3 mars 1738 (1) : Clairaut (Paris) écrit à La Condamine :
Je viens de recevoir votre lettre de Quito, du mois de janvier 1737 [cf. Janvier 1737 (1)] : je suis charmé que vous soyez résolus de mesurer d'abord le méridien, sans trop vous attacher à mesurer l'équateur. […] Vous auriez pu passer un temps très considérable sans savoir la figure de la Terre […] Je crois que j'ai eu quelque part à la lettre de M. le comte de Maurepas là-dessus : car c'est dans le mémoire que je lus à l'Académie sur cette matière, etc. Paris, 3 mars 1738 (La Condamine 51a, p. 43).
La Condamine écrit à Bouguer à propos de cette lettre les 3 mai 1748 (cf. 3 mai 1748 (1)) et 31 mai [1748]. Suite aux récits de l'expédition à l'Équateur par Bouguer (Bouguer 44, Bouguer 49), La Condamine utilise la lettre de Clairaut pour montrer que la décision de mesurer le méridien plutôt que l'Équateur était prise dès janvier 1737. La « preuve littérale » de ce fait « est tirée d'une lettre de M. Clairaut, qu'il m'écrivait de Paris à Quito, et que je conserve en original » (La Condamine 51a, p. 43). Cela entraînera une réaction de Bouguer qui citera la lettre de manière légèrement différente : Depuis que nous sommes de retour en France, on m'a communiqué quelques écrits pour me convaincre que je n'avais pas bien exposé le fait dont il s'agit dans nos mémoires de 1744. Je m'arrêterai ici seulement à une réponse que M. Clairaut fit le 3 mars 1738, à une lettre du Pérou : « Je viens, disais-il, de recevoir votre lettre du mois de janvier 1737 [cf. Janvier 1737 (1)], de Quito [...] je suis charmé que vous soyez résolus à présent [au mois de janvier 1737 NDE] de mesurer d'abord le méridien, et de ne pas trop vous attacher à mesurer l'équateur. C'aurait été affreux si M. Godin ne vous avait pas cru vous et M. Bouguer, puisque vous auriez pu passer un temps très considérable sans savoir la figure de la Terre, etc. » Je ne puis m'empêcher d'avouer que je fus fort étonné en voyant cet extrait, que M. de La Condamine me communiqua en 1748, lorsqu'il pensait que je n'avais rien à y opposer. La restriction que forme le mot à présent, insinue néanmoins qu'on s'était d'abord proposé de commencer par la mesure de l'équateur, et elle confirme les autres preuves que j'en ai données. On ne doit pas soupçonner que je me sois trompé en transcrivant cet extrait : le mot à présent s'y trouve ; je ne sais si on l'ajouta par inadvertance en m'écrivant il y a trois ou quatre ans, ou si on l'a oublié depuis dans l'impression [voyez p. 43 de l'introduction hist[orique] [(La Condamine 51a)]] ; tout ce que je puis dire, c'est que la copie que je donne est fidèle. Il me parait aussi que M. de La Condamine ne devait pas retrancher ces trois ou quatre mots : c'aurait été affreux si, etc. Au surplus il fallait nécessairement que M. Clairaut ne lût pas avec assez d'attention la lettre qu'il recevait, ou que M. de La Condamine a qui il répondait, eût eu quelque intention de se déclarer en faveur de mon avis. [...] Je puis encore détruire l'effet de la lettre de M. Clairaut par une autre autorité qui en vaut seule une infinité d'autres [...] (Bouguer 52, pp. 16-18). La Condamine répondra : Ici je puis bien me servir des termes que M. Bouguer emploie en parlant de ma lettre à Clairaut (Justification [(Bouguer 52)], p. 17) et dire qu'il faut nécessairement que M. Bouguer ne lût pas avec assez d'attention la lettre qu'il recevait [de La Condamine le 28 novembre 1748] (La Condamine 52, p. 13). III. J'ai cité la lettre suivante de M. Clairaut [en marge : Journal historique [(La Condamine 51a)], pag[e] 42], qu'il m'écrivait de Paris à Quito le 3 mars 1738. Je viens de recevoir votre lettre de Quito, du mois de janvier 1737. Je suis charmé que vous soyez résolus, à présent (janv[ier] 37) [M. B[ouguer] fait un nouvel incident sur le mot à présent, omis dans l'imprimé et non dans la copie que je lui avais envoyée de la lettre de M. Clairaut. Ce mot fixe plus précisément l'époque du mois de janvier, qui est celle que j'ai assignée : du reste je