Brevet de 1 000 # de pension en faveur du s[ieu]r Clairault Aujourd'huy 1er [novem]bre 1737 le Roy étant informé que le s[ieu]r Clairault de l'Académie des sciences envoyé par S[a] Majes[té] dans le Nord pour travailler a le determination de la figure de la Terre a donné dans ces operations de nouvelles preuves de son zele et de sa capacité, Sa M[ajes]té a jugé a propos de l'en recompenser et elle luy a accordé et fait don de 1 000 # de pension (AN, O1 81, f. 377r).
Maupertuis en obtient une de 1 200 livres (f. 377), Camus de 1 000 (f. 376-377) et Le Monnier de 600 (ff. 377-378). Celsius avait obtenu une pension de 1 000 livres le 12 avril 1737 (cf. 12 avril 1737 (1)). Outhier est oublié. Selon Charles de Quens : M. Outhier [...] fut envoyé au Nord vers 1736 avec les autres académiciens de Paris. Son voyage, payé grassement, ne fut point compris d'abord dans la distribution des pensions données à tous les autres, même à un étranger, M. Celsius, qui les avait accompagnés comme par hasard. M. de Maupertuis fit en cette occasion un bel acte de générosité. [Il] alla trouver M. le cardinal [de] Fleury, lui témoigna sa surprise de ce qu'on n'avait point donné de pension à M. Outhier, qui avait travaillé plus que les autres dans le voyage — excellent observateur, très industrieux pour les instruments, et pour leur graduation. [Maupertuis] déclara qu'il aimait mieux renoncer à sa pension, que de voir M. Outhier sans récompense. Le cardinal fit donner à M. Outhier une pension de 1 200 livres sur une abbaye, dont l'abbé lui écrivit très honnêtement, avec promesse de lui faire remettre la somme tous les ans exactement, et sans frais (De Quens (Charles), Recueil Mezeray, Bibliothèque municipale de Caen, Ms 154, pp. 356-357) (Charma 56). La pension de Le Monnier sera portée à 1 000 livres le 25 décembre 1739 (AN, O1 83, f. 463). Maurepas informera Clairaut de l'attribution de sa pension le 24 novembre (cf. 24 novembre 1737 (1)). À cette pension s'ajoutera celle que Clairaut recevra bientôt à l'Académie (cf. 12 mai 1738 (1)). Dans les Mémoires historiques pour le siècle courant : Le Roi a accordé des pensions à MM. de l'Académie des sciences qui ont fait des opérations astronomiques dans le Nord, entre autres une de 1 200 livres à M. de Maupertuis. On assure que S. M. en a aussi accordé une au savant astronomes danois [! Celsius] qui a accompagné ces messieurs, mais on ne dit point de combien elle est [1 000 #, cf. 12 avril 1737 (1)] (Mémoires historiques pour le siècle courant, décembre 1737, p. 705). Dans la Clef du cabinet des princes : Messieurs de l'Académie des sciences qui ont fait les opérations astronomiques dans le Nord, ont obtenu des pensions du Roi, M. de Maupertuis, entr'autres, en a eu une de 1 200 livres (La clef du cabinet des princes, février 1738, p. 118). Selon la marquise du Châtelet, les pensions furent jugées médiocres et Maupertuis demanda à ce que la sienne fût répartie sur ses compagnons (cf. 10 janvier 1738 (1)). Cela coïncide avec ce qu'en dira La Beaumelle : M. le cardinal de Fleury répandit sur les académiciens les bienfaits du Roi. Il donna cent pistoles de pension à chacun d'eux, et distingua M. de Maupertuis en lui en donnant vingt de plus [M. de Maupertuis reçut au mois de décembre [le 22 mai 1737 (cf. 22 mai 1737 (1) !] la nouvelle que le Roi avait aussi donné à Celsius 1 000 livres de pension [cf. 12 avril 1737 (1)]. Ce fut M. de Maurepas qui le lui dit NDA]. M. de Maupertuis jugeant que le cardinal de Fleury, chargé de la reconnaissance de l'univers, s'en acquittait avec trop d'économie, le remercia de ses bontés, l'assura que le plaisir et la gloire d'avoir bien fait était la seule récompense qu'il eût ambitionnée, et le pria de répartir entre ses collègues la pension qu'il lui destinait. Le cardinal de Fleury fut piqué de ce refus, le premier peut-être qu'il eût essuyé. Le philosophe lui parut d'autant plus ingrat qu'il était plus désintéressé. Le comte de Maurepas, son protecteur auprès du premier ministre, sollicita M. de Maupertuis d'accepter cette modique pension et d'écrire à Son Éminence une lettre d'excuse. Mais M. de Maupertuis, outré de la récompense dont on payait ses travaux, fut toujours inflexible. Il dit même à M. de Maurepas, dans un moment de vivacité, que le cardinal pouvait donner cette pension à son valet de chambre, qui avait aussi fait le voyage du Pôle et qui en était revenu malade. M. de Maurepas crut ne devoir plus être son ami que secrètement. [Après la mort de Fleury] M. de Maupertuis, voyant que l'espérance des bienfaits du Roi lui était désormais promise, profita de l'estime et de l'amitié que M. de Maurepas avait pour lui. Il lui rappela que le cardinal de Fleury avait avili, par l'offre d'une pension de 1200 liv[res], une entreprise glorieuse à la France, et dont M. de Maurepas même avait été le promoteur. Ce ministre, pour récompenser M. de Maupertuis, sans blâmer l'honneur du cardinal, trouva un expédient également utile à l'Académie des sciences, à la marine et son ami. Ce fut de lui donner une pension de 4 000 liv[res], à condition qu'il travaillerait à perfectionner la navigation (La Beaumelle 56, pp. 53-54, 81). La pension de Maupertuis ne fut pas répartie sur les autres membres de l'expédition, qui touchaient encore 