10 février 1744 (1) : Clairaut (Paris) écrit à Cramer :
Monsieur, Je viens de recevoir des mains du S. David votre lettre du 10 janv[ier] [cf. 10 janvier 1744 (1)] et je ne peux pas différer d'un moment à y répondre pour vous marquer que c'est avec une satisfaction infinie que j'ai vu votre envie de renouer connaissance avec moi. Je vous assure très sincèrement que je me reprochais tous les jours d'avoir cessé un commerce aussi aimable que le vôtre et que sans la honte de mon tort, j'aurais cédé à l'envie que j'ai eue plus de cent fois de vous prier de vouloir bien continuer à m'honorer de vos lettres. Je sais un gré infini à M. de Champeaux de vous avoir assuré de l'estime et de l'amitié que j'ai pour vous, mais il n'a pu vous témoigner que d'une très petite partie du cas que je fais de votre esprit et de votre caractère, car je n'ai vu M. de Champeaux qu'en passant, et je sais trop tout ce que vous valez pour le pouvoir exprimer si promptement. J'ai eu plus de temps et par conséquent plus de plaisir à m'entretenir de vous avec un autre ami que je crois que vous reverrez bientôt, c'est le père Jacquier dont le caractère me charme [cf. 6 juillet 1743 (1)]. Ce plaisir que j'ai de jouir derechef de votre correspondance m'a d'abord empêché de faire attention que je devais vous remercier du présent que vous m'annoncez des œuvres de M. Bernoulli [(Bernoulli 44)]. Je reviens donc à mon acqueter [m'en acquitter ?] en vous assurant que je vois dans cette occasion une nouvelle marque de votre politesse dont je devrais être confondu lorsque je réfléchis que ce n'est pas par mon attention que vous avez été un des premiers à lire ma théorie de la Terre [C. 29]. Vous me parlez de cet ouvrage d'une manière infiniment flatteuse, et vous me paraissez vous intéresser à mes autres recherches au point d'augmenter encore ma confusion car je vois combien je mérite peu vos éloges. Hormis quelque peu de choses que j'ai fait cet été sur la théorie de la Lune [C. 32], je n'ai presque rien fait depuis un an. C'est de vos occupations que la curiosité doit être fondée. En attendant j'ai l'honneur de vous assurer qu'on ne saurait être avec une plus parfaite estime et un plus sincère attachement Monsieur votre très humble et obéissant serviteur (Boncompagni 94b).
Cette lettre, passé sur le marché des manuscrits, était en possession de Boncompagni (Boncompagni 94b). Cramer répond à Clairaut en mars (cf. Mars 1744 (1)).
Boncompagni (prince Baldassarre de), « Lettere di Alessio Claudio Clairaut », Atti dell'Accademia Pontifica dei Nuovi Lincei, 45 (1894) 233-291 [12 août 1732 (1)] [1 octobre 1732 (1)] [Plus].
Courcelle (Olivier), « 10 février 1744 (1) : Clairaut (Paris) écrit à Cramer », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n10fevrier1744po1pf.html [Notice publiée le 6 janvier 2010].