Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


26 juillet 1749 (1) : Clairaut (Paris) écrit à Cramer :
Ma rétractation [C. 35] a causé en effet du scandale, mon cher Monsieur, et m'a attiré autant de tracasseries que l'avait fait le mémoire où j'accusais l'attraction d'insuffisance [C. 33]. M. de Buffon et Le Monnier ont triomphé. Ce dernier n'a pas ouvert la bouche dans l'Académie. Mais l'autre a voulu faire croire que ses objections avaient dû m'aider à reconnaître la vérité. J'ai donc été obligé de lire à l'Académie un mémoire où je remettais sous les yeux de l'Acad[émie] tout ce qui s'était passé [cf. 11 juin 1749 (1)]. J'ai fait voir que ce que M. de B[uffon] m'avait accordé c'est-à-dire la partie géométrique était justement ce sur quoi j'avais changé d'avis, qu'il avait, lui, en imprimant le mémoire [(Buffon 45a)] qu'il avait écrit contre moi retranché toutes les choses sur lesquelles je l'avais redressé, comme les objections tirées des comètes, de la figure de la Lune, etc., et qu'il n'avait conservé de tout ce qu'il m'avait objecté que des arguments métaphysiques sur lesquels on pouvait disputer éternellement. Enfin je terminais mon mémoire par un reproche qui a montré son injustice à la compagnie. C'est qu'il avait inséré dans nos mémoires une réplique [(Buffon 45b)] à ma réponse [C. 34] sans la communiquer à personne. Ce procédé qui n'était propre qu'à faire croire faussement qu'il m'avait fermé la bouche, a été fort désapprouvé. L'Acad[émie] a arrêté l'impression de notre volume pour y mettre ma réplique avec un redressement à la tête qui marque que la pièce de M. de Buffon avait été imprimée sans en être avertie. Vous verrez toute cette histoire dans le vol. de 45 qui est enfin prêt à paraître et qu'on publiera aussitôt que le Roi sera revenu de Compiègne.

MM. d'Alembert et Euler ne se doutaient point de l'artifice qui m'avait conduit à ce nouveau résultat. Ce dernier m'a écrit deux fois pour me dire qu'il avait fait vainement tous les efforts pour trouver la même chose que moi et qu'il me priait instamment de lui mander comment j'avais pu y parvenir. Je lui ai mandé [cf. 21 juillet 1749 (1)] en quoi cela pouvait consister à peu près. Il me parait bien comme à vous que M. Newton a vacillé sur la question de l'apogée. Il n'a certainement jamais résolu le problème et n'aurait pas été fâché de faire croire qu'il s'était satisfait sur cette matière. Les principes qu'il laisse entrevoir me paraissent faux.

J'ai été attaqué encore par un bénédictin anglais [(Walmesley 49)] qui a prétendu trouver un défaut dans ma solution et en donner trois autres par lesquelles il arrive au vrai résultat. Mais il est bien aisé de lui répondre et de faire voir qu'il n'a pas la moindre idée de ma méthode, quoiqu'il l'ait eue entre les mains avec plusieurs éclaircissements de ma part. Quant aux siennes, ce qu'il y a de bon, c'est qu'elles ne donnent toutes les trois que la moitié du mouv[ement] de l'apogée ainsi que ma [premi]ère solution. Les deux [premi]ères sont fondées sur le même principe que celle de M. Calendrin [Calandrini] où il néglige l'excentricité, et, ce qui fait qu'il ne trouve pas la même chose que lui, c'est qu'il change de méthode quand le problème est sur le point d'être résolu [maths].

Quant à M. Calendrin [Calandrini] il n'a toujours, comme je vous l'ai dit déjà [cf. 3 juin 1749 (1)], rien à démêler avec moi, parce que je ne trouve pas qu'une excentricité infiniment petite réduisît, comme il le prétend, le mouvement des apsides à n'être que la moitié, et que de plus la force perpendiculaire au rayon qu'il a négligée entre pour beaucoup dans cette moitié du mouvement cherché que je n'avais pas pu trouver d'abord. Mais en voilà bien long sur une matière qui doit à la fin vous ennuyer. Adieu, mon cher Monsieur, conservez-moi toujours une part dans votre amitié, je la mérite par mon sincère attachement.

Paris, 26 juillet 1749 (Speziali 55).
Clairaut répond à une lettre perdue de Cramer.

Sa dernière lettre à Cramer remontait à celle du 3 juin (cf. 3 juin 1749 (1)).

La réponse de Cramer est perdue, ainsi que la lettre suivante de Clairaut.

Cramer réécrit à Clairaut en janvier 1750 (cf. Janvier 1750 (1)).

D'Arcy pare aux attaques de Walmesley ce même 26 juillet (cf. 26 juillet 1749 (2)).
Abréviations
Références
Courcelle (Olivier), « 26 juillet 1749 (1) : Clairaut (Paris) écrit à Cramer », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n26juillet1749po1pf.html [Notice publiée le 8 août 2010].