28 juillet 1731 (1) : Clairaut (Paris) écrit à Cramer :
Monsieur, Il y avait si longtemps que je n'avais reçu de vos lettres quand votre dernière [perdue NDM] m'est venue, que sans la bonté que M. votre frère avait eue de me donner de temps en temps de vos nouvelles, je n'aurais su à quoi attribuer votre silence. Aussi ne vous puis-je exprimer le plaisir qu'elle m'a faite, non plus que la confusion où je suis des choses obligeantes dont elle est remplie. Ce que vous me dites, surtout au sujet de mon livre [C. 1], est extrêmement flatteur pour moi et, quoique je sache parfaitement bien que je ne le mérite pas, c'est du moins ce qui est le plus capable de me donner de l'émulation. Je vous suis très obligé de la connaissance que vous m'avez donnée de M. votre frère [cf. 28 janvier 1731 (1)]. C'est une personne de très grand mérite, et toutes les personnes qui ont eu l'honneur de la connaître ici le pensent comme cela. Je vous prie fort en cas qu'il soit de retour à Genève, de lui faire mes très humbles compliments, et de lui dire que j'ai été très fâché de n'avoir pas pu lui dire adieu, mais que j'ai été deux fois chez lui le jour qu'il est parti, sans avoir eu le bonheur de le trouver. Je vous suis très obligé aussi de la bonté que vous avez bien voulu avoir d'envoyer mon livre à M. Bernoulli [cf. 1 mai 1731 (1)], et vous demande pardon de vous avoir incommodé pour cela. J'ai déjà reçu il y a du temps, une lettre de son fils qui me marquait que son père n'avait pas reçu encore le livre mais que quand il l'aurait reçu il le verrait avec plaisir et m'en donnerait son sentiment. J'ai vu cette année un fort beau mémoire de M. Bernoulli sur la tautochrone, ou la courbe dont les arcs se parcourent en temps égaux dans un milieu résistant en raison du carré de la vitesse. Je vous demande bien pardon d'avoir tant tardé à vous répondre, et de ne pas m'en punir par un retardement de votre part, qui pour le moindre qu'il soit me sera toujours extrêmement long ; la cause qui a fait le mien a été quelques affaires que j'ai eues, principalement au sujet de ma réception à l'Académie royale des sciences qui s'est faite depuis peu [cf. 14 juillet 1731 (1)], et qui m'a fait perdre assez de temps. Voici une nouvelle manière de trouver les formules des centres de gravité que j'ai lue il n'y a guère à l'Académie [cf. 5 mai 1731 (1)]. Je ne vous la donne pas comme une nouvelle manière d'avoir les centres de gravité, car cela n'en est pas une, mais seulement comme une nouvelle façon d'avoir les formules déjà trouvées. [maths, C. 2] Mille pardons Monsieur si je vous envoie cette petite solution mais j'espère que vous me le pardonnerez et que vous voudrez bien m'en dire votre sentiment. J'ai l'honneur d'être avec une très parfaite considération, Monsieur, votre très humble et très obéissant serviteur Clairaut le fils. À Paris, ce samedi 28 juillet 1731. MM. Nicole, Maupertuis, de Mairan m'ont prié de vous faire leurs très humbles compliments. Mon père m'a chargé de même de vous assurer de ses respects (Speziali 55).
C. 2 : Clairaut (Alexis-Claude), « Nouvelle manière de trouver les centres de gravité », HARS 1731 (1733), Mém., pp. 159-162 [Télécharger] [5 mai 1731 (1)] [Plus].
HARS 17.. : Histoire de l'Académie royale des sciences [de Paris] pour l'année 17.., avec les mémoires...
Courcelle (Olivier), « 28 juillet 1731 (1) : Clairaut (Paris) écrit à Cramer », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n28juillet1731po1pf.html [Notice publiée le 4 juillet 2007].