Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


Mai 1759 (1) : Parution de vers par Mme du Boccage :
M. Clairaut lut à la rentrée publique de l'Académie des sciences, au mois d'avril [novembre !, cf. 15 novembre 1758 (1)] dernier, un mémoire sur la comète de 1682, qui était attendue depuis plusieurs années. Par des calculs fondés sur la théorie de l'attraction, il annonça qu'on en verrait le retour vers le mois d'avril. Sa prédiction s'est vérifiée par l'apparition actuelle de cette comète. Pour l'en féliciter, voici les vers que Mme du Boccage lui adresse :

Ô toi qui dès tes jeunes ans*,
Pour changer la forme du monde,
Jusques à l'ourse affrontas l'onde,
Des mortels accepte l'encens.

Triomphe ; la gloire t'anime.
Dans les airs, le plus pur rayon
Du génie ardent de Newton,
Règle et soutiens ton vol sublime.

Nouveau Thalès**, comment tes yeux
Mesurant du ciel la distance,
De tant de globes radieux,
parcourent-ils l'ellipse immense ?

L'accord de leurs divers efforts
T'annonce leur marche future,
Dis-moi ? L'auteur de la nature
T'as donc dévoilé leurs ressorts ?

Que l'aveugle et vaine ignorance
Désormais ne redoute plus
Ces corps célestes chevelus
Dont le cours à pas lents s'avance.

Sur la comète qui jadis
Fit craindre la peste et la guerre,
Bayle*** osa rassurer la terre ;
Tu en fais plus, tu nous la prédis.

Déjà, la Clairault on la nomme.
Que tes calculs vus à Torno
Et qu'un jour saura le Congo,
Vont étonner Pékin et Rome !

Je crois voir ton heureux destin.
Le docte abbé**** qui de Palmyre
Trouva l'alphabet qu'on admire,
Fait graver ton nom sur l'airain.

* M. Clairaut, à l'âge de 20 ans, fut un des académiciens qui allèrent au Pôle mesurer la Terre [cf. 3 septembre 1735 (1)].
** On croit que ce philosophe grec fut le premier qui prédit les éclipses, et régla le cours des astres.
*** Dans son Traité des comètes.
**** L'abbé Barthélémy, conservateur des médailles du Roi. Tout le monde sait la sagacité avec laquelle il déchiffra des inscriptions trouvées à Palmyre, dont la langue était ignorée des savants (Mercure de France, mai 1759, pp. 50-52).

Le poème est également publié par le Journal helvétique (cf. [c. mai] 1759 (1)).

Mme du Boccage est une amie de Clairaut (cf. Boccage).

Elle envoie ses vers à Algarotti (cf. 31 juillet 1759 (1)).

Une appréciation de leur qualité est donnée le 1 novembre 1764 (cf. 1 novembre 1764 (1)).

Le poème, et sa proposition de baptiser la comète du nom de Clairaut, sont évoqués dans le Journal encyclopédique (cf. Juin 1759 (1)).

Hennert parlera également de la comète comme la Clairaut (cf. 16 novembre 1759 (1)) mais elle a été baptisée du nom de Halley, ainsi que l'a proposé La Caille (cf. 12 mai 1759 (1)).

Dromgold composera également des vers sur Clairaut et la comète (cf. 1759 (2)), de même que Morellet (cf. 1761 (2)).
Courcelle (Olivier), « Mai 1759 (1) : Parution de vers par Mme du Boccage », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/nMai1759po1pf.html [Notice publiée le 24 juillet 2007].