1 000 # en 1758 et 1759 (AN, F4 1940). La pension sur la marine se monte en réalité à 3 000 # et son attribution fut décidée dès 1739 (officiellement le 1 janvier 1740), bien avant la mort du cardinal de Fleury en 1743. Le 28 novembre 1739, Maupertuis (Paris) écrit à sa soeur : [Je] vous dirai une nouvelle qui je crois vous fera bien du plaisir, c'est que je vais être chargé de travailler à perfectionner la navigation avec une pension de mille ecus. M. de Maurepas a fait cela avec une grace infinie et de tout ce qu'il pouvoit me donner, c'est ce qui pouvoit me faire le plus de plaisir, cela étant encore plus honorable qu'utile. J'ai maintenant 6 600 # de bienfaits du Roi. J'ay été fêté et gratieusé partout et ay diné plusieurs fois chez M. le Cardinal. Je vous dit tout ceci par le menu parce que je scais le plaisir que cela vous fait (AAS, 43 J, 68/04). Le 28 décembre 1739, Maupertuis écrit à Jean II Bernoulli : Je suis chargé par le Roy de travailler a la perfection de la navigation avec 3 000 # d'apointement. C'est une place que M. de Maurepas a fait creer pour moy (UB Basel, L I a 708, f. 39r). Le [13 janvier 1740], [Maurepas] écrit à Maupertuis : J'ai recû, Monsieur, votre lettre du 21 du mois dernier et le mémoire qui y etoit joint par lequel vous expliquez le plan de travail que vous vous êtes formé pour parvenir a perfectionner la navigation. J'en ay rendu compte au Roy, et Sa Majesté qui l'a approuvé m'a permis de vous expedier le brevet que je vous envoye. Je connois assez votre zele pour être persuadé que vous remplirez avec succès les intentions du Roy, et que l'on ne pourroit mieux employer les 3 000 # d'appointements qui vous ont été accordés pour ce travail. Je suis, M[onsieu]r, tres parfaitement a vous (AN, mar, B2 310, f. 450). Le brevet joint à la lettre : Brevet de 3 000 # d'appointem[en]t pour le s[ieu]r Moreau de Maupertuis Aujourd'hui le [rayé : 27 xbre 1739] 1er j[anvie]r 1740, le Roy estant a Versailles considerant les avantages que doivent procurer le travail et les experiences qui se font par ses ordres pour perfectionner les arts qui ont rapport a la Marine et combien il est important de faire travailler en mesme temps a perfectionner celuy de la navigation qui enseigne a conduire les vaisseaux, lequel n'est pas a beaucoup pres au point ou il pourroit estre faute de bonne methode pour l'instruction des pilotes et faute aussy de faire essayer des meilleures machines et instruments propres a diriger la route des vaisseaux, et jugeant que pour parvenir et mettre dans sa perfection un art qui est aussy utile et dont dependent les biens des commercants et la vie des navigateurs, il est a propos de charger un scavant mathematicien d'examiner les pratiques dont se servent les navigateurs de toutes les nations et les machines et instruments qu'ils employent a la mer, de faire usage et eprouver ceux qui ont esté proposés en differents temps a l'Academie des sciences et les autres qui ont esté inventés ou pourront l'estre dans la suite, d'examiner pareillement et comparer les journaux des voyages qui meritent le plus d'attention et les livres ou methode qui contiennent les principes et les regles que les maistres d'hydrographie enseignent a leurs ecoliers, et de travailler ensuite a faire une methode plus exacte et plus parfaite pour servir a l'instruction des pilotes dans toutes les ecoles d'hydrographie. [S]a Ma[jes]té a estimé ne pouvoir choisir personne plus capable de remplir ses vues a cet egard que le s[ieu]r Moreau de Maupertuis, pensionnaire de l'Académie des sciences, en qui elle a reconnu les valeurs necessaires pour entreprendre et executer un pareil travail, tant par l'application particuliere qu'il a deja apportée a la science de la navigation par les preuves qu'il a données de son zele, de son experience et de sa capacité dans tous les ouvrages, ainsy que dans les operations qu'il a esté faire vers les poles par ordre de Sa Ma[jes]té, et en cette consideration, elle luy a accordé et accorde 3 000 # d'appointement pour en estre payé chaque année sur ses simples quittances par les tresoriers generaux de la Marine en exercice et pour en jouir tant qu'il plaira a Sa Ma[jes]té, laquelle pour assurance de da volonté m'a demandé d'expedier le present brevet qu'elle a voulu estre signé de sa main et contresigné par moy conseiller en tous ses conseils et secretaire d'estat et de ses commandements et finances (AN, mar, B2 310, f. 438). Le 13 janvier 1740, l'abbé Le Blanc écrit à Bouhier : M. de Maupertuis à qui le voyage au Nord n'a valu que douze cents livres de pension, a passé à Fontainebleau tout le temps que la cour y a séjourné. Il y a joué de la guitare à la toilette des duchesses, et au souper des ministres. Ce dont on l'a récompensé par un emploi sans fonction qu'on a crée exprès pour lui donner mille écus de plus qu'il n'avait. Ici on obtient tout quand on est préconisé par les femmes, et partout il vaut mieux amuser les hommes que leur être utile (D 2141). Le 29 janvier, il précise : Il est difficile de donner un nom à la place qu'à Maupertuis ; ni la cour qui la lui a donnée, ni lui qui la possède n'en ont encore pu trouver un. Il est chargé de dresser les cahiers que l'on doit enseigner dans toutes les écoles de marine, où l'on instruit les jeunes