donne le choix de l'ôter ou de le laisser NDA] de mesurer d'abord le méridien, et de ne pas trop vous attacher à la mesure de l'Équateur. J'ai conclu de là que j'avais mandé à M. Clairaut, au mois de janvier 1737, que notre parti était pris de commencer par la mesure du méridien, et qu'il fallait bien que cela fût ainsi, puisqu'on ne peut supposer que sans aucun intérêt, j'eusse écris en France une chose fausse, au risque d'être démenti par l'événement, ou même par les lettres de mes collègues, qu'on pouvait recevoir en même temps que le mienne. Que répond M. Bouguer à une preuve si claire et si positive ? [En marge : Justific[ation] [(Bouguer 52)] pag[e] 17.] Qu'il fallait que M. Clairaut ne lût pas avec assez d'attention la lettre qu'il recevait, ou que j'eusse quelque intention de me déclarer en faveur de l'avis de M. B[ouguer] (qui était de commencer par le méridien) ce que je ne fis cependant pas. M. Clairaut, récemment arrivé du cercle polaire, reçoit une lettre qui traite de nos opérations sous l'équateur : cette matière, qu'il avait examinée dans un mémoire lu à l'Académie [Voy[ez] Lettre de M. Clairaut, Journal historique [(La Condamine 51a)], pag[e] 43, note NDA], était intéressante pour lui ; et la seule distance des lieux suffisait pour attirer son attention : major è longinquo reverentia : et M. B[ouguer] veut que M. Clairaut n'ait pas bien lu une lettre qu'il avait encore sous les yeux en me répondant, puisqu'il en rappelle la date. Assurément cette supposition n'est ni obligeante, ni vraisemblable. Passons à la seconde alternative du dilemme de M. B[ouguer]. [...] J'ai donc pu, M. B[ouguer] ne peut le nier, écrire à M. Clairaut que nous étions résolus de commencer par le méridien. [...] En accordant tout, il n'en sera pas moins vrai, de son aveu même, qu'il était donc déjà décidé à la pluralité des voix, sinon à l'unanimité, dans le temps où j'écrivais à M. Clairaut, c'est-à-dire en janvier 1737, que nous commencerions par la mesure du méridien : ce qu'il fallait démontrer. IV. Mais voici une anti-démonstration de la part de M. B[ouguer] Aux conséquences évidentes de la lettre de M. Clairaut, il oppose d'autres témoignages, qui lui paraissent aussi décisifs (La Condamine 52, pp. 34-35). Cela entraînera une nouvelle réponse de Bouguer : Aussi verrez-vous l'auteur du Supplément [(La Condamine 52)] ne pas rapporter dans ses propres termes, la lettre que M. Clairaut lui écrivit le 3 mars 1738. Je suis bien aise, disait M. Clairaut, que vous soyez à présent résolus de mesurer d'abord le méridien. C'est précisément dans ces termes qu'il me communiqua le 31 mai 1748 le texte de cette lettre, en reconnaissant qu'il fallait en conclure, que nous avions eu antérieurement des disputes sur ce sujet. L'auteur a bien senti que le mot à présent exciterait la curiosité de ses lecteurs, qu'ils lui marqueraient leur étonnement de ce qu'il n'avait pas toujours été du même avis, et qu'ils lui demanderaient quand il en avait changé. Il supprime donc dans son livre ce mot trop incommode ; mais parce que je lui représente que pour moi je transcris plus exactement les extraits que je rapporte, il nous permet dans son Supplément [(La Condamine 52)] [voyez première partie, pag[e] 34 NDA] d'ôter ce mot, ou de le rétablir, et il ajoute qu'il est bien clair, que M. Clairaut en l'employant le 3 mars 1738, n'a voulu que mieux fixer une époque antérieure (Bouguer 54a, p. 31). Cette réponse entraîne à son tour la réplique (La Condamine 54) (cf. 30 juin 1754 (2)). Des versions manuscrites de ce point de la polémique entre les deux hommes se trouvent dans le dossier Bouguer à l'Académie des sciences et dans les papiers de Bouguer (C2. 