Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


5 septembre 1739 (2) : Les prix :
On a nommé selon la forme ordinaire 5 commissaires pour le prix de 1740, qui ont été M[essieu]rs de Mairan, Clairaut, Nicole, Reaumur et Pitot (PV 1739, f. 219v).

Gallica

Clairaut n'est pas à l'Académie (cf. 5 septembre 1739 (1)).

Le sujet du prix sur « Sur les causes physiques du flux et du reflux de la mer » avait été annoncé lors de l'assemblée publique du 16 avril 1738 (cf. 16 avril 1738 (1)).

Il avait été choisi par les commissaires du prix de 1738 (cf. Prix), c'est-à-dire Réaumur, Dortous de Mairan, Maupertuis, Camus et l'abbé de Bragelongne (PV 1737, 4 septembre, f. 185v).

Le 23 janvier 1740 :
La compagnie ayant déliberé sur une piéce envoyée de Petersbourg par M[onsieu]r Euler pour le prix de 1740, et que j'avois refusée, parce qu'elle n'etoit venuë qu'après le tems prescrit, elle a résolu de l'admettre au concours a cause de quelques circonstances particulières, et sans tirer à conséquence. Je l'ay cottée N° 20 (PV 1740, f. 15r).

Euler avait envoyé sa pièce envoyée dès le 14 juillet 1739, mais elle n'était arrivée que récemment à Paris en raison d'un long retard postal, soit bien après la date limite du 1er septembre 1739. La décision de l'Académie d'accepter la pièce d'Euler est prise à la suite d'une intervention de J. A. Korff, président de l'Académie de Saint-Pétersbourg, faite par l'intermédiaire de Cantemir, ambassadeur de Russie à Paris, auprès du comte de Maurepas et de Fontenelle (Juskevic 59-76, vol. 3, p. 125 ; Protokoly 97, vol. 1, pp. 598-599) (O IVA, 5, p. 80).

Daniel Bernoulli a envoyé une contribution dont Jallabert doit recevoir récépissé (cf. 5 août 1739 (2)).

Le prix est gagné par Antoine Cavalleri avec (Cavalleri 41), Daniel Bernoulli avec (Bernoulli 41), MacLaurin avec (MacLaurin 41) et Euler avec (Euler 41), ainsi que cela est annoncé lors de l'assemblée publique du 27 avril 1740 (cf. 27 avril 1740 (1)).

Les mémoires de Daniel Bernoulli, MacLaurin et Euler sont réédités dès 1742 dans l'édition des Principia de Newton par Le Seur et Jacquier (Jacquier 39-42, vol. 3, pp. 133-246, 247-282, 283-374).

Un abrégé du mémoire de Daniel Bernoulli se trouve dans C. 50 (C. 50, pp. 261-286).

Euler évoque sa pièce dans une lettre à Daniel Bernoulli (cf. (26) 15 septembre 1740).

Clairaut demande à Euler ce qu'il pense des pièces le 26 décembre 1740 (cf. 26 décembre 1740 (1)), mais son correspondant ne les a pas encore reçues (cf. 12 avril 1741 (2)).

Clairaut complimente MacLaurin pour sa contribution le 10 février [1741] et lui achète un exemplaire des pièces imprimées (cf. 22 avril 1744 (1)).

Daniel Bernoulli a reçu le recueil des pièces et l'évoque à Jallabert le 3 novembre 1741 (cf. 3 novembre 1741 (1)).

Maupertuis raconte le dessous des cartes le 2 novembre 1743 (cf. 2 novembre 1743 (1)).

