Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


8 janvier 1730 (1) : Clairaut (Paris) écrit à Cramer :
Monsieur,

J'ai reçu avec le plus grand plaisir du monde l'obligeante lettre [perdue NDM] que vous m'avez fait l'honneur de m'écrire, et j'en ai été d'autant plus charmé, que c'était depuis votre départ [cf. 30 mars 1729 (1)], des plus forts de mes souhaits. Je ne savais presque plus à quoi attribuer un silence qui détruisait en moi l'idée flatteuse que je m'étais faite de la parole que vous m'aviez donnée d'entretenir une correspondance avec moi. Présentement que je suis rassuré, j'espère que vous me ferez l'honneur de m'en accorder une exacte. Je sens bien les raisons qui vous ont empêché de me faire cet honneur là jusqu'à présent et je souhaite bien, je vous assure, qu'il ne se présente plus aucune occasion qui m'enlève le plaisir de recevoir de vos lettres. Je vous suis obligé de m'avoir fait part de vos questions de minimis et maximis, j'ai eu d'autant plus de plaisir à les voir que j'avais déjà résolu autrefois le premier des problèmes et que j'ai accordé ma solution avec les vôtres. Je crois avoir vu un problème de cette sorte dans la 9e section des Infiniment petits du marquis de l'Hôpital [(Hospital 96)]. [maths].

Je suis très sensible à l'honneur que vous m'avez fait de vous ressouvenir de mon ouvrage [C. 1]. Il est fini depuis quelque temps et je pense l'imprimer bientôt. Je l'ai présenté à l'Académie des sciences [cf. 16 juillet 1729 (1)], et à l'élection qui s'est faite quelque temps après [cf. 7 septembre 1729 (1)], ce célèbre corps m'a fait l'honneur de me choisir avec M. Saurin le fils pour être présenté au Roi afin que Sa Majesté choisisse entre nous deux pour remplir la place vacante. C'est ce que j'attends présentement.

Des nouvelles des sciences, je vous raconterai les progrès que notre Société des arts [cf. Société des arts], dont je vous avais parlé pendant votre séjour à Paris, a fait depuis. Monseigneur le comte de Clermont qui l'avait prise sous sa protection, ayant été content de ses ouvrages, lui a donné des règlements, qu'il a présenté au Roi pour l'informer de son établissement et pour en obtenir une confirmation. Son Altesse Sérénissime a eu ensuite la bonté de nous donner une salle dans son palais pour tenir nos assemblées. Je souhaiterais fort en vérité de vous engager à vouloir être de nos associés étrangers et je vous prie dans la première lettre que vous me ferez l'honneur de m'écrire de me mander si vous me donnez la permission de vous proposer à notre assemblée. Je crois vous avoir dit que le but de nos travaux est de nous appliquer aux arts et aux sciences pour les appliquer ensemble.

Messieurs de Mairan et Nicole m'ont chargé de vous assurer de leurs respects. Mon cher père m'en charge d'autant. Pour M. de Maupertuis, il est présentement à Bâle.

Je suis avec toute la considération et tout le respect possible, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur Clairaut le fils.

À Paris ce 8 janvier 1730 (Speziali 55).
La réponse de Cramer est perdue.

Clairaut fait part de la réception de Cramer à la Société des arts le 28 mars (cf. 28 mars 1730 (1)).
Abréviations
Références
  • Hospital (Guillaume-François-Antoine de l'), Analyse des infiniments petits, pour l'intelligence des lignes courbes, Paris, 1696 [Sans date (12)] [Plus].
  • Speziali (Pierre), « Une correspondance inédite entre Clairaut et Cramer », Revue d'histoire des sciences, 8 (1955) 93-237 [Télécharger] [Société des arts] [30 mars 1729 (1)] [Plus].
Courcelle (Olivier), « 8 janvier 1730 (1) : Clairaut (Paris) écrit à Cramer », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n8janvier1730po1pf.html [Notice publiée le 29 mai 2007].