L'Académie ayant procedé suivant la forme ordinaire à l'election de cinq commissaires pour l'examen des pieces du prix de 1748, la pluralité des voix a été pour M[essieu]rs Camus, Clairaut, Bouguer, Le Monnier et d'Alembert (PV 1747, p. 487).
Le sujet du prix sur « une théorie de Saturne et de Jupiter par laquelle on puisse expliquer la cause physique des inégalités qu'on remarque dans les mouvemens de ces deux planetes, principalement dans le temps de leur conjonction » avait été proposé lors de l'assemblée publique du 20 avril 1746 (cf. 20 avril 1746 (1)). Six pièces ont été reçues : N° 1. Receu le 10 juillet 1747 une pièce francoise pour concourir au prix de 1748. Elle a pour devise Labor improbus omnia vincit. Je l'ay numerottee 1 et j'en ai envoyé un récépissé à M[onsieu]r Brakenhoffer, professeur de mathématique à Strasbourg [Daniel Bernoulli !]. N° 2. Receu le 27 juillet 1747 une pièce francoise pour concourir au prix de 1748. Elle a pour devise Regarde à toutes les oeuvres du souverain, elles sont accouplées deux à deux, l'une à l'opposite de l'autre. Je l'ay numerottée 2 et j'en ai donné un recepissé. N° 3. Receu le 12 juillet 1747 une pièce francoise pour concourir au prix de 1748. Elle a pour devise Ponderibus librata suis per inane profundum sydera quo vis alma trahit retrahit que sequuntur. Je l'ay numerottée 3 et j'en ai donné un récépissé [(Euler 49b)]. Receu le 30 juillet une addition à la piece N° 2. Je l'ay jointe à lad[ite] pièce. N° 4. Receu le 12 août 1747 une pièce francoise pour concourir au prix de 1748. Elle a pour devise Caeli enarrant gloriam Dei, et opera manuum eius annuntiat firmamentum. Je l'ay numerottée 4. N° 5. Receu le 23 août 1747 une pièce angloise pour concourir au prix de 1748. Elle a pour devise Remember man the universal cause acts not by partial but by general laws. Je l'ay numerottee 5 et j'en ai donné un recepissé. Elle avoit un billet cacheté. N° 6. Receu le 31 août 1747 une pièce francoise pour concourir au prix de 1748. Elle a pour devise Sic etiam gravium nec turtur sydera lege. Je l'ay numerottée 6 et j'en ai donné un recepissé. […] Le 30 mars 1748 il m'a été remis entre les mains une pièce francoise qui a pour devise Plus ultrà pour concourir au prix s'il etoit remis. Le même sujet ayant été proposé de nouveau, je l'ay retenuë et numerottée 1 de 1750 [Lesage] (AAS, Registre du prix de l'Académie royale des sciences, vol. 1, p. 6). La dernière pièce est de Lesage : [Le Sage] envoya d'abord une pièce faite à la hâte, qui arriva trop tard et ne put concourir [Elle fut remise par Romilly le 29 mars 1748, au secrétaire Fouchy, qui refusa de la recevoir NDA] [il en enverra une autre pour le prix de 1750 [cf. 6 septembre 1749 (2)] NDM]. [...] [[La première] portait pour épigraphe Plus ultra] (Prevost 05, pp. 58, 154). Clairaut avait annoncé le sujet du prix à Euler le 22 avril 1746 (cf. 22 avril 1746 (1)) et l'avait relancé le 24 mars 1747 (cf. 24 mars 1747 (1)). Euler avait confirmé sa participation le 10 juin (cf. 10 juin 1747 (1)), Clairaut s'en réjouissant le 3 septembre (cf. 3 septembre 1747 (1)). Jusqu'à ce 6 septembre, Clairaut n'a donc pas eu connaissance du mémoire d'Euler. Il prend la précaution de déposer C. 33c sous forme de pli cacheté, le même jour (cf. 6 septembre 1747 (2)), anticipant des accusations de Le Monnier (cf. 7 décembre 1747 (1)). Clairaut fait part part de son avis le 11 septembre (cf. 11 septembre 1747 (1)), auquel Euler répond le 30 septembre (cf. 30 septembre 1747 (1)), amenant une nouvelle réponse de Clairaut le 7 décembre (cf. 