7) à l'Observatoire de Paris. Clairaut évoque la dispute entre Bouguer et La Condamine dans une lettre à Cramer du 10 février 1749 10 février 1749 (1)). Clairaut est lui-même nommé commissaire le 18 juillet 1750 (cf. 18 juillet 1750 (1)) pour régler un différent concernant la publication de (Bouguer 46b) et (La Condamine 46). Bailly : La mesure d'un arc de l'équateur n'est pas aussi favorable que celle d'un arc du méridien. [...] Dans l'équateur et dans les parallèles, on ne connaît la différence de longitude des lieux que par le temps, par la différence des heures que l'on y compte au même instant ; mais chaque seconde de temps répond à 15 secondes de degré en longitude, et si on se trompe de deux secondes de temps, l'erreur est quinze fois plus grande par une mesure que par l'autre. En conséquence des réflexions ultérieures de l'Académie, et sur un mémoire de M. Clairaut [La Condamine, voy[age] à l'éq[uateur], intro [(La Condamine 51a)], p. 43 NDA] M. le comte de Maurepas se détermina à mander aux Académiciens de se borner à mesurer les degrés du méridien. Il y avait déjà entre eux quelque division sur cet article ; M. Bouguer avait envoyé en France un mémoire où il montre que la mesure de deux degrés de l'équateur est assujettie à une erreur d'un deux cent quarantième, et où il établit par conséquent que cette mesure est inutile [(Bouguer 36) NDA]. M. de La Condamine soutenait au contraire qu'en mesurant trois degrés de longitude, comme on pouvait le faire au Pérou, et en se servant de la méthode des feux [...], il était possible de ne commettre qu'une erreur d'un quatorze centième (Bailly 85, pp. 21-22). Daniel Bernoulli voit en Clairaut un bon médiateur entre les deux hommes (cf. 10 décembre 1752 (1)).
Abréviations
HARS 17.. : Histoire de l'Académie royale des sciences [de Paris] pour l'année 17.., avec les mémoires...
Bouguer (Pierre), « De la manière de déterminer la figure de la Terre par la mesure des degrés de latitude et de longitude », HARS 1736, Mém., pp. 443-468, 1pl [Télécharger] [13 août 1735 (1)] [Plus].
Bouguer (Pierre), « Relation abrégée du voyage fait au Pérou par Messieurs de l'Académie royale des sciences, pour mesurer les degrés du méridien aux environs de l'Équateur, et en conclure la figure de la Terre », HARS 1744, Mém., pp. 249-297, 1pl [Télécharger] [10 février 1749 (1)].
Bouguer (Pierre), « Suite de la relation abrégée, donnée en 1744, du voyage fait au Pérou pour mesurer le Terre », HARS 1746, Mém., pp. 569-606 [Télécharger] [Bouguer] [Plus].
Bouguer (Pierre), La figure de la Terre déterminée par les observations de Messieurs Bouguer et de La Condamine, de l'Académie royale des sciences, envoyés par ordre du Roy au Pérou, pour observer aux environs de l'Équateur, Paris, 1749 [Télécharger] [13 décembre 1741 (1)] [Plus].
Bouguer (Pierre), Justification des mémoires de l'Académie royale des sciences de 1744 et du livre de la figure de la Terre, Paris, 1752 [Télécharger] [16 mai 1748 (1)].
Bouguer (Pierre), Lettre à Monsieur *** dans laquelle on discute divers points d'astronomie pratique et où l'on fait quelques remarques sur le Supplément au journal historique du Voyage à l'Équateur de M. de la C., Paris, 1754 [Télécharger] [30 juin 1754 (2)].
La Condamine (Charles-Marie de), « Extrait des opérations trigonométriques, et des observations astronomiques, faites pour la mesure des degrés du méridien aux environs de l'Équateur », HARS 1746, Mém., pp. 618-688 [Télécharger] [Bouguer] [Plus].
La Condamine (Charles-Marie de), Journal du voyage fait par ordre du Roi à l'équateur, servant d'introduction historique à la Mesure des trois premiers degrés du méridien, Paris, 1751 [Télécharger] [13 août 1735 (1)] [Plus].
La Condamine (Charles-Marie de), Supplément au Journal historique du voyage à l'Équateur et au livre de la Mesure des trois premiers degrés du méridien, servant de réponse à quelques objections, Paris, 1752 [Télécharger].
La Condamine (Charles-Marie, de), Réponse de M*** [La Condamine] à la Lettre de M. Bouguer sur divers points d'astronomie pratique et sur le supplément au Journal historique de M. de La Condamine, sl, [1754] [30 juin 1754 (2)] [Plus].
Courcelle (Olivier), « 3 mars 1738 (1) : Clairaut (Paris) écrit à La Condamine », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n3mars1738po1pf.html [Notice publiée le 26 juin 2009, mise à jour le 3 juillet 2010].
