24 juin 17[5]7 : Clairaut (Paris) écrit à Jacquier :
Mon très cher et très respectable ami, Il y a si longtemps que je vous dois des reproches que j'en mérite moi-même. Ainsi je ne débuterai point par vous gronder. Je craindrais même que ma lettre ne vous parut d'une main tout à fait étrangère si je n'avais appris en différents temps, et nommément depuis peu par l'abbé Barthélemy, que vous ne m'avez point du tout oublié, et que vous témoignez volontiers votre amitié pour moi. Vous êtes vraisemblablement dans le cas de vous entretenir maintenant quelquefois sur mon compte avec de nouveaux habitants de Rome, car il n'est guère possible que vous n'ayez rencontré M. et Mme du Boccage que je compte parmi mes meilleurs amis. S'ils vous ont cherché comme je le leur ai conseillé pour leur propre satisfaction et que je les en ai prié pour la mienne, vous aurez pu vous informer d'un homme qui vous aime depuis si longtemps. Ils me diront à leur retour de vos nouvelles, et ce sera une source abondante de plaisir pour moi. Mais si vous ne m'en dites pas vous-même, vous mériterez véritablement des reproches. Ainsi je m'attends à vous voir vaincre votre paresse pour cette fois. Savez-vous bien, mon cher ami, que j'ai manqué d'aller à Rome avec les deux voyageurs que je viens de nommer, et que, si je n'avais pas été dans une position à nuire à des affaires importantes et au travail le plus intéressant et le plus pressé, je vous allais sauter au col. En vérité il fallait que je fusse dans des entraves inextricables pour ne pas aller chercher mon meilleur ami dans le plus beau pays de la terre, et avec les plus aimables compagnons de voyage. Dans la lettre sur laquelle je compte, je vous prie de me dire des nouvelles du P. Le Sueur [Le Seur] et de vos travaux. Nous avons si peu de commerce avec l'Italie que rien de vos occupations ne m'est parvenu. Parlez-moi aussi des mathématiciens qui s'élèvent chez vous. Il s'en forme peu maintenant ici. Un jeune Bordat [Borda] s'était présenté de la manière la plus brillante [cf 16 juin 1756 (3)]. L'ambition guerrière nous l'enlève. Connaissiez-vous la pièce sur la Lune [C. 39 ? C. 41 ?] que j'ai prié M. du Boccage de vous remettre. Si par hasard vous l'aviez déjà, faites présent de cet exemplaire à quelqu'un de vos amis géomètres de ma part. Mais ce que je vous recommande par dessus toute chose, c'est de donner promptement de vos nouvelles à celui qui vous a voué pour la vie le plus tendre attachement. Clairaut. Paris 24 juin 1747 [1757 !]. Si vous rencontrez quelquefois M. et Mlle Natoire [Charles Natoire, nommé directeur de l'Académie de France à Rome en 1751 ; sa sœur Mlle peignait au pastel NDE], je vous prie de leur dire mille choses pour moi. Je me suis beaucoup entretenu de vous depuis peu avec votre cousine, Mme du Haussay [Hausset], qui vous aime toujours beaucoup malgré votre oubli Au très révérend / Révérend Père Jacquier, professeur / de mathématiques et de physique au collège de Sapience / Au collège de la Trinité du Mont / À Rome (Jovy 22, pp. 37-39).
La lettre est datée par erreur de 1747 dans (Jovy 22). Le dernière pièce connue de la correspondance entre les deux hommes remontait à celle de Clairaut du 21 mars 1746 (cf. 21 mars 1746 (1)). La réponse de Jacquier est perdue. Clairaut réécrit à Jacquier le 19 février 175[8]. Sur Mme du Hausset : Ce qui est certain, c'est [que Mme du Hausset] était la cousine du P. Jacquier et que nous possédons personnellement quelques lettres adressées à l'un de ses parents, Collot, marchand tanneur, à Vitry-le-François, où Il est parlé d'elle et de ses enfants, et, ce qui parait très probable, c'est qu'elle était de Champagne et peut-être de Vitry-le-François (Jovy 22, p. 28). Et puis il [le Roi] compta sur ses doigts [les beaux esprits de France] : Maupertuis, Fontenelle, la Motte, Voltaire, Piron, Destouches, Montesquieu, le cardinal de Polignac. - Votre Majesté oublie, lui dit-on, d'Alembert et Clairaut. – Et Crébillon, dit-il, et La Chaussée [...] (Du Hausset 85). Mme du Hausset avait déjà été évoquée entre les deux hommes (cf. 13 avril 1747 (1)). Mme du Boccage est effectivement une amie de Clairaut (cf. Boccage).
Abréviations
C. 39 : Clairaut (Alexis-Claude), Théorie de la Lune déduite du seul principe de l'attraction réciproquement proportionelle (sic) aux quarrés des distances... Pièce qui a remporté le prix de l'Académie impériale des sciences de Saint Pétersbourg en 1750..., Saint-Pétersbourg, 1752, in-4°, 92 p [Télécharger] [6 décembre 1750 (1)] [Sans date (1)] [(7 novembre) 27 octobre 1737 (1)] [Plus].
Du Hausset (Nicole), Mémoires de Madame du Hausset sur Louis XV et Madame de Pompadour, Paris, 1985.
Jovy (Ernest), Une illustration scientifique vitryate : Le P. François Jacquier et ses correspondants, Vitry-le-François, 1922 [10 octobre 1739 (1)] [6 juillet 1743 (1)] [Plus].
Courcelle (Olivier), « 24 juin 17[5]7 : Clairaut (Paris) écrit à Jacquier », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n24juin17co5cf7.html [Notice publiée le 7 mars 2011].
Ce qui est certain, c'est [que Mme du Hausset] était la cousine du P. Jacquier et que nous possédons personnellement quelques lettres adressées à l'un de ses parents, Collot, marchand tanneur, à Vitry-le-François, où Il est parlé d'elle et de ses enfants, et, ce qui parait très probable, c'est qu'elle était de Champagne et peut-être de Vitry-le-François (Jovy 22, p. 28). Et puis il [le Roi] compta sur ses doigts [les beaux esprits de France] : Maupertuis, Fontenelle, la Motte, Voltaire, Piron, Destouches, Montesquieu, le cardinal de Polignac. - Votre Majesté oublie, lui dit-on, d'Alembert et Clairaut. – Et Crébillon, dit-il, et La Chaussée [...] (Du Hausset 85). Mme du Hausset avait déjà été évoquée entre les deux hommes (cf. 13 avril 1747 (1)). Mme du Boccage est effectivement une amie de Clairaut (cf. Boccage).