Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


[Novembre 1763] : Clairaut écrit à Boscovich :
Mon Révérend Père,

Je vous rends mille grâces de la lettre [perdue] que vous m'avez écrite de Bassan [près de Venise NDE], laquelle est remplie de faits et de réflexions très intéressantes, ainsi que toutes celles qui viennent de vous. Vous m'avez annoncé que vous m'écrirez désormais dans la langue boscovichienne que je connais si bien et qui rappellera le plaisir que j'avais de vous l'entendre parler. C'est une langue bien riche entre vos mains parce qu'elle fournit plus d'idées que de mots. Ne la mettez jamais à la gêne parce qu'il n'y aurait qu'à y perdre, et que si vous m'écrivez des choses dont je veuille faire usage dans mon journal, il me sera aisé d'y faire les petits changements que la pauvreté et la sévérité de notre idiome exigeront. Si vous avez par exemple des éclaircissements sur le problème dont vous me parliez dans votre dernière, ainsi qu'un plus grand détails sur les expériences qu'elle contient, envoyez-les moi en forme de petit mémoire et j'en tirerai bon parti. Je vous dirai à propos de ce que j'ai imprimé ainsi de vous, dans le Journal des sçavans que la correction dont vous me parlez pour une de vos formules n'était arrivée à temps et que je l'ai employée dans le mémoire que j'ai imprimé avec le titre d'Extrait d'une lettre du R. P. Boscovich à M. Clairaut [cf. [c. 15 avril 1763]].

J'ai reçu il y a peu de jours une lettre de M. Euler sur les lunettes achromatiques [cf. 18 octobre 1763 (1)], c'est ainsi qu'on les appelle maintenant, dans laquelle cet habile géomètre me parut bien loin des vrais principes, quoiqu'il ait fait des recherches très savantes et très ingénieuses sur les aberrations. Il s'imagine que tout l'avantage de la découverte de Dollond vient d'employer un verre verdâtre qui par la raison qu'il est coloré ne laisse passer qu'une sorte de rayons et partant ne peut donner qu'un foyer. Il regarde les variétés de dispersion des couleurs suivant la nature du verre qu'on emploie comme une chose bizarre et chimérique. Combien un habile géomètre qui veut tout tirer de la théorie, sans avoir recours aux expériences, peut s'écarter du vrai dans les sciences physico-mathématiques ! M. Euler est l'auteur de l'idée qui a fait réussir Dollond et loin d'en tirer partie comme l'a fait cet artiste, il ne se trouve pas en état, même après le succès de l'autre, de faire le léger pas qui lui restait à faire avant la remarque de Dollond.

J'apprends avec bien du plaisir que vous avez fait une édition nouvelle de votre théorie newtonienne [(Boscovich 63)], et que vous m'en destinez un exemplaire. C'est un présent auquel je suis infiniment sensible. Mais ne me trouverez-vous pas bien ridicule si je vous fais une prière à cette occasion, ce serait de m'envoyer de votre facture ou de celle d'un ami qui travaillerait sous vos yeux, un Extrait de ce [déchirure] comme il serait certainement beaucoup mieux de l'auteur que de tout [déchirure] que d'ailleurs je serais bien aise de mettre plus de temps à lire votre ouvrage que je ne dois différer d'en faire l'extrait ; vous m'obligeriez par un tel extrait.

Vous voyez, Mon Révérend Père, comme je suis libre avec vous ; c'est votre amitié qui me donne tant de hardiesse ; c'est la mienne qui me fait vous assurer que vous n'avez point de correspondant qui vous soit plus véritablement attaché que votre très humble et très obéissant serviteur Clairaut.

[Adresse] Au Révérend, Révérend Père Boscovich, Jésuite de l'Académie de l'Institut [!], de la Société royale de Londres, correspondant de l'Académie de France, etc., à Rome, Italie (Taton 96).
L'extrait demandé par Clairaut, certainement destiné au le Journal des sçavans (cf. 19 novembre 1755 (1), 20 décembre 1763 (2)), est promis par Boscovich (cf. 15 janvier 1764 (2)). Clairaut paraît le recevoir (cf. 15 janvier 1764 (2)), mais il ne paraîtra qu'après sa mort dans le numéro daté de janvier 1766 (pp. 9-14).

Clairaut répond à une lettre perdue de Boscovich.

Clairaut lui avait déjà écrit le 8 mai (cf. 8 mai 1763 (1)).

La réponse de Boscovich est perdue.

Clairaut réécrit à Boscovich le 15 janvier 1764 (cf. 15 janvier 1764 (2)).
Abréviation
  • NDE : Note de l'éditeur.
Références
Courcelle (Olivier), « [Novembre 1763] : Clairaut écrit à Boscovich », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/ncoNovembre1763cf.html [Notice publiée le 4 février 2012].