Depuis que nous sommes de retour en France, on m'a communiqué quelques écrits pour me convaincre que je n'avais pas bien exposé le fait dont il s'agit dans nos mémoires de 1744. Je m'arrêterai ici seulement à une réponse que M. Clairaut fit le 3 mars 1738, à une lettre du Pérou : « Je viens, disais-il, de recevoir votre lettre du mois de janvier 1737 [cf. Janvier 1737 (1)], de Quito [...] je suis charmé que vous soyez résolus à présent [au mois de janvier 1737 NDE] de mesurer d'abord le méridien, et de ne pas trop vous attacher à mesurer l'équateur. C'aurait été affreux si M. Godin ne vous avait pas cru vous et M. Bouguer, puisque vous auriez pu passer un temps très considérable sans savoir la figure de la Terre, etc. »
Je ne puis m'empêcher d'avouer que je fus fort étonné en voyant cet extrait, que M. de La Condamine me communiqua en 1748, lorsqu'il pensait que je n'avais rien à y opposer. La restriction que forme le mot à présent, insinue néanmoins qu'on s'était d'abord proposé de commencer par la mesure de l'équateur, et elle confirme les autres preuves que j'en ai données. On ne doit pas soupçonner que je me sois trompé en transcrivant cet extrait : le mot à présent s'y trouve ; je ne sais si on l'ajouta par inadvertance en m'écrivant il y a trois ou quatre ans, ou si on l'a oublié depuis dans l'impression [voyez p. 43 de l'introduction hist[orique] [(La Condamine 51a)]] ; tout ce que je puis dire, c'est que la copie que je donne est fidèle. Il me parait aussi que M. de La Condamine ne devait pas retrancher ces trois ou quatre mots : c'aurait été affreux si, etc.
Au surplus il fallait nécessairement que M. Clairaut ne lût pas avec assez d'attention la lettre qu'il recevait, ou que M. de La Condamine a qui il répondait, eût eu quelque intention de se déclarer en faveur de mon avis.
[...]
Je puis encore détruire l'effet de la lettre de M. Clairaut par une autre autorité qui en vaut seule une infinité d'autres [...] (Bouguer 52, pp. 16-18). La Condamine répondra :
Ici je puis bien me servir des termes que M. Bouguer emploie en parlant de ma lettre à Clairaut (Justification [(Bouguer 52)], p. 17) et dire qu'il faut nécessairement que M. Bouguer ne lût pas avec assez d'attention la lettre qu'il recevait [de La Condamine le 28 novembre 1748] (La Condamine 52, p. 13).
III. J'ai cité la lettre suivante de M. Clairaut [en marge : Journal historique [(La Condamine 51a)], pag[e] 42], qu'il m'écrivait de Paris à Quito le 3 mars 1738. Je viens de recevoir votre lettre de Quito, du mois de janvier 1737. Je suis charmé que vous soyez résolus, à présent (janv[ier] 37) [M. B[ouguer] fait un nouvel incident sur le mot à présent, omis dans l'imprimé et non dans la copie que je lui avais envoyée de la lettre de M. Clairaut. Ce mot fixe plus précisément l'époque du mois de janvier, qui est celle que j'ai assignée : du reste je donne le choix de l'ôter ou de le laisser NDA] de mesurer d'abord le méridien, et de ne pas trop vous attacher à la mesure de l'Équateur. J'ai conclu de là que j'avais mandé à M. Clairaut, au mois de janvier 1737, que notre parti était pris de commencer par la mesure du méridien, et qu'il fallait bien que cela fût ainsi, puisqu'on ne peut supposer que sans aucun intérêt, j'eusse écris en France une chose fausse, au risque d'être démenti par l'événement, ou même par les lettres de mes collègues, qu'on pouvait recevoir en même temps que le mienne. Que répond M. Bouguer à une preuve si claire et si positive ? [En marge : Justific[ation] [(Bouguer 52)] pag[e] 17.] Qu'il fallait que M. Clairaut ne lût pas avec assez d'attention la lettre qu'il recevait, ou que j'eusse quelque intention de me déclarer en faveur de l'avis de M. B[ouguer] (qui était de commencer par le méridien) ce que je ne fis cependant pas. M. Clairaut, récemment arrivé du cercle polaire, reçoit une lettre qui traite de nos opérations sous l'équateur : cette matière, qu'il avait examinée dans un mémoire lu à l'Académie [Voy[ez] Lettre de M. Clairaut, Journal historique [(La Condamine 51a)], pag[e] 43, note NDA], était intéressante pour lui ; et la seule distance des lieux suffisait pour attirer son attention : major è longinquo reverentia : et M. B[ouguer] veut que M. Clairaut n'ait pas bien lu une lettre qu'il avait encore sous les yeux en me répondant, puisqu'il en rappelle la date. Assurément cette supposition n'est ni obligeante, ni vraisemblable. Passons à la seconde alternative du dilemme de M. B[ouguer]. [...] J'ai donc pu, M. B[ouguer] ne peut le nier, écrire à M. Clairaut que nous étions résolus de commencer par le méridien. [...] En accordant tout, il n'en sera pas moins vrai, de son aveu même, qu'il était donc déjà décidé à la pluralité des voix, sinon à l'unanimité, dans le temps où j'écrivais à M. Clairaut, c'est-à-dire en janvier 1737, que nous commencerions par la mesure du méridien : ce qu'il fallait démontrer.
