10 août 1755 (1) : Daniel MacLaurin [!] (Londonderry) écrit à Mr Webb :
Lettre de M. Daniel MacLaurin, écrite de Londonderry en Irlande, à M. Webb, gentilhomme anglaìs à Paris. À Londonderry le 10 août 1755. Je vous envoie, Monsieur, un problème que je vous prie de faire insérer dans le Journal étranger. Ce problème est de la plus grande conséquence pour la théorie du système du monde, et sera trouvé, je crois, de quelque difficulté, quoique le hasard, joint à une longue étude, me l'ait fait résoudre par une méthode synthétique et aisée ; il est vrai qu'il y a plusieurs théorèmes nécessaires pour sa solution. J'en ai eu quelques-uns de feu M. MacLaurin d'Édimbourg, mon cousin. De la solution de ce problème je déduis aisément le fameux problème des trois corps ; je vous aurais envoyé ma méthode dans cette lettre, si je ne craignais la même chose qui arriva à M. Clairaut de Paris au sujet de l'apogée de la Lune [C. 33]. Ce fameux mathématicien ne pensait pas que la théorie du chevalier Newton fût suffisante pour expliquer ce phénomène. À la lecture de son mémoire [cf. 15 novembre 1747 (1)], M. d'Alembert dit qu'il avoir trouvé la même chose ; j'étais alors à Paris ; les deux méthodes furent données à l'Académie [cf. 28 février 1748 (1)] ; quelque temps après M. Clairaut dit qu'il s'était mépris [C. 35, cf. 17 mai 1749 (2)] ; personne ne fut en état de montrer en quoi il s'était trompé. M. d'Alembert lui-même déclara qu'il avait inutilement cherché un moyen pour découvrir l'erreur [M. d'Alembert prétend n'avoir pas cherché en quoi consistait cette erreur, et n'avoir déclaré autre chose dans les registres de l'Académie, sinon que M. Clairaut lui avait communiqué sa méthode NDE] ; il inscrivit cette déclaration sur les registres de l'Académie ; alors M. Clairaut lui communiqua sa méthode [cf. 19 mars 1750 (1), 31 décembre 1750 (1)]. Mais, si je donnais la mienne, quelques personnes pourraient dire aussi qu'ils auraient trouvé la même chose ; d'autres critiqueraient pour l'amour de la critique. Je propose donc le problème publiquement, afin que chacun puisse exercer son propre génie sans imitation ; et d'ailleurs, la certitude de plusieurs idées philosophiques ne peut-être assurée que par la coïncidence des résultats de différentes méthodes. Je suis, etc. Trois corps A, B, C, dont les lois d'attraction soient prises à volonté, tendent à chaque instant à un seul point H. Cela posé, ce problème est de déterminer la courbe que ce point H décrit, les corps A, B, C, étant jetés dans quelque direction et avec quelque vitesse que ce soit, de manière cependant que le centre de gravité G demeure en repos ; et si ces corps s'attirent l'un l'autre dans la raison inverse des quarrés de leur distance, trouver la raison qu'il y a entre les sectaires décrits par ce point H autour du centre de gravité G, et le temps qu'il a pris pour décrire ces sectaires. [figure] (Journal étranger, janvier 1756, pp. 179-181).
Le Journal étranger est alors tenu par Fréron (Journal étranger, janvier 1756, non, paginé). Fréron fut contraint à la démission sous la pression de ses ennemis les philosophes. Il fut remplacé d'abord par Deleyre, puis par Meusnier de Querlon, puis par l'abbé Arnaud en janvier 1760 (Labriolle 91). La prise de fonction de l'abbé Arnaud coïncide avec la parution d'une pièce sur Clairaut d'un certain M. D. B., savant de Berne (cf. Janvier 1760 (1)). Clairaut est ensuite évoqué au détour d'une lettre d'un certain A. J. S., professeur de mathématiques à Rostock (cf. 28 décembre 1759 (1)) ou d'un extrait de (Lagrange 62) (cf. [1762] (1)).
C. 35 : Clairaut (Alexis-Claude), « Avertissement de M. Clairaut au sujet des mémoires qu'il a donnez en 1747 et 1748, sur le système du Monde dans les principes de l'attraction », HARS 1745 (1749), Mém., pp. 577-578 [Télécharger] [17 mai 1749 (2)] [28 juin 1747 (1)] [15 novembre 1747 (1)] [Plus].
HARS 17.. : Histoire de l'Académie royale des sciences [de Paris] pour l'année 17.., avec les mémoires...
Labriolle (M. R. de), « Journal étranger 1 (1754-1762) », Dictionnaire des journaux 1600-1789, éd. J. Sgard, Paris, Universitas, 1991 [Télécharger].
Lagrange (Joseph-Louis, comte de), « Application de la méthode exposée dans le Mémoire précédent à la solution de différents problèmes de dynamique », Mélanges de philosophie et de mathématique de la Société royale de Turin pour les années 1760-1761, Turin, [1762], 2e pag., pp. 196-268 [Télécharger] [13 décembre 1741 (1)] [Plus].
Courcelle (Olivier), « 10 août 1755 (1) : Daniel MacLaurin [!] (Londonderry) écrit à Mr Webb », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n10aout1755po1pf.html [Notice publiée le 25 novembre 2010, mise à jour le 26 novembre 2010].