gens dans l'art de la navigation, et cela s'appellera je crois, Maître des classes, mais de quelque façon que l'on nomme cette place, je dirai volontiers à Maupertuis : Prenez le titre, et laissez-moi la rente (D 2150). Un an plus tard, le 14 janvier 1741 à Berlin, Maupertuis écrit à sa soeur : Puisque mon père vous a raconté l'histoire de la pension, je ne vous en parle point; Il faut être aussi attaché à la France ou plûtot à vous et à mon pere que je le suis pour ne pas avoir envoyé promené ce païs la et ne m'être pas établi dans un autre ou on a tant de bontés pour moy. Ils ont eu honte de voir que le Roi de Prusse, avant que je lui eusse rendu aucun service me donnât une pension presque deux fois plus forte que celle qu'ils me donnent, et j'ay été la victime de cette honte. Ils m'ont encore voulu chagriner depuis, et l'on me demande déjà quand je retournerai en France : j'ay repondu que ce seroit des qu'on me l'ordonneroit, mais cependant le plus tard que je pourrois (AAS, 43 J, 68/05). Une quittance pour le paiement annuel de cette pension : 3 000 # au s[ieur] Moreau de Maupertuis, preposé pour perfectionner la navigation, app[ointemen]t de l'année 1740. 9 avril 1741 De par le Roy, tresorier général de la marine M[essir]e Bathelemy Mouffle de la Tuillerie, payez comptant des deniers de votre exercice de l'annee derniere 1740 au s[ieu]r Moreau de Maupertuis, pensionnaire de l'Academie des sciences, preposé pour perfectionner la navigation et les instruments qui y servent, la somme de trois mille livres que nous luy avons ordonnée et ordonnons pour ses appointemens de lad[ite] année, en lad[ite] derniere qualité, conformement au brevet que nous lui avons fait expedier a cet effet le p[remie]r janvier 1740. Et rapportant par vous copie collationnée dud[it] brevet avec la presente ord[onnan]ce et la quittance dud[it] s[ieur] de Maupertuis lad[ite] somme de [3 000] # sera passée et alloüée en la depense de vos comptes etc. Donné a Versailles le 9 avril 1741 (AN, mar, C7 219, dossier Moreau de Maupertuis). Des quittances similaires pour les années 1741 à 1744 se trouvent également dans son dossier à la marine. La dernière est datée du 18 avril 1745 (AN, mar, C7 219, dossier Moreau de Maupertuis). Quoique la date « 1748 » soit inscrite très lisiblement sur ce document, il paraît plutôt être daté des alentours de juin 1742 : 1748 Longitudes M. de Maupertuis ayant êté chargé par M. le comte de Maurepas de travailler a ce qui peut perfectionner l'art de la navigation, a tourné toutes ses vuës de ce coté là. Il a composé en Prusse un ouvrage sur la parallaxe de la Lune [(Maupertuis 41)] qui peut beaucoup avancer la science des longitudes. Il a fait imprimer cet ouvrage, des qu'il a êté de retour a Paris. Comme les travaux dont il avoit êté chargé pour determiner la figure de la Terre ont un rapport essentiel avec la navigation, et qu'en Angleterre on a déjà appliqué aux regles du pilotage les decouvertes des accademiciens françois, M. de Maupertuis revendique ce qui leur appartient dans un traité de loxodromie qu'il vient de faire [HARS 1744 (1748), Mém., pp. 462-474. Une note en marge du mémoire indique qu'il a été lu 30 mai 1742 NDM], qui contient toutes les regles du pilotage, demontrées d'une maniere nouvelle, et perfectionnées par les nouvelles decouvertes. Le traité de la parallaxe de la Lune et celuy ci feront connoitre les avantages que l'astronomie et la navigation retirent de la decouverte de la figure de la Terre. Voilà ce que M. de Maupertuis a fait jusqu'icy. Pour rendre son travail plus utile a la patrie, et plus digne de la confiance des ministres, pendant qu'il s'applique a perfectionner l'art, il pourroit aussy s'appliquer a perfectionner la maniere dont on l'enseigne. Pour cela il faudroit examiner l'état actuel des ecoles d'hydrographie, ce qui y manque, et ce qu'on y peut perfectionner, tant par le choix des professeurs que par celuy des livres qui s'y enseignent, et par l'etude de quelques arts ou sciences qui influënt sur la navigation, avoir une correspondance reglée avec les professeurs, faire de tems en tems la visite des ecoles, examiner avec soin les journaux des pilotes etc. On a crée pour le s[ieur] Vaucanson [en 1741 NDM] une place d'inspecteur des manufactures, qui est un employ dont l'objet est infiniment moins considerable que celuy ci (AN, mar, 3 JJ 7, pièce 27). Maupertuis s'est également vu proposer, par le biais de Catemir, une pension de 200 roubles de la part de l'Académie de Saint-Pétersbourg. En 1738 ou 1739, Korff, le président de l'Académie de Saint-Pétersbourg écrit à Catemir : L'Académie des sciences de S[ain]t-Pétersbourg ayant jugé à propos de recevoir M. de Maupertuis en qualité d'académicien honoraire, et Monsieur le général de Keith qui part après-demain pour Paris, s'étant bien voulu charger du diplôme expédié pour cet effet, j'ai l'honneur de vous l'adresser, Monsieur, dans l'opinion où je suis que ce témoignage de l'Académie rend au mérite de M. de Maupertuis, lui sera infiniment plus cher, lorsqu'il le recevra de vos mains, et que vous ne refuserez pas à l'Académie la grâce qu'elle vous demande en cette occasion après tant de bontés, dont elle vous est déjà redevable (Majkov 03, p. 123). Le (15) 4 février 1739, Cantemir écrit à