10 février 1749 (1) : Clairaut (Paris) écrit à Cramer :
Ç'aurait été réellement, mon cher Monsieur, une cérémonie tout à fait superflue que celle des compliments du nouvel an et vous le devez bien voir à la négligence que j'ai eue à cet égard, qui a été même jusqu'à différer jusqu'à un mois la réponse à votre lettre. J'ai eu cependant tort en ce point, non pas à cause des compliments comme vous le pensez bien, mais à cause du plaisir dont je me suis privé en ne vous écrivant pas. Un millier de petites affaires et un travail assez rude m'en ont ôté le temps et m'ont fait par conséquent beaucoup de chagrin. Vous me demandez bien obligeamment des nouvelles de mes travaux mais vous ne me dites pas un mot des vôtres. Sachant combien je m'intéresse à votre gloire vous avez grand tort. Qu'est devenu le livre des courbes [(Cramer 50)] ? Vous m'avez dit une fois des raisons très recevables pour différer de commencer l'impression, mais vous ne me dites point si on s'y est mis actuellement, si l'ouvrage est prêt en entier, s'il sera fort étendu, sur quoi rouleront les choses les plus neuves ? En un mot vous ne parlez que de moi et nullement de vous. Je suis fort flatté de l'intérêt que vous prenez à ce qui me regarde. Mais vous m'ôtez tout le plaisir que j'ai à vous entretenir de mes affaires si vous ne me parlez pas des vôtres. Pour moi j'ai repris tout le travail de la détermination de l'orb[ite] de la Lune en ne négligeant pas les [secon]des puissances des forces perturbatrices [C. 40]. J'ai presque tout achevé le calcul qui doit conduire à des tables de la Lune [C. 41]. Mais il faudra le recommencer pour éviter les erreurs si aisées à commettre dans des calculs aussi fâcheux. J'espère que je serai récompensé de ma peine. Ce qu'on vous a mandé au sujet des découvertes faites en Angleterre doit avoir quelque fondement, quoique les auteurs n'aient plus publiés eux-mêmes leurs découvertes. Elles ont été faites avec un télescope de réflexion de 9 pieds qu'a fait construire le Dr Stevens. C'est une étoile mobile autour d'une étoile de la Lyre. Bianchini l'avait déjà soupçonnée. On prétend qu'on a vu autour de Saturne quatre anneaux au lieu d'un. La dispute de M. de La Condamine et de M. Bouguer n'a rien d'intéressant pour les sciences [cf. 3 mars 1738 (1)]. Il ne s'agit que de choses particulières entre eux. M. de la Cond[amine] voulait avoir communication de l'ouvrage de M[onsieu]r Bouguer [(Bouguer 44), (Bouguer 49)] avant qu'il fut imprimé afin de voir si les choses où il sera cité seront exactement comme elles seront arrivées, et si on lui donne dans ce travail toute la part qu'il prétend avoir. M[onsieu]r B[ouguer] lui a refusé à cause, dit-il, qu'il ne veut pas qu'il profite des réflexions théoriques sur une matière qui est toute à lui à ce qu'il prétend. Adieu, mon très cher ami, conservez moi toujours une amitié dont je fais un cas infini. Paris, 10 février 1749 (Speziali 55).
Clairaut répond à une lettre perdue de Cramer. Le dernière pièce connue de la correspondance entre les deux hommes remonte à la lettre de Clairaut du 11 mai (cf. 11 mai 1748 (1)). La réponse de Cramer est perdue. Clairaut réécrit à Cramer le 3 juin (cf. 3 juin 1749 (1)).
Bouguer (Pierre), « Relation abrégée du voyage fait au Pérou par Messieurs de l'Académie royale des sciences, pour mesurer les degrés du méridien aux environs de l'Équateur, et en conclure la figure de la Terre », HARS 1744, Mém., pp. 249-297, 1pl [Télécharger] [3 mars 1738 (1)].
Bouguer (Pierre), La figure de la Terre déterminée par les observations de Messieurs Bouguer et de La Condamine, de l'Académie royale des sciences, envoyés par ordre du Roy au Pérou, pour observer aux environs de l'Équateur, Paris, 1749 [Télécharger] [3 mars 1738 (1)] [13 décembre 1741 (1)] [Plus].
Courcelle (Olivier), « 10 février 1749 (1) : Clairaut (Paris) écrit à Cramer », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n10fevrier1749po1pf.html [Notice publiée le 20 juillet 2010].