1810 (1) : Parution du portrait de Clairaut, par Bossut :
Clairaut suça, pour ainsi dire, la géométrie avec le lait. Fils d'un maître de mathématiques, il apprit rapidement de lui les éléments des sciences. À l'âge de seize ans, il publia un ouvrage intitulé Recherches sur les courbes à double courbure [C. 1], qui lui marqua dès lors une place distinguée parmi les grands géomètres. Deux ans après, l'Académie des sciences le reçut au nombre de ses membres [cf. 14 juillet 1731 (1)], dérogeant en sa faveur à l'usage où elle était de n'admettre dans son sein que des hommes d'un âge mûr. Ce choix, approuvé généralement, fut justifié par les profonds mémoires dont Clairaut enrichit les recueils de cette savante compagnie. En 1736, il fut envoyé en Laponie, avec Maupertuis, Camus, et Le Monnier, pour mesurer un arc de méridien terrestre [cf. 3 septembre 1735 (1)]. J'ai parlé de son Traité de la figure de la Terre [C. 29], et de ses Recherches sur le système du monde [C. 33, C. 39, C. 48] : sa haute réputation est principalement fondée sur ces ouvrages. Il avait le faible de presque tous les grands hommes : il aimait un peu trop la célébrité. Adroit à saisir tous les moyens de s'attirer des applaudissements, il dirigeait ordinairement ses recherches vers des objets dont un grand nombre de personnes pouvait apprécier sinon la théorie, du moins les résultats ; il travaillait ses ouvrages avec un extrême soin, et presque toujours il leur donnait toute la perfection dont ils étaient susceptibles. Ses éléments de géométrie [C. 21] et d'algèbre [C. 31] lui firent des panégyristes nombreux et zélés parmi les jeunes étudiants de ces sciences, flattés d'avoir pour guide un géomètre de premier ordre. Un caractère doux et liant, une grande politesse, une attention scrupuleuse à ne jamais blesser l'amour-propre d'autrui, lui donnèrent dans le grand monde une existence, une considération que le talent seul n'aurait pas obtenues. Par malheur pour les sciences, il se livra trop à l'empressement général qu'on avait de le connaître et de le posséder. Engagé à des soupers, à des veilles, entraîné par un goût vif pour les femmes, voulant allier le plaisir à ses travaux ordinaires, il perdit le repos, la santé, et enfin la vie à l'âge de cinquante-trois ans, quoique son excellente constitution physique parût lui promettre une bien plus longue carrière (Bossut 10, pp. 427-429).
C. 39 : Clairaut (Alexis-Claude), Théorie de la Lune déduite du seul principe de l'attraction réciproquement proportionelle (sic) aux quarrés des distances... Pièce qui a remporté le prix de l'Académie impériale des sciences de Saint Pétersbourg en 1750..., Saint-Pétersbourg, 1752, in-4°, 92 p [Télécharger] [6 décembre 1750 (1)] [Sans date (1)] [(7 novembre) 27 octobre 1737 (1)] [Plus].
Courcelle (Olivier), « 1810 (1) : Parution du portrait de Clairaut, par Bossut », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n1810po1pf.html [Notice publiée le 24 mai 2007, mise à jour le 1 mai 2010].