Korff : Mille livres tournois [...] paraitraient [à Maupertuis] autant que dix, car il ne cherche que l'honneur (Majkov 03, p. 329) (Ehrhard 38, p. 201). Le (12) 1 mai 1739, Korff écrit à Cantemir : À l'égard de M. Maupertuis, je suis très porté à lui accorder une pension de la part de l'Académie des sciences, mais les dépenses en étant déjà excessives, j'espère qu'il prendra patience jusqu'à ce qu'il plaise à Sa Majesté impériale d'en augmenter les revenus, ce qui se fera (comme j'ai tout lieu de le croire) dans peu de temps. L'estime que Votre excellence témoigne pour le mérite de M. de Maupertuis lui est extrêmement avantageuse, et je vous prie, Monsieur, d'être persuadé que j'aurai pour cet académicien tous les égards possibles dans les occasions qui se présenteront de lui rendre service en ce pays (Majkov 03, p. 142). Le (16) 5 mars 1740, Korff écrit à Cantemir : J'ai reçu les deux lettres que Votre Excellence me fit l'honneur de m'écrire du 17 et 27 janv[ier] n[ouveau] st[yle] et n'aurais pas manqué de répondre incontinent à l'une et à l'autre, si l'affaire de la pension destinée à M. de Maupertuis n'avait demandée quelque délai dans la situation présente de l'Académie. Cette affaire vient d'être terminée conformément à l'intention de V[otre] E[xcellence]. M. de Maupertuis recevra de la part de l'Académie des sciences la pension de 200 roubles pas an et j'ai une satisfaction toute particulière d'avoir pu donner à Votre Excellence cette petite preuve de l'extrême attention que j'ai à tout ce qui m'est recommandé de Sa part (AAN, F. 1, op. 3, Nr. 27, Bl. 183)(Grasshoff 66, p. 192). Maupertuis est le premier français à bénéficier d'une telle pension [sans résider en Russie] (Radovskij 59, p. 49) (Lemny 09, p. 246). Mais en 1740, Maupertuis écrit à Jean II Bernoulli : La pension que l'impératrice de Russie m'a offerte etoit de 200 roubles, mais comme j'ay actuellem[en]t 7 000 # de pension du Roy et que j'ay cru voir que l'on trouveroit mauvais que j'acceptasse des pens[ions] d'autres souverains, j'ay pris le party de remercier, mais de la [« refuser » sans doute, mais il me manque la fin !] (UB Basel, L I a 708 [Je présume], f. ?). Maupertuis part en 1745 s'installer à Berlin pour y prendre ses fonctions de président de l'Académie avec 12 000 livres d'appointements (cf. 27 avril 1745 (1)). Sa pension de 3 000 livres sur la marine est alors attribuée à Bouguer. Le témoignage de ce dernier se trouve dans une lettre à [Rouillé] du 11 mai 1749 : Quelques mois après mon retour [du Pérou], M. de Maupertuis qui étoit préposé pour travailler à la perfection des instrumens et des pratiques des pilotes, et generalement de tout ce qui dans la marine a quelque raport aux mathématiques, passa en Prusse, et laissa vacante la place qu'il occupoit. M. le comte de Maurepas me fit l'honneur de jetter les yeux sur moi pour la remplir, ce qui m'a determiné à m'appliquer d'avantage à la marine. J'ay publié depuis mon arrivée un assez gros livre sur la construction des vaisseaux et sur la theorie de leur manoeuvre [(Bouguer 46a)], et je me suis engagé d'en donner un autre sur le pilotage [(Bouguer 53)] (AN, mar, C7 40, dossier Bouguer). Des quittances semestrielles de 1 500 # comme « préposé pour perfectionner la navigation », la première datée du 31 octobre 1745,sont conservées dans le dossier de Bouguer à la marine. Ce dossier montre qu'il a obtenu une gratification exceptionnelle de 2 000 # en 1750 (AN, mar, C7, 40, dossier Bouguer). À la mort de Bouguer, cette pension de 3 000 # sera partagée entre Clairaut et Le Monnier (cf. 28 août 1758 (2)). Parallèlement au transfert de sa pension sur la marine à Bouguer, Maupertuis voit sa pension sur le voyage au Nord portée à 4 000 livres : Brevet de 4 000 # de pension pour le s[ieu]r de Maupertuis Aujourd'hui 17 aoust 1746, le Roy étant a Versailles s'est fait représenter son brevet du 1er [novem]bre 1737 par lequel Sa Majesté avait accordé au s[ieu]r de Maupertuis une pension de 1 200 # au retour du voyage qu'il avait fait dans le Nord ou il avait eté envoyé avec quelques autres académiciens pour mesurer des degrés sous le pole et y faire des observations capables de déterminer la véritable figure de la Terre ; led[it] s[ieur] de Maupertuis s'etant conduit dans cette entreprise avec tout le zele qu'il avait fait paroitre en toute occasion pour le service de Sa Ma[jes]té, le succés a repondu a ce qu'elle pouvait attendre de ses lumiéres et de son activité : Sa M[ajes]té voulant luy donner des nouvelles marques de son estime et de sa bienveillance, le récompense d'une maniere distinguée du devouement qu 'il a fait paroitre sur ce qui pouvait contribuer au progrés des sciences, et à la sureté de la navigation, Sa M[ajes]té a accordé et fait don aud[it] s[ieur] de Maupertuis, de la somme de 4 000 # de pension annuelle y compris celle de 1 200 # ci-dessus annoncée, veut et entend Sa M[ajes]té qu'il jouisse sa vie durant de lad[ite] somme de 4 000 # pour en être payé [etc.] (AN, O1 90, f. 223).
Abréviations
AAN : Archives de l'Académie des sciences de Russie, Saint-Pétersbourg.
AAS : Archives de l'Académie des sciences, Paris.
AN : Archives nationales.
HARS 17.. : Histoire de l'Académie royale des sciences [de Paris] pour l'année 17.., avec les mémoires...
