[1777] (1) : D'Alembert écrit [au Prince Gonzaga di Castiglione] :
J'ai lu depuis peu de jours, Monsieur, un très long discours imprimé, prononcé au mois de novembre de cette année devant la Société royale de Londres, par un Italien qui porte un grand nom [le prince Louis Gonzaga di Castiglione NDE] [...] Si cet écrivain connaissait les matières très difficiles dont il juge si légèrement [...] il aurait su 1°. Que le problème « des trois corps », résolu dans le même temps il y a trente ans par trois géomètres, dont deux sont français, n'est pas à beaucoup près, comme il le dit, un simple « développement » du livre de Newton, que la solution de ce problème renferme les plus grandes difficultés, qui ne peuvent être bien connues et bien senties que de ceux qui l'ont résolu ou qui sont en état de le résoudre [...]. 2°. Que deux géomètres français, dont l'un est feu M. Clairaut et dont l'autre est vivant, ont seuls jusqu'à présent donné la théorie plus difficile encore des perturbations des comètes à laquelle Newton n'avait même pas pensé. 3°. [...] que la théorie de la figure de la Terre donnée par [Newton] était très imparfaite, que feu M. Clairaut est le premier qui ait traité cette grande matière à fond dans son excellent ouvrage de la « figure de la Terre » [C. 29], et que le géomètre français encore vivant, dont on vient de parler, a depuis fort étendu cette théorie en l'appliquant à des sphéroïdes non elliptiques, dont les méridiens seraient dissemblables, et dont par conséquent ni l'équateur, ni les parallèles ne seraient circulaires. 4°. [...]. 5°. Que feu M. Clairaut est le seul géomètre qui ait cru un « moment » pouvoir substituer à la loi du quarré une autre loi d'attraction en déclarant d'ailleurs expressément qu'il « ne tenait nullement à son idée » [C. 33], dont il est par conséquent injuste de lui faire un reproche, que le second géomètre accusé là-dessus conjointement avec lui par l'auteur du discours, bien loin d'adopter cette loi de M. Clairaut, y a ajouté des objections très solides, les seules auxquelles M. Clairaut n'ait pas répondu, que toutes les autres objections métaphysiques, physiques, et mathématiques qui ont été proposées par M. de Buffon [(Buffon 45a), (Buffon 45b), (Buffon 45c), cf. 20 janvier 1748 (2)] ont été réfutées par ce savant mathématicien [C. 34, C. 36, C. 37] d'une manière victorieuse et péremptoire, sur laquelle il n'y a pas deux avis parmi les géomètres, qu'enfin s'il y a dans tout ceci quelque chose d'« humiliant » (pour employer l'expression de l'auteur) ce n'est certainement pas pour M. Clairaut et encore moins pour celui qu'on prend la peine de lui associer dans cette expression de mépris (Henry 85).
Buffon (Georges-Louis Leclerc, comte de), « Addition au mémoire qui a pour titre Réflexions sur la loi d'attraction », HARS 1745, Mém., pp. 551-552 [Télécharger] [Buffon] [15 novembre 1747 (1)] [Plus].
Buffon (Georges-Louis Leclerc, comte de), « Seconde addition au mémoire qui a pour titre Réflexions sur la loi d'attraction », HARS 1745, Mém., pp. 580-593 [Télécharger] [Buffon] [15 novembre 1747 (1)] [Plus].
Henry (Charles), « Correspondance inédite de d'Alembert avec Cramer, Lesage, Clairaut, Turgot, Castillon, Beguelin etc. », Bullettino di bibliografia e di storia delle scienze matematiche e fisiche, 18 (1885) 507-570, 605-649 [28 février 1748 (1)] [26 mai 1764 (1)] [Plus].
Courcelle (Olivier), « [1777] (1) : D'Alembert écrit [au Prince Gonzaga di Castiglione] », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/nco1777cfpo1pf.html [Notice publiée le 27 avril 2013, mise à jour le 13 mai 2013].