10 juin 1747 (1) : Euler (Berlin) écrit à Clairaut :
Monsieur, L'attente de votre excellent ouvrage sur l'algèbre [C. 31], et mon devoir de vous en faire des remerciements m'ont retenu jusqu'à présent de vous témoigner ma très parfaite reconnaissance de l'avis que vous m'avez bien voulu donner du jugement du prix pour cette année [cf. 24 mars 1747 (1)], que je ne puis plus longtemps différer, quoique les exemplaires, que vous avez expédiés pour Berlin ne soient pas encore arrivés. Vous avez bien deviné que la pièce marquée était de moi [(Euler 50)], et je vous suis d'autant plus obligé, que vous prenez tant de part à ce que vous croyez me regarder. M. Bernoulli m'a aussi écrit, que l'autre pièce couronnée était de sa façon [(Bernoulli 50)]. Je voudrais que notre prix fut aussi important, et les questions, que nous proposons, dignes de votre attention, afin que je puisse revancher réellement des marques de bonté dont vous m'accablez. Il est bien vrai, que j'ai travaillé fort longtemps sur la question de Saturne, et que je ne voudrais presque plus entreprendre les mêmes calculs ; je viens d'achever ma pièce sur cette matière [(Euler 49b)], et je n'attends qu'une favorable occasion de l'envoyer, car comme elle est un peu grosse, je crains qu'elle ne cause de trop grand port, quand même je paierais jusqu'aux frontières de la France. Ma tête est encore si pleine de cette matière, que je souhaiterais extrêmement de vous oser un peu entretenir là-dessus, et c'est à peine, que je m'en tais, ayant égard aux justes précautions que je dois observer. Je crains fort que M. Bernoulli n'ait abandonné son dessein de composer une pièce sur cette matière, car depuis que je lui ai indiqué plusieurs circonstances auxquelles il faut avoir égard, et qu'il avait cru pouvoir sûrement négliger, qui embarrassent extrêmement le calcul, il m'a répondu, qu'il ne voudrait pas entreprendre un si pénible travail ; et je serais bien fâché, si j'étais la cause, qu'il supprimât ses méditations [il participera et obtiendra un accessit, cf. 24 avril 1748 (1)] ; je souhaiterais même que le nombre des pièces sur cette matière fût assez grand et je verrai avec un très sensible plaisir, que l'Académie en trouvât une, qui fut préférable à la mienne : car quoique j'aie été si heureux de donner des tables, par lesquelles on peut assigner la place de Saturne à 4' près, ce qui est peu de choses par rapport aux erreurs de 20' à 30' auxquelles les autres tables sont sujettes, je souhaiterais qu'un autre pût arriver à un plus haut degré de précision. Vous devez avoir reçu, il y a quelque temps, une lettre de Leipzig d'un M. Œchlitz qui souhaite fort d'entrer en quelque commerce avec vous, et de profiter de vos lumières. C'est un très habile homme et assurément un grand génie, auquel je ne trouverais presque aucun à comparer en Allemagne : mais vous en jugerez mieux vous-même des matières qu'il vous aura communiquées : cependant lui ayant promis de vous le recommander, je m'acquitte de ma parole avec bien du plaisir. J'ai l'honneur d'être avec la plus parfaite estime, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur L. Euler. M. de Maupertuis m'a chargé de vous faire bien ses compliments (O IVA, 5, pp. 167-168).
Bernoulli (Daniel), « Recherches mécaniques et astronomiques », Pièces qui ont remporté le prix de l'Académie royale des sciences en M. DCC. XLVII sur la meilleure manière de trouver l'heure en mer, Paris, 1750, pp. 1-110, 3 pl [Télécharger] [5 septembre 1744 (2)] [6 septembre 1746 (1)] [Plus].
Euler (Leonhard), « Recherches sur la question des inégalités du mouvement de Saturne et Jupiter », Pièce qui a remporté le prix de l'Académie royale des sciences en 1748, Paris, 1749 [Télécharger] [3 septembre 1747 (1)] [Plus].
Euler (Leonhard), « Meditationes in quaestionem ab illustrissima academia regia Paris. scientiarum, pro anno 1747. cum praemio duplicato propositam. Quibusnam observationibus mari, tam interdiu quam noctu, itemque durante crepusculo verum temporis momentum commodissime et certissime determinari queat ? », Pièces qui ont remporté le prix de l'Académie royale des sciences en M. DCC. XLVII sur la meilleure manière de trouver l'heure en mer, Paris, 1750, pp. 111-167, 2 pl [Télécharger] [6 septembre 1746 (1)] [24 mars 1747 (1)] [Plus].
Euler (Leonhard), « Correspondance de Leonhard Euler avec A. C. Clairaut, J. d'Alembert et J. L. Lagrange », Leonhardi Euleri Opera Omnia, IV A, vol. 5, Ed. Juskevic A. P. et Taton R., Birkäuser, Basel, 1980 [4 mars 1739 (1)] [16 mai 1739 (1)] [Plus].
Courcelle (Olivier), « 10 juin 1747 (1) : Euler (Berlin) écrit à Clairaut », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n10juin1747po1pf.html [Notice publiée le 13 mai 2010].
