20 [avril] 1762 : Clairaut (Paris) écrit à Daniel Bernoulli :
Je ne sais plus, mon cher ami, si c'est dans votre dernière [perdue] ou votre avant-dernière [perdue] que vous me demandiez si la santé du s[ieu]r Desmars [ou des Mars, cf. 4 août 1762 (1)] ne baisserait pas assez pour qu'il fût à propos de prendre des précautions relativement à vos affaires sur les rentes. Quoique cet homme commence à être vieux, il paraît encore fait pour aller bien loin, et c'est d'ailleurs une tête sage qui sûrement a de l'ordre dans ses affaires. Au surplus, j'y aurais quelque fois l'œil si vous le désirez mais vous me ferez plaisir de me marquer son adresse que j'ai perdue. Votre lettre renfermait mille traits de la part que vous preniez à ma querelle avec D. [d'Alembert] qui m'ont fait beaucoup de plaisir. Dans peu, j'aurai une nouvelle brochure [C. 55, cf. [c. juin] 1762 (1)] à vous envoyer à laquelle je vous prierai de faire la même attention. C'est une réplique à la réponse que ce modeste savant a fait dans le Journal encyclopédique de février (2d vol.) [cf. 18 janvier 1762 (1)] que peut-être vous n'avez pas vue, mais que je vous invite à lire si vous en avez l'occasion. Vous y trouverez un ton qui ressemble plus à celui que vous avez qualifié de trop doux. Pour moi, je n'en ai pas changé dans mon nouvel écrit parce que le style de ma 1re réponse [C. 53, cf. [c. décembre] 1761] a très bien réussi. Je suis entré cette fois-ci dans de plus grands détails sur le fond de la question, parce que mon adversaire a voulu faire entendre que j'éludais ses objections. M. de La Condamine ne m'a point parlé de ce dont vous m'aviez fait mention, et je ne lui en ai pas parlé parce que je n'aime point à me fourrer dans de telles affaires. S'il m'avait consulté, je lui aurais donné de bon cœur les meilleurs avis que j'aurai cru, mais je n'aurai pu entreprendre de le soutenir en forme, à cause du nombre d'occupations que j'ai sur les bras et de l'éloignement que j'ai ainsi que vous pour ce qui retire du repos. Notre commun antagoniste [d'Alembert] et celui de tant d'autres a pris un ton qui a révolté bien des gens. Un journaliste à qui on reproche autant d'humeur contre les gens de lettres que notre géomètre à contre les mathématiciens (c'est Fréron dont je parle) a donné une petite exposition abrégée de ses Opuscules [(Alembert 61-80, vol. 1-2) ; AIII/1] qui peint très plaisamment le caractère [de] l'auteur [cf. [c. mars] 1762]. Je m'en réjouirais si je n'y étais pas trop bien traité, non que je veuille dire que je sois fâché d'être loué, mais parce que je craindrais par dessus toute chose de passer pour avoir exciter ce journaliste, ce que je vous proteste que je n'ai fait ni directement ni indirectement. Aussi suis-je bien convaincu que ce n'est qu'à la haine pour D. [d'Alembert] et non à son estime pour moi que [je] dois les éloges en question. Votre réponse à ma petite c[o]mpagne [Mlle Gouilly, cf. [c. juin] 1757 (2)] nous a fait le plus grand plaisir du monde à l'un et l'autre. Que ne pouvons-nous vous dire de vive voix combien nous pensons souvent à vous et combien nous vous aimons. Avez-vous associé quelqu'un à votre amitié pour moi. Le petit Descartes au moins devrait emprunter quelques sentiments chez son père. Sait-il combien je l'aime son cher papa. Mardi 20 août [!] 1762 [Adresse] Suisse / À Monsieur / Monsieur Daniel Bernoulli / des académies royales des sciences de / France, d'Angleterre, de Prusse, de Russie, etc. / À Bâle (Boncompagni 94b).
Cette lettre, qui annonce l'envoi de C. 55 du 4 août (cf. 4 août 1762 (1)), ne peut-être du 20 août, qui est d'ailleurs un vendredi. Elle est plus certainement du mardi 20 avril, date à laquelle Clairaut annonce aussi l'envoi de C. 55 à Louis Necker (cf. 20 avril 1762 (1)). Clairaut répond ici à une lettre perdue de Daniel Bernoulli. Il avait déjà écrit à Daniel Bernoulli le 1 janvier (cf. 1 janvier 1762 (1)). La réponse de Daniel Bernoulli est perdue. Clairaut réécrit à Daniel Bernoulli le 4 août (cf. 4 août 1762 (1)).
C. 55 : Clairaut (Alexis-Claude), « Nouvelles réflexions de M. Clairaut sur le sujet de la contestation qui s'est élevé entre M. d'Alembert et lui, à l'occasion de la comète de 1759 », Journal des sçavans, juin 1762, pp. 358-377 [Télécharger] [[c. juin] 1762 (1)] [6 décembre 1750 (1)] [19 novembre 1755 (1)] [Plus].
Alembert (Jean Le Rond, dit d'), Œuvres complètes de d'Alembert. Série III : Série III : Opuscules et mémoires mathématiques 1757-1783, vol. 1 : Opuscules mathématiques, tome I (1761), P. Crépel, A. Guilbaud, G. Jouve, F. Chambat, M. Chapront-Touzé, A. Coste, F. Ferlin, Ch. Gilain, R. Nakata, D. Varry, J. Viard éds, Paris, 2008 [4 mars 1739 (1)] [18 novembre 1761 (2)] [Plus].
Boncompagni (prince Baldassarre de), « Lettere di Alessio Claudio Clairaut », Atti dell'Accademia Pontifica dei Nuovi Lincei, 45 (1894) 233-291 [12 août 1732 (1)] [1 octobre 1732 (1)] [Plus].
Courcelle (Olivier), « 20 [avril] 1762 : Clairaut (Paris) écrit à Daniel Bernoulli », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n20coavrilcf1762.html [Notice publiée le 5 février 2012].