Montucla :
Quoique Newton eut jeté les fondements solides de la théorie des marées, il avait encore laissé beaucoup à faire pour l'explication complète de ce phénomène. Ces raisons portèrent les géomètres, l'Académie des sciences, Clairaut, d'Alembert, Fontaine, Maupertuis [Réaumur, de Mairan, Maupertuis, Camus et l'abbé de Bragelongne !], à proposer, en 1738, ce sujet pour le prix de l'année 1740. Cette invitation donna naissance à trois excellentes pièces sur ce sujet, qui partagèrent le prix. Elles étaient de Daniel Bernoulli [(Bernoulli 41)], MacLaurin [(MacLaurin 41)] et Euler [(Euler 41)], qui employèrent tous trois des principes conformes à ceux de Newton. Elles sont dans le Recueil des prix de l'Académie, et dans le 3e volume de Newton, édition de Jacquier et le Seur [(Jacquier 39-42)]. Tous emploient l'attraction newtonienne, à cela près néanmoins que MM. Bernoulli et Euler font quelques efforts pour la réconcilier avec le système de l'impulsion ; mais ensuite faisant abstraction de toute modification, ils l'emploient comme fait et comme principe. Les commissaires de l'Académie jugèrent néanmoins devoir, apparemment pour montrer de l'impartialité ou par complaisance pour les vieux cartésiens de l'Académie, Fontenelle, Mairan, Cassini, Nollet, etc. faire partager le prix à une pièce du P. Cavalleri [(Cavalieri 41)], jésuite, qui est toute dans les principes des tourbillons cartésiens ; on ne peut guère disconvenir qu'elle ne soit ingénieuse ; mais c'est tout ce qu'on peut en dire. C'est un des derniers efforts de la physique cartésienne expirante (Montucla 99-02, volume 4., pp. 288-289).

Bossut :
La fidélité de l'histoire ne me permet pas taire que notre Académie, en couronnant ces trois belles pièces [de Daniel Bernoulli, MacLaurin et Euler pour le prix de 1740], leur en associa une quatrième, toute cartésienne, d'un jésuite appelé Cavaleri. Cette association fut tournée en ridicule par les Anglais, qui avaient déjà marqué de l'étonnement de ce que Fontenelle, dans l'éloge de Newton, avait osé lui comparer Descartes. Mais, pour parler ici raison, il faut connaître la manière dont l'Académie jugeait les pièces envoyées au concours. Ne pouvant porter ce jugement en corps, elle choisissait, parmi ceux de ces membres qui s'occupaient des matières de géométrie et de physique, cinq commissaires, auxquels elle conférait le pouvoir absolu et sans appel d'examiner les pièces, et de décerner le prix, ou de le remettre à une autre année. Or, ce choix, était un peu embarrassant dans le cas présent. Il est vrai que l'Académie possédait alors plusieurs savants géomètres, tels que Maupertuis, Fontaine, Nicole, Clairaut, Bouguer, Camus. Mais Bouguer était au Pérou, Fontaine passait presque entièrement sa vie à la campagne, et d'ailleurs il était comme étranger aux sciences physico-mathématiques, Maupertuis, par son caractère altier et impérieux, était exclus de presque tous les comités où il aurait pu donner des avis utiles, Camus ne s'occupait guère que de la mécanique. Dans cette pénurie, on nomma pour commissaires Réaumur, Mairan, Pitot, Nicole et Clairaut. Les trois premiers étaient des cartésiens invétérés, peu versés dans la géométrie transcendante, dont la connaissance approfondie était cependant nécessaire pour entendre Daniel Bernoulli, MacLaurin et Euler. Ils proposèrent d'admettre la pièce de Cavaleri au partage des prix, disant que le newtonianisme et le cartésianisme étaient des systèmes entre lesquels l'Académie ne devait pas prendre de parti. Nicole, qui craignait toujours quelque abus du calcul dans les matières de physique, penchait néanmoins à rejeter ce partage. Clairaut fut le seul qui s'y opposa fermement. Je lui ai entendu dire plusieurs fois qu'il avait fait les derniers efforts pour l'empêcher. La pluralité des voix prévalut. Si la pièce de Cavaleri ne méritait pas l'honneur qu'on lui accorda, elle avait du moins l'avantage d'exposer clairement les phénomènes des marées (Bossut 10, pp. 360-362).