Lemny (Stefan), Les Cantemir, Complexe, 2009 [Cantemir].
Majkov (L. N.), Materialy dlja biografii kn. A. D. Kantemira, Saint-Pétersbourg, 1903 [Cantemir].
Maupertuis (Pierre-Louis Moreau de), Discours sur la parallaxe de la Lune pour perfectionner la théorie de la Lune et celle de la Terre, Paris, 1741 [Télécharger] [Maupertuis] [3 septembre 1735 (1)] [Plus].
Radovskij (M. I.), Antioh Kantemir i Peterburgskaja Akademija Nauk, Moscou-Leningrad, 1959, p. 13.
Voltaire (François Marie Arouet, dit), The Complete Works of Voltaire, 13? vol., Th. Besterman et al. Eds, Genève-Oxford, 1968- [Chronologie SA] [(1 juillet) 20 juin [1731]] [Plus].
Courcelle (Olivier), « 1 novembre 1737 (1) : Pension », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n1novembre1737po1pf.html [Notice publiée le 3 février 2012].
M. Outhier [...] fut envoyé au Nord vers 1736 avec les autres académiciens de Paris. Son voyage, payé grassement, ne fut point compris d'abord dans la distribution des pensions données à tous les autres, même à un étranger, M. Celsius, qui les avait accompagnés comme par hasard. M. de Maupertuis fit en cette occasion un bel acte de générosité. [Il] alla trouver M. le cardinal [de] Fleury, lui témoigna sa surprise de ce qu'on n'avait point donné de pension à M. Outhier, qui avait travaillé plus que les autres dans le voyage — excellent observateur, très industrieux pour les instruments, et pour leur graduation. [Maupertuis] déclara qu'il aimait mieux renoncer à sa pension, que de voir M. Outhier sans récompense. Le cardinal fit donner à M. Outhier une pension de 1 200 livres sur une abbaye, dont l'abbé lui écrivit très honnêtement, avec promesse de lui faire remettre la somme tous les ans exactement, et sans frais (De Quens (Charles), Recueil Mezeray, Bibliothèque municipale de Caen, Ms 154, pp. 356-357) (Charma 56). La pension de Le Monnier sera portée à 1 000 livres le 25 décembre 1739 (AN, O1 83, f. 463). Maurepas informera Clairaut de l'attribution de sa pension le 24 novembre (cf. 24 novembre 1737 (1)). À cette pension s'ajoutera celle que Clairaut recevra bientôt à l'Académie (cf. 12 mai 1738 (1)). Dans les Mémoires historiques pour le siècle courant :
Le Roi a accordé des pensions à MM. de l'Académie des sciences qui ont fait des opérations astronomiques dans le Nord, entre autres une de 1 200 livres à M. de Maupertuis. On assure que S. M. en a aussi accordé une au savant astronomes danois [! Celsius] qui a accompagné ces messieurs, mais on ne dit point de combien elle est [1 000 #, cf. 12 avril 1737 (1)] (Mémoires historiques pour le siècle courant, décembre 1737, p. 705). Dans la Clef du cabinet des princes :
Messieurs de l'Académie des sciences qui ont fait les opérations astronomiques dans le Nord, ont obtenu des pensions du Roi, M. de Maupertuis, entr'autres, en a eu une de 1 200 livres (La clef du cabinet des princes, février 1738, p. 118). Selon la marquise du Châtelet, les pensions furent jugées médiocres et Maupertuis demanda à ce que la sienne fût répartie sur ses compagnons (cf. 10 janvier 1738 (1)). Cela coïncide avec ce qu'en dira La Beaumelle :
M. le cardinal de Fleury répandit sur les académiciens les bienfaits du Roi. Il donna cent pistoles de pension à chacun d'eux, et distingua M. de Maupertuis en lui en donnant vingt de plus [M. de Maupertuis reçut au mois de décembre [le 22 mai 1737 (cf. 22 mai 1737 (1) !] la nouvelle que le Roi avait aussi donné à Celsius 1 000 livres de pension [cf. 12 avril 1737 (1)]. Ce fut M. de Maurepas qui le lui dit NDA]. M. de Maupertuis jugeant que le cardinal de Fleury, chargé de la reconnaissance de l'univers, s'en acquittait avec trop d'économie, le remercia de ses bontés, l'assura que le plaisir et la gloire d'avoir bien fait était la seule récompense qu'il eût ambitionnée, et le pria de répartir entre ses collègues la pension qu'il lui destinait. Le cardinal de Fleury fut piqué de ce refus, le premier peut-être qu'il eût essuyé. Le philosophe lui parut d'autant plus ingrat qu'il était plus désintéressé. Le comte de Maurepas, son protecteur auprès du premier ministre, sollicita M. de Maupertuis d'accepter cette modique pension et d'écrire à Son Éminence une lettre d'excuse. Mais M. de Maupertuis, outré de la récompense dont on payait ses travaux, fut toujours inflexible. Il dit même à M. de Maurepas, dans un moment de vivacité, que le cardinal pouvait donner cette pension à son valet de chambre, qui avait aussi fait le voyage du Pôle et qui en était revenu malade. M. de Maurepas crut ne devoir plus être son ami que secrètement.