IV. Mais voici une anti-démonstration de la part de M. B[ouguer] Aux conséquences évidentes de la lettre de M. Clairaut, il oppose d'autres témoignages, qui lui paraissent aussi décisifs (La Condamine 52, pp. 34-35). Cela entraînera une nouvelle réponse de Bouguer :
Aussi verrez-vous l'auteur du Supplément [(La Condamine 52)] ne pas rapporter dans ses propres termes, la lettre que M. Clairaut lui écrivit le 3 mars 1738. Je suis bien aise, disait M. Clairaut, que vous soyez à présent résolus de mesurer d'abord le méridien. C'est précisément dans ces termes qu'il me communiqua le 31 mai 1748 le texte de cette lettre, en reconnaissant qu'il fallait en conclure, que nous avions eu antérieurement des disputes sur ce sujet. L'auteur a bien senti que le mot à présent exciterait la curiosité de ses lecteurs, qu'ils lui marqueraient leur étonnement de ce qu'il n'avait pas toujours été du même avis, et qu'ils lui demanderaient quand il en avait changé. Il supprime donc dans son livre ce mot trop incommode ; mais parce que je lui représente que pour moi je transcris plus exactement les extraits que je rapporte, il nous permet dans son Supplément [(La Condamine 52)] [voyez première partie, pag[e] 34 NDA] d'ôter ce mot, ou de le rétablir, et il ajoute qu'il est bien clair, que M. Clairaut en l'employant le 3 mars 1738, n'a voulu que mieux fixer une époque antérieure (Bouguer 54a, p. 31). Cette réponse entraîne à son tour la réplique (La Condamine 54) (cf. 30 juin 1754 (2)). Des versions manuscrites de ce point de la polémique entre les deux hommes se trouvent dans le dossier Bouguer à l'Académie des sciences et dans les papiers de Bouguer (C2. 7) à l'Observatoire de Paris. Clairaut évoque la dispute entre Bouguer et La Condamine dans une lettre à Cramer du 10 février 1749 10 février 1749 (1)). Clairaut est lui-même nommé commissaire le 18 juillet 1750 (cf. 18 juillet 1750 (1)) pour régler un différent concernant la publication de (Bouguer 46b) et (La Condamine 46). Bailly :
La mesure d'un arc de l'équateur n'est pas aussi favorable que celle d'un arc du méridien. [...] Dans l'équateur et dans les parallèles, on ne connaît la différence de longitude des lieux que par le temps, par la différence des heures que l'on y compte au même instant ; mais chaque seconde de temps répond à 15 secondes de degré en longitude, et si on se trompe de deux secondes de temps, l'erreur est quinze fois plus grande par une mesure que par l'autre. En conséquence des réflexions ultérieures de l'Académie, et sur un mémoire de M. Clairaut [La Condamine, voy[age] à l'éq[uateur], intro [(La Condamine 51a)], p. 43 NDA] M. le comte de Maurepas se détermina à mander aux Académiciens de se borner à mesurer les degrés du méridien. Il y avait déjà entre eux quelque division sur cet article ; M. Bouguer avait envoyé en France un mémoire où il montre que la mesure de deux degrés de l'équateur est assujettie à une erreur d'un deux cent quarantième, et où il établit par conséquent que cette mesure est inutile [(Bouguer 36) NDA]. M. de La Condamine soutenait au contraire qu'en mesurant trois degrés de longitude, comme on pouvait le faire au Pérou, et en se servant de la méthode des feux [...], il était possible de ne commettre qu'une erreur d'un quatorze centième (Bailly 85, pp. 21-22). Daniel Bernoulli voit en Clairaut un bon médiateur entre les deux hommes (cf. 10 décembre 1752 (1)).