3 octobre 1739 (1) : Vers de M. Clément à M. de Voltaire :
Laisse à Clairaut tracer la ligne Du rayon qui frappe tes yeux. Armé d'un verre audacieux Qu'il aille au cercle radieux Chercher quelque treizième signe, Qu'il donne son nom glorieux À la première étoile insigne Qu'il découvrira dans les cieux. Toi d'un plus aimable délire Ecoute les tendres leçons D'une autre muse qui t'inspire. Ne dédaigne point les chansons, Quitte ce compas, prends ta Lyre. Je donnerais tout Pemberton Et tous les calculs de Newton Pour les sentiments de Zaïre (Clément 39).
Réponse de Voltaire : À Monsieur Clément de Montpellier, qui avait adressé des vers a l'auteur, en l'exhortant a ne pas abandonner la poésie pour la physique. Un certain chantre abandonnait sa lyre ; Nouveau Kepler, un télescope en main, Lorgnant le ciel, il prétendait y lire, Et décider sur le vide et le plein. Un rossignol, du fond d'un bois voisin, Interrompit son morne et froid délire ; Ses doux accents l'éveillèrent soudain (A la nature il faut qu'on se soumette) ; Et l'astronome, entonnant un refrain, Reprit sa lyre, et brisa sa lunette (Voltaire 29-34, vol. 14, p. 362).Si l'on peut se fier aux précisions, données probablement par Voltaire lui-même [...], il s'agit de Pierre Clément (1707-1764) dit « Clément de Genève », à Paris depuis 1732, précepteur chez James, ambassadeur de Grande-Bretagne en France. Clément renoncera en 1740 au ministère pastoral pour s'adonner au théâtre. Il compose, ou adapte, plusieurs pièces, dont les Frimaçons (1740) [...] et Le marchand de Londres (1748), et il publiera le bulletin littéraire, Les cinq années littéraires ou Nouvelles littéraires de France (1748-1752). Son esprit « s'étant dérangé », il passera les douze dernières années de sa vie chez son frère et à Charenton (Graf. 198, vol. 2, pp. 202-203). Gastelier envoie ces vers à Héricourt de Thury le 8 [octobre 1739]. À la suite de Devaux, Mme de Graffigny les lit le [16 octobre 1739]. Les vers de Clément réédités dans Les observations sur la littérature moderne, vol. 1, La Haye, 1749, pp. 298-299, et dans la réédition de ce volume, Paris, 1752, pp. 301-302. Jean Anglievel les envoie à La Beaumelle (cf. 13 août 1749 (1)). Les vers de Clément sont attribués à Clairaut, malgré une table des matières juste, dans (Voltaire 61, pp. 386-387, 474). L'information erronée est reprise par Le Tourneur (cf. [c. avril] 1766 (2)), dans un réponse à Savérien ([c. juin] 1766 (2)), puis corrigée (cf. [c. août] 1766, 3 mars 1767 (1)), mais reprise par Baron (cf. 1768 (3)), Restout (cf. 1771 (2)) ou (Béranger 72, pp. 255-256). Clairaut est un souscripteur des Cinq années littéraires, journal dans lequel il est régulièrement cité (cf. 10 mars 1748 (1)).
Références
Béranger (Laurent-Pierre), La Serre (Jean-Antoine de), Élite des poésies décentes, vol. 1, Lyon, 1772 [Télécharger].
Clément (Pierre), « Vers de M. Clément à M. de Voltaire », Observations sur les écrits modernes, 19 (1739) 135 [Télécharger].
Graffigny (Françoise d'Apponcourt de), Correspondance de Madame de Graffigny, J. A. Dainard et al. Eds, Oxford, 1985- [Maupertuis] [[? juillet 1734]] [Plus].
Voltaire (François Marie Arouet, dit), Collection complette des œuvres de Mr. de Voltaire, vol. 19, sl, 1761 [Télécharger] [[c. juin] 1766 (2)] [Plus].
Courcelle (Olivier), « 3 octobre 1739 (1) : Vers de M. Clément à M. de Voltaire », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n3octobre1739po1pf.html [Notice publiée le 14 août 2009].
À Monsieur Clément de Montpellier, qui avait adressé des vers a l'auteur, en l'exhortant a ne pas abandonner la poésie pour la physique.
Un certain chantre abandonnait sa lyre ;
Nouveau Kepler, un télescope en main,
Lorgnant le ciel, il prétendait y lire,
Et décider sur le vide et le plein.
Un rossignol, du fond d'un bois voisin,
Interrompit son morne et froid délire ;
Ses doux accents l'éveillèrent soudain
(A la nature il faut qu'on se soumette) ;
Et l'astronome, entonnant un refrain,
Reprit sa lyre, et brisa sa lunette (Voltaire 29-34, vol. 14, p. 362). Si l'on peut se fier aux précisions, données probablement par Voltaire lui-même [...], il s'agit de Pierre Clément (1707-1764) dit « Clément de Genève », à Paris depuis 1732, précepteur chez James, ambassadeur de Grande-Bretagne en France. Clément renoncera en 1740 au ministère pastoral pour s'adonner au théâtre. Il compose, ou adapte, plusieurs pièces, dont les Frimaçons (1740) [...] et Le marchand de Londres (1748), et il publiera le bulletin littéraire, Les cinq années littéraires ou Nouvelles littéraires de France (1748-1752). Son esprit « s'étant dérangé », il passera les douze dernières années de sa vie chez son frère et à Charenton (Graf. 198, vol. 2, pp. 202-203). Gastelier envoie ces vers à Héricourt de Thury le 8 [octobre 1739]. À la suite de Devaux, Mme de Graffigny les lit le [16 octobre 1739]. Les vers de Clément réédités dans Les observations sur la littérature moderne, vol. 1, La Haye, 1749, pp. 298-299, et dans la réédition de ce volume, Paris, 1752, pp. 301-302. Jean Anglievel les envoie à La Beaumelle (cf. 13 août 1749 (1)). Les vers de Clément sont attribués à Clairaut, malgré une table des matières juste, dans (Voltaire 61, pp. 386-387, 474). L'information erronée est reprise par Le Tourneur (cf. [c. avril] 1766 (2)), dans un réponse à Savérien ([c. juin] 1766 (2)), puis corrigée (cf. [c. août] 1766, 3 mars 1767 (1)), mais reprise par Baron (cf. 1768 (3)), Restout (cf. 1771 (2)) ou (Béranger 72, pp. 255-256). Clairaut est un souscripteur des Cinq années littéraires, journal dans lequel il est régulièrement cité (cf. 10 mars 1748 (1)).