[Après la mort de Fleury]
M. de Maupertuis, voyant que l'espérance des bienfaits du Roi lui était désormais promise, profita de l'estime et de l'amitié que M. de Maurepas avait pour lui. Il lui rappela que le cardinal de Fleury avait avili, par l'offre d'une pension de 1200 liv[res], une entreprise glorieuse à la France, et dont M. de Maurepas même avait été le promoteur. Ce ministre, pour récompenser M. de Maupertuis, sans blâmer l'honneur du cardinal, trouva un expédient également utile à l'Académie des sciences, à la marine et son ami. Ce fut de lui donner une pension de 4 000 liv[res], à condition qu'il travaillerait à perfectionner la navigation (La Beaumelle 56, pp. 53-54, 81). La pension de Maupertuis ne fut pas répartie sur les autres membres de l'expédition, qui touchaient encore 1 000 # en 1758 et 1759 (AN, F4 1940). La pension sur la marine se monte en réalité à 3 000 # et son attribution fut décidée dès 1739 (officiellement le 1 janvier 1740), bien avant la mort du cardinal de Fleury en 1743. Le 28 novembre 1739, Maupertuis (Paris) écrit à sa soeur :
[Je] vous dirai une nouvelle qui je crois vous fera bien du plaisir, c'est que je vais être chargé de travailler à perfectionner la navigation avec une pension de mille ecus. M. de Maurepas a fait cela avec une grace infinie et de tout ce qu'il pouvoit me donner, c'est ce qui pouvoit me faire le plus de plaisir, cela étant encore plus honorable qu'utile. J'ai maintenant 6 600 # de bienfaits du Roi. J'ay été fêté et gratieusé partout et ay diné plusieurs fois chez M. le Cardinal. Je vous dit tout ceci par le menu parce que je scais le plaisir que cela vous fait (AAS, 43 J, 68/04). Le 28 décembre 1739, Maupertuis écrit à Jean II Bernoulli :
Je suis chargé par le Roy de travailler a la perfection de la navigation avec 3 000 # d'apointement. C'est une place que M. de Maurepas a fait creer pour moy (UB Basel, L I a 708, f. 39r). Le [13 janvier 1740], [Maurepas] écrit à Maupertuis :
J'ai recû, Monsieur, votre lettre du 21 du mois dernier et le mémoire qui y etoit joint par lequel vous expliquez le plan de travail que vous vous êtes formé pour parvenir a perfectionner la navigation. J'en ay rendu compte au Roy, et Sa Majesté qui l'a approuvé m'a permis de vous expedier le brevet que je vous envoye. Je connois assez votre zele pour être persuadé que vous remplirez avec succès les intentions du Roy, et que l'on ne pourroit mieux employer les 3 000 # d'appointements qui vous ont été accordés pour ce travail. Je suis, M[onsieu]r, tres parfaitement a vous (AN, mar, B2 310, f. 450). Le brevet joint à la lettre :
Brevet de 3 000 # d'appointem[en]t pour le s[ieu]r Moreau de Maupertuis
Aujourd'hui le [rayé : 27 xbre 1739] 1er j[anvie]r 1740, le Roy estant a Versailles considerant les avantages que doivent procurer le travail et les experiences qui se font par ses ordres pour perfectionner les arts qui ont rapport a la Marine et combien il est important de faire travailler en mesme temps a perfectionner celuy de la navigation qui enseigne a conduire les vaisseaux, lequel n'est pas a beaucoup pres au point ou il pourroit estre faute de bonne methode pour l'instruction des pilotes et faute aussy de faire essayer des meilleures machines et instruments propres a diriger la route des vaisseaux, et jugeant que pour parvenir et mettre dans sa perfection un art qui est aussy utile et dont dependent les biens des commercants et la vie des navigateurs, il est a propos de charger un scavant mathematicien d'examiner les pratiques dont se servent les navigateurs de toutes les nations et les machines et instruments qu'ils employent a la mer, de faire usage et eprouver ceux qui ont esté proposés en differents temps a l'Academie des sciences et les autres qui ont esté inventés ou pourront l'estre dans la suite, d'examiner pareillement et comparer les journaux des voyages qui meritent le plus d'attention et les livres ou methode qui contiennent les principes et les regles que les maistres d'hydrographie enseignent a leurs ecoliers, et de travailler ensuite a faire une methode plus exacte et plus parfaite pour servir a l'instruction des pilotes dans toutes les ecoles d'hydrographie.
[S]a Ma[jes]té a estimé ne pouvoir choisir personne plus capable de remplir ses vues a cet egard que le s[ieu]r Moreau de Maupertuis, pensionnaire de l'Académie des sciences, en qui elle a reconnu les valeurs necessaires pour entreprendre et executer un pareil travail, tant par l'application particuliere qu'il a deja apportée a la science de la navigation par les preuves qu'il a données de son zele, de son experience et de sa capacité dans tous les ouvrages, ainsy que dans les operations qu'il a esté faire vers les poles par ordre de Sa Ma[jes]té, et en cette consideration, elle luy a accordé et accorde 3 000 # d'appointement pour en estre payé chaque année sur ses simples quittances par les tresoriers generaux de la Marine en exercice et pour en jouir tant qu'il plaira a Sa Ma[jes]té, laquelle pour assurance de da volonté m'a demandé d'expedier le present brevet qu'elle a voulu estre signé de sa main et contresigné par moy conseiller en tous ses conseils et secretaire d'estat et de ses commandements et finances (AN, mar, B2 310, f. 438). Le 13 janvier 1740, l'abbé Le Blanc écrit à Bouhier :
M. de Maupertuis à qui le voyage au Nord n'a valu que douze cents livres de pension, a passé à Fontainebleau tout le temps que la cour y a séjourné. Il y a joué de la guitare à la toilette des duchesses, et au souper des ministres. Ce dont on l'a récompensé par un emploi sans fonction qu'on a crée exprès pour lui donner mille écus de plus qu'il n'avait. Ici on obtient tout quand on est préconisé par les femmes, et partout il vaut mieux amuser les hommes que leur être utile (D 2141). Le 29 janvier, il précise :
Il est difficile de donner un nom à la place qu'à Maupertuis ; ni la cour qui la lui a donnée, ni lui qui la possède n'en ont encore pu trouver un. Il est chargé de dresser les cahiers que l'on doit enseigner dans toutes les écoles de marine, où l'on instruit les jeunes gens dans l'art de la navigation, et cela s'appellera je crois, Maître des classes, mais de quelque façon que l'on nomme cette place, je dirai volontiers à Maupertuis : Prenez le titre, et laissez-moi la rente (D 2150). Un an plus tard, le 14 janvier 1741 à Berlin, Maupertuis écrit à sa soeur :
Puisque mon père vous a raconté l'histoire de la pension, je ne vous en parle point; Il faut être aussi attaché à la France ou plûtot à vous et à mon pere que je le suis pour ne pas avoir envoyé promené ce païs la et ne m'être pas établi dans un autre ou on a tant de bontés pour moy. Ils ont eu honte de voir que le Roi de Prusse, avant que je lui eusse rendu aucun service me donnât une pension presque deux fois plus forte que celle qu'ils me donnent, et j'ay été la victime de cette honte. Ils m'ont encore voulu chagriner depuis, et l'on me demande déjà quand je retournerai en France : j'ay repondu que ce seroit des qu'on me l'ordonneroit, mais cependant le plus tard que je pourrois (AAS, 43 J, 68/05). Une quittance pour le paiement annuel de cette pension :
3 000 # au s[ieur] Moreau de Maupertuis, preposé pour perfectionner la navigation, app[ointemen]t de l'année 1740.
