. 23 mai 1764 (2)]. Mon indisposition, qui consistait dans de fréquents éblouissements, m'empêchaient de lire ou de tenir la plume plus d'un quart d'heure de suite, ce qui me laissait si peu de temps pour les affaires courantes, que je suis trouvé très arriéré sur une infinité de choses et surtout dans mes correspondances. Quoiqu'il en soit, j'ai parcouru toutes vos recherches que j'ai toutes reçues en leur temps, avec toute la satisfaction possible [cf. 15 janvier 1764 (2)]. Je n'en ai cependant pas encore fait l'usage que vous indiquiez, mais je ne tarderais pas à me conformer à vos intentions [cf. [Novembre 1763]]. Quant à votre mémoire destiné au volume de l'institut de Bologne [(Boscovich 67) ? NDE], il me semble bien plus propre à avancer l'optique que le 3e vol[ume] des Opuscules de d'Alembert [(Alembert 61-80, vol. 3, cf. 11 juillet 1764 (1)] qui abonde en recherches analytiques, en formules bien longues, en considérations savantes, mais qui ne décèlent point du tout le génie propre à la physique ; cet ouvrage ne me parait pas être plus utile pour l'optique que la théorie de [la] Lune du même auteur ne l'a encore été aux astronomes. Ce que je trouve de bien singulier dans ce célèbre géomètre, c'est d'être toujours acharné à prendre les mêmes sujets que je traite, et toujours après moi, en s'occupant de me critiquer, de me généraliser etc. Toutes ces considérations me paraissent tomber sur des points non essentiels à la chose, et former que de petites cavillations.

Je serais bien charmé de pouvoir vous envoyer du cristal d'Angleterre. Mais il devient très rare ici, et j'ai donné le peu que j'avais aux opticiens qui en étaient le plus digne par leur habileté dans la pratique, [déchirure] de strass, du moins celui que j'avais employé [...] le pareil à Vienne. J'ai éprouvé beaucoup d'autres matières [...] de porcelaine et de faïence, qui ont bien la propriété d'une grande [...]. Mais aucune n'est pure. Ce que j'ai vu de meilleur en ce genre ([...] petits morceaux de strass exceptés) ce sont 5 ou 6 morceaux [...] de Venise [...] (brouillé maintenant avec les P. Hell et Liesganig) m'a envoyé [...] peu ce me semble de la vertu du strass et me paraissant assez, [...] entendent mieux l'art des fourneaux que nous. Il est [malheureux] que le verre mêlé de plomb soit si difficile à avoir beau, car nous pourrions employer beaucoup d'artistes aux nouvelles lunettes, et en se résolvant à manquer son coup souvent, on pourrait quelques fois avoir d'excellentes lunettes faites par des ouvriers médiocres. Car il n'y en a guère qui ne fassent de temps en temps d'excellentes lunettes simples ; en leur faisant donc répéter souvent celles de verre et de flint-glass, ils atteindraient quelquefois les vraies dimensions qu'on leur prescrirait et rendraient plus communes les lunettes en question qui sont encore extrêmement rares.

Adieu, mon très révérend et très respectable ami. Tous nos amis communs M. de Montigny [Trudaine de Montigny], Mme du Boccage etc. vous disent mille choses. Cl[airaut].

[Adresse] Italie. Au Révérend Révérend Père Boscovich à la maison des p[ères] jésuites à Milan (Taton 96).
Clairaut répond à une lettre perdue de Boscovich.

Il lui avait écrit déjà écrit le 24 février (cf. 24 février 1764 (1)).

Boscovich fait état de cette lettre à Conti (cf. 8 août 1764 (1)).

C'est la dernière pièce connue de la correspondance entre Clairaut et Boscovich.

La Condamine adresse les compliments de Clairaut à Boscovich le 23 décembre (cf. 23 décembre 1764 (1)).
Abréviation
  • NDE : Note de l'éditeur.
Références
Courcelle (Olivier), « 19 juillet 1764 (1) : Clairaut (Paris) écrit à Boscovich », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n19juillet1764po1pf.html [Notice publiée le 3 février 2012].