Lalande évoque la pièce de MacLaurin avec C. 29 dans (Lalande 64a ; Lalande 92) (cf. 13 décembre 1741 (1)).

Clairaut est encore juge pour le prix de 1742 (cf. 6 septembre 1741 (1)).
Abréviations
Références
  • Bernoulli (Daniel), « Traité sur le flux et le reflux de la mer », Pièces qui ont remporté le prix de l'Académie royale des sciences en M DCC XL sur le flux et reflux de la mer, Paris, 1741, pp. 53-191, 2 pl [Télécharger] [5 août 1739 (2)] [Plus].
  • Bossut (Charles, abbé), Histoire générale des mathématiques, depuis leur origine jusqu'à l'année 1808, vol. 2, Paris, 1810 [Télécharger] [16 juillet 1729 (1)] [25 février 1733 (1)] [Plus].
  • Cavalleri (Antoine), « Dissertation sur la cause physique du flux et du reflux de la mer », Pièces qui ont remporté le prix de l'Académie royale des sciences en M DCC XL sur le flux et reflux de la mer, Paris, 1741, pp. 1-51, 1 pl [Télécharger] [27 avril 1740 (1)] [Plus].
  • Euler (Leonhard), « Inquisitio physica in causam fluxus ac refluxus maris », Pièces qui ont remporté le prix de l'Académie royale des sciences en M DCC. XL. sur le flux et reflux de la mer, Paris, 1741, pp. 235-350, 4 pl [Télécharger] [27 avril 1740 (1)] [Plus].
  • Euler (Leonhard), « Correspondance de Leonhard Euler avec A. C. Clairaut, J. d'Alembert et J. L. Lagrange », Leonhardi Euleri Opera Omnia, IV A, vol. 5, Ed. Juskevic A. P. et Taton R., Birkäuser, Basel, 1980 [4 mars 1739 (1)] [16 mai 1739 (1)] [Plus].
  • Jacquier (François), Le Seur (Thomas), Philosophiae naturalis principia mathematica, auctore Isaaco Newtono, 4 vol., Genève, 1739-1742 [[c. 1739]] [Plus].
  • Juskevic (A. P.), Winter (E.), Die Berliner und die Petersburger Akademie der Wissenschaften im Briefwechsel Leonhard Eulers, 3 vol., Berlin, 1959-1976 [(14) 3 février 1735] [Plus].
  • Lalande (Joseph Jérôme Le François de), Astronomie, 2 vol., Paris, 1764 [3 septembre 1735 (1)] [11 décembre 1737 (1)] [Plus].
  • Lalande (Joseph Jérôme Le François de), Astronomie, 3e éd., 3 vol., Paris, 1792 [11 décembre 1737 (1)] [24 juillet 1739 (1)] [Plus].
  • MacLaurin (Colin), « De causa physica fluxus et refluxus maris », Pièces qui ont remporté le prix de l'Académie royale des sciences en M DCC XL sur le flux et reflux de la mer, Paris, 1741, pp. 193-234, 2pl [Télécharger] [27 avril 1740 (1)] [Plus].
  • Montucla (Jean-Étienne), Lalande (Joseph Jérôme Le François), Histoire des mathématiques, nouv. éd., 4 vol., Paris, 1799-1802 [(1 juillet) 20 juin [1731]] [29 avril 1733 (1)] [Plus].
  • Protokoly (), Procès-Verbaux des séances de l'Académie impériale des sciences depuis sa fondation jusqu'à 1803, Saint-Pétersbourg, 1897 [(3 juin) 23 mai 1740] [Plus].
Courcelle (Olivier), « 5 septembre 1739 (2) : Les prix », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n5septembre1739po2pf.html [Notice publiée le 29 novembre 2010, mise à jour le 26 janvier 2012].