9 avril 1741
De par le Roy, tresorier général de la marine M[essir]e Bathelemy Mouffle de la Tuillerie, payez comptant des deniers de votre exercice de l'annee derniere 1740 au s[ieu]r Moreau de Maupertuis, pensionnaire de l'Academie des sciences, preposé pour perfectionner la navigation et les instruments qui y servent, la somme de trois mille livres que nous luy avons ordonnée et ordonnons pour ses appointemens de lad[ite] année, en lad[ite] derniere qualité, conformement au brevet que nous lui avons fait expedier a cet effet le p[remie]r janvier 1740. Et rapportant par vous copie collationnée dud[it] brevet avec la presente ord[onnan]ce et la quittance dud[it] s[ieur] de Maupertuis lad[ite] somme de [3 000] # sera passée et alloüée en la depense de vos comptes etc. Donné a Versailles le 9 avril 1741 (AN, mar, C7 219, dossier Moreau de Maupertuis). Des quittances similaires pour les années 1741 à 1744 se trouvent également dans son dossier à la marine. La dernière est datée du 18 avril 1745 (AN, mar, C7 219, dossier Moreau de Maupertuis). Quoique la date « 1748 » soit inscrite très lisiblement sur ce document, il paraît plutôt être daté des alentours de juin 1742 :
1748
Longitudes
M. de Maupertuis ayant êté chargé par M. le comte de Maurepas de travailler a ce qui peut perfectionner l'art de la navigation, a tourné toutes ses vuës de ce coté là. Il a composé en Prusse un ouvrage sur la parallaxe de la Lune [(Maupertuis 41)] qui peut beaucoup avancer la science des longitudes. Il a fait imprimer cet ouvrage, des qu'il a êté de retour a Paris.
Comme les travaux dont il avoit êté chargé pour determiner la figure de la Terre ont un rapport essentiel avec la navigation, et qu'en Angleterre on a déjà appliqué aux regles du pilotage les decouvertes des accademiciens françois, M. de Maupertuis revendique ce qui leur appartient dans un traité de loxodromie qu'il vient de faire [HARS 1744 (1748), Mém., pp. 462-474. Une note en marge du mémoire indique qu'il a été lu 30 mai 1742 NDM], qui contient toutes les regles du pilotage, demontrées d'une maniere nouvelle, et perfectionnées par les nouvelles decouvertes. Le traité de la parallaxe de la Lune et celuy ci feront connoitre les avantages que l'astronomie et la navigation retirent de la decouverte de la figure de la Terre.
Voilà ce que M. de Maupertuis a fait jusqu'icy.
Pour rendre son travail plus utile a la patrie, et plus digne de la confiance des ministres, pendant qu'il s'applique a perfectionner l'art, il pourroit aussy s'appliquer a perfectionner la maniere dont on l'enseigne.
Pour cela il faudroit examiner l'état actuel des ecoles d'hydrographie, ce qui y manque, et ce qu'on y peut perfectionner, tant par le choix des professeurs que par celuy des livres qui s'y enseignent, et par l'etude de quelques arts ou sciences qui influënt sur la navigation, avoir une correspondance reglée avec les professeurs, faire de tems en tems la visite des ecoles, examiner avec soin les journaux des pilotes etc.