7 décembre 1747 (1)). Euler gagne le prix avec (Euler 49b), un anonyme obtenant un accessit, ainsi que cela est annoncé lors de l'assemblée publique du 24 avril 1748 (cf. 24 avril 1748 (1)). Une analyse attentive montre que l'anonyme est Daniel Bernoulli (O IVA, 5, p. 183). Daniel Bernoulli indique à Delisle qu'il a eu honte de sa production après avoir entendu tout ce que l'on disait de la pièce d'Euler, mais il se demande s'il ne doit pas changer d'avis (cf. 12 janvier 1749 (1)). Clairaut annonce à Euler sa victoire le 27 avril 1748 (cf. 27 avril 1748 (1)), qui s'attire les félicitations de Daniel Bernoulli (par anticipation) (cf. 15 mai 1748 (1)), de Delisle (cf. 24 mai 1748 (1)) et de d'Alembert qui précise que c'est surtout à Clairaut et plus encore à lui-même qu'Euler doit son prix (cf. 17 juin 1748 (1)), et qui a lu la pièce attentivement (cf. 30 mars 1750 (1)). Clairaut relit les épreuves de ce « chef d'œuvre » pour imprimeur et corrige le français d'Euler (cf. 19 juin 1749 (1)). Le 9 août 1749 : On a fait à la compagnie la distribution des pieces de prix pour l'année 1748 (PV 1749, p. 366). Le volume 6 du Recueil des pièces qui ont remporté les prix de l'Académie royale des sciences ne contient pas la pièce du prix pour 1748 bien qu'elle soit annoncée sur la page de titre. Dans l' « Avertissement » du volume 7 : En 1748, l'Académie adjugea le prix à la pièce de M. Euler sur les inégalités du mouvement de Saturne et de Jupiter. Elle fut imprimée en 1749 et quelquefois elle se trouve reliée à la fin du sixième volume, elle est même indiquée dans le titre général ; quoi qu'il en soit, elle se trouve chez Delatour, libraire, rue Saint-Jacques, vis-à-vis la rue de Mathurins. Cette pièce était destinée à commencer le septième volume du Recueil, mais le privilège ayant passé successivement entre les mains de plusieurs libraires, cette pièce est restée avec les précédentes dans le fonds de librairie de M. Delatour. Montucla : Le prix proposé par l'Académie des sciences, pour 1748, sur la question des inégalités des mouvements de Jupiter et de Saturne, […] porta [Euler] bien d'avantage vers cet objet. Dans sa première pièce sur ce sujet [(Euler 49b)], il expose tous les fondements du calcul de l'action des planètes les unes sur les autres, et 1'on y trouve la solution du problème des trois corps, qui pouvait s'appliquer aux mouvements de la Lune ; en sorte [!] que Clairaut et d Alembert [!] crurent devoir prendre date, en remettant au secrétaire de l'Académie, sous cachet, les pièces qui contenaient leurs recherches propres [cf. 6 septembre 1747 (2)] (Montucla 99-02, vol. 4, p. 74). Laplace, dans son Traité de mécanique céleste : C'est à la première pièce d'Euler, sur les mouvements de Jupiter et de Saturne [(Euler 49b)], qu'il faut rapporter les premières recherches sur les perturbations des mouvements planétaires. Cette pièce couronnée par l'Académie des Sciences, en 1748, fut remise au secrétariat de cette Académie, le 27 juillet 1747, quelques mois avant que Clairaut et d'Alembert communiquassent à l'Académie les recherches analogues qu'ils avaient faites sur le problème des trois corps, qu'ils nommèrent ainsi parce qu'ils avaient appliqué leurs solutions au mouvement de la Lune attirée par le Soleil et par la Terre. Mais les différences de leurs méthodes à celles d'Euler, prouvent qu'ils n'avaient rien emprunté de sa pièce (Laplace 78-12, vol. 5, pp. 339-340). Clairaut est encore juge pour le prix de 1750 (cf. 6 septembre 1749 (2)).
PV : Procès-Verbaux, Archives de l'Académie des sciences, Paris.
