Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


24 février 1762 (2) : Les sœurs Planström : interrogatoire Planström (III) :
Du mercredy 24 fevrier 1762

Fait venir de sa prison du Petit Chatelet Elizabeth Planstrom femme d'Anne Potier de Sevisse seigneur de Pelletot, asgée de quarante deux ans ou environ, native de Tornon en Suede dem[euran]te a Paris, rüe de Limoges, avec les s[ieu]r comte de Bragelonne, après serment

Interrogée si elle a eu connoissance des liaisons du comte de Bragelonne avec la d[am]e Chambonin qui demeuroit avec luy ?
A dit qu'elle l'a ouy dire comme tout le monde, mais qu'elle n'en sçait rien personnellement.

Si le commerce du s[ieu]r de Bragelonne avec la d[am]e de Chambonin n'a pas excité sa jalousie contre lad[ite] d[am]e de Chambonin ?
A dit que non, n'ayant pas eû lieu d'etre jalouse de la d[am]e de Chambonin et n'ayant pas donné lieu a la d[am]e Chambonin d'estre jalouse d'elle.

A elle remontré cependant que dans plusieurs lettres que le s[ieu]r de Bragelonne a dit estre de la d[am]e de Chambonin et qui font partie des 37 pieces de la 1ere liasse des papiers trouvés chez le s[ieu]r de Bragelonne [cf. 25 septembre 1761 (1)], on y marque toute la jalousie de la d[am]e de Chambonin contre elle, et meme differentes expressions qui denottent son commerce avec le s[ieu]r de Bragelonne ?
A dit qu'elle ne peut empecher la dame de Chambonin de parler et deviser, mais que jamais elle n'a eû aucun commerce avec le sieur de Bragelonne.

Lui avons representé les trente sept pieces enoncées a la 1ere liasse des papiers, interpellée de les reconnoitre ?
A dit qu'elle ne reconnoit que les lettres de Me [Thieset] et Tardy les procureurs, et encore une lettre signée Pinte, lesquelles lettres lui sont adressées, qu'a l'egard des autres papiers, elle ne les reconnoit pas, non plus que les lettres qu'on dit estre de la dame de Chambonin.

Lui avons aussi representé les douze pieces qui composent la 2de liasse et qui sont les papiers trouvés dans la chambre qu'elle occupoit chez le s[ieu]r de Bragelonne [cf. 30 septembre 1761 (1)] ?
A dit qu'elle les reconnoit pour avoir esté trouvés dans l'appartement qu'elle occupoit chez le s[ieu]r de Bragelongne.

Pourquoy parmy ces papiers se trouver une lettre du s[ieu]r de Pelletot son mary ?
A dit que c'est une lettre du s[ieu]r de Pelletot son mary qu'il adressoit à son fils qui a esté remise par Euphrasie Boucry qui demeuroit alors avec elle, et qui avoit eu cy devant un enfant du s[ieu]r de Pelletot fils.

Lui avons enfin representé les deux liasses de titres qui ont esté trouvés [cf. 25 septembre 1761 (1)] et inventoriées les 15 et 18 décembre, cf. 15 décembre 1761 (1), 18 décembre 1761 (1)] dans l'appartement du s[ieu]r de Bragelonne enveloppés dans un torchon, et l'avons interpellé de declarer pourquoy ces papiers qui sont des titres de famille et de biens de son mary, estoient entre les mains du s[ieu]r de Bragelonne ?
A dit qu'elle reconnoit ces titres et que c'est elle qui les a remis au s[ieu]r de Bragelonne dans l'appartement duquel ils ont esté trouvés.

De quelle façon les titres luy sont parvenus ?
A dit que ces titres lui ont esté remis par differentes personnes pour lui rendre service.

Quelles sont ces differentes personnes ?
A dit qu'elle ne les connoit pas, qu'ils lui ont esté envoyé par des gens qui ne se sont jamais nommés, disant qu'ils ne vouloient que rendre service a elle, repondante, et qu'ils ne vouloient pas avoir afffaire à un homme aussi mechant que le s[ieu]r de Pelletot et dont l'esprit est si possessif, et qu'un jour ils se feroient connoitre.

En quel temps ces papiers lui ont esté remis ?
A dit qu'il y a actuellement près de deux ans.

Pourquoy elle les avoit remis au s[ieu]r de Bragelonne ?
A dit qu'elle les a laissés en depost au s[ieu]r de Bragelonne, parce qu'il a bien voulu prendre soin de ses affaires.

Enquis de quelle maniere l'on a pû depoüiller le s[ieu]r de Pelletot de ces titres, et lui avons remontré qu'il n'est pas naturel de croire qu'elle ait reçue lesd[its] titres de gens a elle inconnus, sommée de dire s'il n'est pas vray que c'est lorsqu'elle a esté dans la terre du s[ieu]r de Pelletot avec le s[ieu]r de Bragelonne qu'elle s'est emparée des titres de biens et de famille de son mary ?
A dit qu'elle ne peut pas penetrer comment son mary a esté depouillé de ces titres, qu'elle repete de nouveau que tous ces titres lui ont esté remis par gens à elle inconnus qui, touchés de ses malheurs, vouloient la delivrer des persecutions qu'elle endure depuis très longtemps de la part de son mary.

Si pour s'emparer de ces papiers, elle n'a pas forcé ou fait forcer les coffres et armoires qui les contenoient ?
A dit que non, et que l'on a pas pû forcer les coffres et armoires à Pelletot, puisqu'elle n'y a veu ny coffres ny armoires, n'y ayant que trouvé que les quatre murs.

Ce fait, les papiers contenus en lad[ite] liasse n'ont pas esté paraphé de la repond[an]te, qui a declaré que la plupart de ces papiers ne la regardent pas, si ce sont, comme on le dit, des lettres de la d[am]e de Chambonin, lad[ite] repond[an]te de ce enquise, et les autres ne l'ont pas esté, l'ayant esté cy devant par la repondante et par nous lors de la levée des scellés.

Lecture a persisté et signé. Planström. Lenoir.

[Taxé une demie vaca[ti]on]

Soit montré au procureur du Roy. Fait ce 24 fevrier 1762. Lenoir (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 26).
Le dame de Pelletot avait été interrogée une première fois les 12 et 14 septembre 1761 (cf. 12 septembre 1761 (2), 14 septembre 1761 (2)).

Vu ce nouvel interrogatoire et celui du comte de Bragelongne (cf. 24 février 1762 (1)), le procureur du Roi requerra les joindre au procès, conclusion suivie par le lieutenant criminel (cf. 28 février 1762 (1)).
Abréviation
  • AN : Archives nationales.
Courcelle (Olivier), « 24 février 1762 (2) : Les sœurs Planström : interrogatoire Planström (III) », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n24fevrier1762po2pf.html [Notice publiée le 26 septembre 2012].