On a crée pour le s[ieur] Vaucanson [en 1741 NDM] une place d'inspecteur des manufactures, qui est un employ dont l'objet est infiniment moins considerable que celuy ci (AN, mar, 3 JJ 7, pièce 27). Maupertuis s'est également vu proposer, par le biais de Catemir, une pension de 200 roubles de la part de l'Académie de Saint-Pétersbourg. En 1738 ou 1739, Korff, le président de l'Académie de Saint-Pétersbourg écrit à Catemir :
L'Académie des sciences de S[ain]t-Pétersbourg ayant jugé à propos de recevoir M. de Maupertuis en qualité d'académicien honoraire, et Monsieur le général de Keith qui part après-demain pour Paris, s'étant bien voulu charger du diplôme expédié pour cet effet, j'ai l'honneur de vous l'adresser, Monsieur, dans l'opinion où je suis que ce témoignage de l'Académie rend au mérite de M. de Maupertuis, lui sera infiniment plus cher, lorsqu'il le recevra de vos mains, et que vous ne refuserez pas à l'Académie la grâce qu'elle vous demande en cette occasion après tant de bontés, dont elle vous est déjà redevable (Majkov 03, p. 123). Le (15) 4 février 1739, Cantemir écrit à Korff :
Mille livres tournois [...] paraitraient [à Maupertuis] autant que dix, car il ne cherche que l'honneur (Majkov 03, p. 329) (Ehrhard 38, p. 201). Le (12) 1 mai 1739, Korff écrit à Cantemir :
À l'égard de M. Maupertuis, je suis très porté à lui accorder une pension de la part de l'Académie des sciences, mais les dépenses en étant déjà excessives, j'espère qu'il prendra patience jusqu'à ce qu'il plaise à Sa Majesté impériale d'en augmenter les revenus, ce qui se fera (comme j'ai tout lieu de le croire) dans peu de temps. L'estime que Votre excellence témoigne pour le mérite de M. de Maupertuis lui est extrêmement avantageuse, et je vous prie, Monsieur, d'être persuadé que j'aurai pour cet académicien tous les égards possibles dans les occasions qui se présenteront de lui rendre service en ce pays (Majkov 03, p. 142). Le (16) 5 mars 1740, Korff écrit à Cantemir :
J'ai reçu les deux lettres que Votre Excellence me fit l'honneur de m'écrire du 17 et 27 janv[ier] n[ouveau] st[yle] et n'aurais pas manqué de répondre incontinent à l'une et à l'autre, si l'affaire de la pension destinée à M. de Maupertuis n'avait demandée quelque délai dans la situation présente de l'Académie. Cette affaire vient d'être terminée conformément à l'intention de V[otre] E[xcellence]. M. de Maupertuis recevra de la part de l'Académie des sciences la pension de 200 roubles pas an et j'ai une satisfaction toute particulière d'avoir pu donner à Votre Excellence cette petite preuve de l'extrême attention que j'ai à tout ce qui m'est recommandé de Sa part (AAN, F. 1, op. 3, Nr. 27, Bl. 183)(Grasshoff 66, p. 192). Maupertuis est le premier français à bénéficier d'une telle pension [sans résider en Russie] (Radovskij 59, p. 49) (Lemny 09, p. 246). Mais en 1740, Maupertuis écrit à Jean II Bernoulli :
La pension que l'impératrice de Russie m'a offerte etoit de 200 roubles, mais comme j'ay actuellem[en]t 7 000 # de pension du Roy et que j'ay cru voir que l'on trouveroit mauvais que j'acceptasse des pens[ions] d'autres souverains, j'ay pris le party de remercier, mais de la [« refuser » sans doute, mais il me manque la fin !] (UB Basel, L I a 708 [Je présume], f. ?). Maupertuis part en 1745 s'installer à Berlin pour y prendre ses fonctions de président de l'Académie avec 12 000 livres d'appointements (cf. 27 avril 1745 (1)). Sa pension de 3 000 livres sur la marine est alors attribuée à Bouguer. Le témoignage de ce dernier se trouve dans une lettre à [Rouillé] du 11 mai 1749 :
Quelques mois après mon retour [du Pérou], M. de Maupertuis qui étoit préposé pour travailler à la perfection des instrumens et des pratiques des pilotes, et generalement de tout ce qui dans la marine a quelque raport aux mathématiques, passa en Prusse, et laissa vacante la place qu'il occupoit. M. le comte de Maurepas me fit l'honneur de jetter les yeux sur moi pour la remplir, ce qui m'a determiné à m'appliquer d'avantage à la marine. J'ay publié depuis mon arrivée un assez gros livre sur la construction des vaisseaux et sur la theorie de leur manoeuvre [(Bouguer 46a)], et je me suis engagé d'en donner un autre sur le pilotage [(Bouguer 53)] (AN, mar, C7 40, dossier Bouguer). Des quittances semestrielles de 1 500 # comme « préposé pour perfectionner la navigation », la première datée du 31 octobre 1745,sont conservées dans le dossier de Bouguer à la marine. Ce dossier montre qu'il a obtenu une gratification exceptionnelle de 2 000 # en 1750 (AN, mar, C7, 40, dossier Bouguer). À la mort de Bouguer, cette pension de 3 000 # sera partagée entre Clairaut et Le Monnier (cf. 28 août 1758 (2)). Parallèlement au transfert de sa pension sur la marine à Bouguer, Maupertuis voit sa pension sur le voyage au Nord portée à 4 000 livres :
Brevet de 4 000 # de pension pour le s[ieu]r de Maupertuis
Aujourd'hui 17 aoust 1746, le Roy étant a Versailles s'est fait représenter son brevet du 1er [novem]bre 1737 par lequel Sa Majesté avait accordé au s[ieu]r de Maupertuis une pension de 1 200 # au retour du voyage qu'il avait fait dans le Nord ou il avait eté envoyé avec quelques autres académiciens pour mesurer des degrés sous le pole et y faire des observations capables de déterminer la véritable figure de la Terre ; led[it] s[ieur] de Maupertuis s'etant conduit dans cette entreprise avec tout le zele qu'il avait fait paroitre en toute occasion pour le service de Sa Ma[jes]té, le succés a repondu a ce qu'elle pouvait attendre de ses lumiéres et de son activité : Sa M[ajes]té voulant luy donner des nouvelles marques de son estime et de sa bienveillance, le récompense d'une maniere distinguée du devouement qu 'il a fait paroitre sur ce qui pouvait contribuer au progrés des sciences, et à la sureté de la navigation, Sa M[ajes]té a accordé et fait don aud[it] s[ieur] de Maupertuis, de la somme de 4 000 # de pension annuelle y compris celle de 1 200 # ci-dessus annoncée, veut et entend Sa M[ajes]té qu'il jouisse sa vie durant de lad[ite] somme de 4 000 # pour en être payé [etc.] (AN, O1 90, f. 223).