Références
Euler (Leonhard), « Recherches sur la question des inégalités du mouvement de Saturne et Jupiter », Pièce qui a remporté le prix de l'Académie royale des sciences en 1748, Paris, 1749 [Télécharger] [10 juin 1747 (1)] [3 septembre 1747 (1)] [Plus].
Euler (Leonhard), « Correspondance de Leonhard Euler avec A. C. Clairaut, J. d'Alembert et J. L. Lagrange », Leonhardi Euleri Opera Omnia, IV A, vol. 5, Ed. Juskevic A. P. et Taton R., Birkäuser, Basel, 1980 [4 mars 1739 (1)] [16 mai 1739 (1)] [Plus].
Courcelle (Olivier), « 6 septembre 1747 (1) : Les prix », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n6septembre1747po1pf.html [Notice publiée le 21 mai 2010, mise à jour le 26 janvier 2012].
N° 1. Receu le 10 juillet 1747 une pièce francoise pour concourir au prix de 1748. Elle a pour devise Labor improbus omnia vincit. Je l'ay numerottee 1 et j'en ai envoyé un récépissé à M[onsieu]r Brakenhoffer, professeur de mathématique à Strasbourg [Daniel Bernoulli !].
N° 2. Receu le 27 juillet 1747 une pièce francoise pour concourir au prix de 1748. Elle a pour devise Regarde à toutes les oeuvres du souverain, elles sont accouplées deux à deux, l'une à l'opposite de l'autre. Je l'ay numerottée 2 et j'en ai donné un recepissé.
N° 3. Receu le 12 juillet 1747 une pièce francoise pour concourir au prix de 1748. Elle a pour devise Ponderibus librata suis per inane profundum sydera quo vis alma trahit retrahit que sequuntur. Je l'ay numerottée 3 et j'en ai donné un récépissé [(Euler 49b)].
Receu le 30 juillet une addition à la piece N° 2. Je l'ay jointe à lad[ite] pièce.
N° 4. Receu le 12 août 1747 une pièce francoise pour concourir au prix de 1748. Elle a pour devise Caeli enarrant gloriam Dei, et opera manuum eius annuntiat firmamentum. Je l'ay numerottée 4.
N° 5. Receu le 23 août 1747 une pièce angloise pour concourir au prix de 1748. Elle a pour devise Remember man the universal cause acts not by partial but by general laws. Je l'ay numerottee 5 et j'en ai donné un recepissé. Elle avoit un billet cacheté.
N° 6. Receu le 31 août 1747 une pièce francoise pour concourir au prix de 1748. Elle a pour devise Sic etiam gravium nec turtur sydera lege. Je l'ay numerottée 6 et j'en ai donné un recepissé.
[…]
Le 30 mars 1748 il m'a été remis entre les mains une pièce francoise qui a pour devise Plus ultrà pour concourir au prix s'il etoit remis. Le même sujet ayant été proposé de nouveau, je l'ay retenuë et numerottée 1 de 1750 [Lesage] (AAS, Registre du prix de l'Académie royale des sciences, vol. 1, p. 6). La dernière pièce est de Lesage :
[Le Sage] envoya d'abord une pièce faite à la hâte, qui arriva trop tard et ne put concourir [Elle fut remise par Romilly le 29 mars 1748, au secrétaire Fouchy, qui refusa de la recevoir NDA] [il en enverra une autre pour le prix de 1750 [cf. 6 septembre 1749 (2)] NDM]. [...] [[La première] portait pour épigraphe Plus ultra] (Prevost 05, pp. 58, 154). Clairaut avait annoncé le sujet du prix à Euler le 22 avril 1746 (cf. 22 avril 1746 (1)) et l'avait relancé le 24 mars 1747 (cf. 24 mars 1747 (1)). Euler avait confirmé sa participation le 10 juin (cf. 10 juin 1747 (1)), Clairaut s'en réjouissant le 3 septembre (cf. 3 septembre 1747 (1)). Jusqu'à ce 6 septembre, Clairaut n'a donc pas eu connaissance du mémoire d'Euler. Il prend la précaution de déposer C. 33c sous forme de pli cacheté, le même jour (cf. 6 septembre 1747 (2)), anticipant des accusations de Le Monnier (cf. 7 décembre 1747 (1)). Clairaut fait part part de son avis le 11 septembre (cf. 11 septembre 1747 (1)), auquel Euler répond le 30 septembre (cf. 30 septembre 1747 (1)), amenant une nouvelle réponse de Clairaut le 7 décembre (cf. 7 décembre 1747 (1)). Euler gagne le prix avec (Euler 49b), un anonyme obtenant un accessit, ainsi que cela est annoncé lors de l'assemblée publique du 24 avril 1748 (cf. 24 avril 1748 (1)). Une analyse attentive montre que l'anonyme est Daniel Bernoulli (O IVA, 5, p. 183). Daniel Bernoulli indique à Delisle qu'il a eu honte de sa production après avoir entendu tout ce que l'on disait de la pièce d'Euler, mais il se demande s'il ne doit pas changer d'avis (cf. 12 janvier 1749 (1)). Clairaut annonce à Euler sa victoire le 27 avril 1748 (cf. 27 avril 1748 (1)), qui s'attire les félicitations de Daniel Bernoulli (par anticipation) (cf. 15 mai 1748 (1)), de Delisle (cf. 24 mai 1748 (1)) et de d'Alembert qui précise que c'est surtout à Clairaut et plus encore à lui-même qu'Euler doit son prix (cf. 17 juin 1748 (1)), et qui a lu la pièce attentivement (cf. 30 mars 1750 (1)). Clairaut relit les épreuves de ce « chef d'œuvre » pour imprimeur et corrige le français d'Euler (cf. 19 juin 1749 (1)). Le 9 août 1749 :
On a fait à la compagnie la distribution des pieces de prix pour l'année 1748 (PV 1749, p. 366). Le volume 6 du Recueil des pièces qui ont remporté les prix de l'Académie royale des sciences ne contient pas la pièce du prix pour 1748 bien qu'elle soit annoncée sur la page de titre. Dans l' « Avertissement » du volume 7 :
En 1748, l'Académie adjugea le prix à la pièce de M. Euler sur les inégalités du mouvement de Saturne et de Jupiter. Elle fut imprimée en 1749 et quelquefois elle se trouve reliée à la fin du sixième volume, elle est même indiquée dans le titre général ; quoi qu'il en soit, elle se trouve chez Delatour, libraire, rue Saint-Jacques, vis-à-vis la rue de Mathurins. Cette pièce était destinée à commencer le septième volume du Recueil, mais le privilège ayant passé successivement entre les mains de plusieurs libraires, cette pièce est restée avec les précédentes dans le fonds de librairie de M. Delatour. Montucla :
Le prix proposé par l'Académie des sciences, pour 1748, sur la question des inégalités des mouvements de Jupiter et de Saturne, […] porta [Euler] bien d'avantage vers cet objet. Dans sa première pièce sur ce sujet [(Euler 49b)], il expose tous les fondements du calcul de l'action des planètes les unes sur les autres, et 1'on y trouve la solution du problème des trois corps, qui pouvait s'appliquer aux mouvements de la Lune ; en sorte [!] que Clairaut et d Alembert [!] crurent devoir prendre date, en remettant au secrétaire de l'Académie, sous cachet, les pièces qui contenaient leurs recherches propres [cf. 6 septembre 1747 (2)] (Montucla 99-02, vol. 4, p. 74). Laplace, dans son Traité de mécanique céleste :
C'est à la première pièce d'Euler, sur les mouvements de Jupiter et de Saturne [(Euler 49b)], qu'il faut rapporter les premières recherches sur les perturbations des mouvements planétaires. Cette pièce couronnée par l'Académie des Sciences, en 1748, fut remise au secrétariat de cette Académie, le 27 juillet 1747, quelques mois avant que Clairaut et d'Alembert communiquassent à l'Académie les recherches analogues qu'ils avaient faites sur le problème des trois corps, qu'ils nommèrent ainsi parce qu'ils avaient appliqué leurs solutions au mouvement de la Lune attirée par le Soleil et par la Terre. Mais les différences de leurs méthodes à celles d'Euler, prouvent qu'ils n'avaient rien emprunté de sa pièce (Laplace 78-12, vol. 5, pp. 339-340). Clairaut est encore juge pour le prix de 1750 (cf. 6 septembre 1749 (2)).