Aussitôt que j'ai reçu votre lettre [cf. 12 juillet 1744 (1)], mon cher Monsieur, avec votre beau mémoire [C. 32], je le portai à M. Calandrin [Calandrini] plus versé que moi dans ces matières et qui les a encore toutes fraîches à l'esprit, à cause de son travail sur Newton [dans (Jacquier 39-42)]]. Vous verrez par le billet qu'il m'envoya avant hier et que je joins ici, ce qu'il pense de votre ouvrage, et même un peu de son caractère aimable. Vous trouverez aussi dans le paquet qui accompagne cette lettre ce qu'il a fait sur le mouvement de la Lune, et dont je souhaite que vous soyez content. L'approbation d'un grand maître tel que vous est ce qu'il peut y avoir de plus flatteur pour un auteur. Je n'ai pas encore lu votre ouvrage avec l'attention qu'il mérite, et j'ose dire qu'il en demande (pour autant que j'en puis juger il y a bien des calculs à faire pour vous suivre). Je vous promets que je le ferai incessamment. Mais j'ai cru qu'il valait mieux me dépêcher de vous faire parvenir ce que M. Calandrin m'a envoyé que de vous faire attendre pour ne vous dire peut-être rien : persuadé comme je le suis d'avance que tout ce qui sort de votre plume est au-dessus de toute critique et n'a besoin ni de correction ni d'amélioration. Cependant, pour ma propre satisfaction, je lirai votre ouvrage et j'attends avec impatience un moment de loisir pour cela. Je ne saurais tarder. J'espère que votre santé continue à se fortifier. Si mes vœux y pouvaient quelque chose, elle serait admirable et je suis bien sûr que votre république, qui vous est redevable de tant de belles choses, dirait amen à mes prières. Comme l'ouvrage de Mme du Châtelet ne me parviendra apparemment qu'un peu tard (car MM. les libraires n'usent pas de diligence dans leurs envois), faites-moi la grâce de me dire en un mot ce que c'est. Je m'imagine que ce sera la dispute avec M. de Mairan sur les forces vives [(Châtelet 41c)]. Mais peut-être y aura-t-il quelques additions. Cette illustre dame m'a fait l'honneur de m'envoyer par le P. Jacquier une copie de la réponse qu'elle a faite à Mr de Jurin sur le même sujet. Il me semble qu'elle a raison sur tous les points, et qu'elle le prouve avec beaucoup de force, de netteté et d'élégance. Ayez la bonté de m'apprendre comment il faut m'adresser pour lui écrire. Je sais que Cirey est en Champagne ; mais j'appréhende qu'une adresse aussi vague ne fasse égarer la lettre. M. Bouguer m'a fait part de belles observations de son voyage : le pays est plus curieux et plus favorable aux observateurs que la Laponie. Votre voyage était nécessaire s'il a été décisif. Celui de MM. du Pérou peut enrichir l'astronomie et l'histoire naturelle de mille découvertes nouvelles. S'il a paru quelque chose à l'Acad[émie] que, sans indiscrétion, on pût communiquer, je vous serais très obligé de m'en faire part. Je n'ai pas encore bien pu examiner ce que vous proposiez à M. Calendrin et à moi sur la vitesse médiane et le mouvement moyen des nœuds de la Lune. Mon collègue croit que vous trouverez dans ses notes la démonstration que vous demandez. Il semble qu'il est assez clair qu'une vitesse moyenne est la vitesse constante qui dans le même temps ferait parcourir le même espace que les vitesses successives. Ainsi la vitesse moyenne d'un fleuve est la vitesse uniforme qui ferait aller une goutte d'eau de la source à l'embouchure dans le même temps qu'elle y va avec sa vitesse réelle continuellement variée, et il me semble que c'est ainsi que le prend Mr Newton dans sa XXXe proposition. Pour ce qu'il dit de la fin de la XXXVe que les inégalités mensuelles sont compensées par celles de l'inclinaison, je vois là-dessus une note du P. Min[ime] [Jacquier] ou de M. Calandrini que je vous laisserai examiner. Mais je croirais facilement que cela pourrait n'être qu'un à peu près (Speziali 55).
La réponse de Clairaut est perdue. Clairaut réécrit à Cramer le 27 avril 1745 (cf. 27 avril 1745 (1)).
Châtelet (Gabrielle-Émilie Le Tonnelier de Breteuil, marquise du), Réponse de Madame *** à la lettre que M. de Mairan [...] lui a écrite le 18 février 1741, sur la question des forces vives, Bruxelles, 1741 [Télécharger] [[? mai 1741]] [28 mai 1741 (1)] [Plus].
Jacquier (François), Le Seur (Thomas), Philosophiae naturalis principia mathematica, auctore Isaaco Newtono, 4 vol., Genève, 1739-1742 [5 septembre 1739 (2)] [[c. 1739]] [Plus].
Courcelle (Olivier), « Août 1744 (1) : Cramer écrit à Clairaut », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/nAout1744po1pf.html [Notice publiée le 24 février 2008].
