13 juillet 1761 (4) : Les sœurs Planström : déposition Touzé :
[En marge : 30e [témoin], r[écolé], c[onfronté]] Michel Louis Touzé, agé de quarante deux ans, maitre peintre de l'academie de Saint Leu, demeurant a Paris rue du temple, p[aroi]sse S[ain]t Nicolas des Champs, apres serment [...] depose [...] qu'il a connoissance que led[it] Fribourg ancien domestique de la dame de Pelletot etant chez lui, deposant, en presence de sa f[emm]e, de la dame Lemoine, du nommé Pinte [cf. 3 avril 1761 (1)] et du s[ieu]r abbé [Pépin ?] a dit plus d'une fois qu'il avoit vû la dame de Pelletot couchée avec le s[ieur] de Bragelogne, que d'autres fois, il les avoit vus ensemble sur un lit pendant le jour et avoit vû le s[ieur] de Bragelogne en s'en relevant remettre le bouton de sa culotte ; qu'il a entendu dire a la nommée Aimée Gilbert [cf. 3 avril 1761 (2)] qu'elle venoit avertir le s[ieur] de Pelletot, son gendre et sa fille de prendre garde a eux, parce que la dame de Pelletot s'etoit fait un jour accompagner par elle a l'eglise S[ain]t Sulpice ou elle s'etoit adressée a un des fossoieurs pour avoir un crane de mort dont elle disoit avoir besoin pour faire la preuve d'un secret qu'on lui avoit appris ; que le s[ieur] Savoisi [cf. 9 mai 1761 (4)], chevalier de Saint Louis, est venu deux fois chez le deposant, cherchant avec empressement a parler aud[it] sieur de Pelletot, pour l'informer disoit-il de la conduite infame et reprehensible que menoit depuis un certain temps la dame de Pelletot avec le s[ieur] de Bragelogne, qu'il etoit surprenant que M[onsieu]r de Pelletot s'endormit ainsy sur le comte de sa femme, que s'il vouloit assurer dix mille francs a la Bocard [cf. 2 avril 1761 (5)] sa maitresse et consentir qu'elle epousa son fils, lad[ite] Bocard et lui, avec un sieur Roze valet de chambre de l'envoyé de Suede, qui avoi[t] fait tout ce qu'il avoit voulu de la dame de Pelletot, luy procureroi[en]t plus de temoins qu'il n'en faudroit pour prouver la mauvaise conduitte de la dame de Pelletot ; que le deposant a aussy entendu dire au s[ieur] de Beaussol [cf. 31 mars 1761 (1)] qu'un particulier nommé Cherbonnel [cf. 9 mai 1761 (2)] et se disant avocat et ecuyer etoit venu chez lui pour le prier de le faire trouver avec le s[ieur] de Pelletot et qu'il avoit des declarations importantes a faire touchant le mauvais commerce d'entre sa femme et led[it] sieur de Bragelogne, que le s[ieur] de Beaussol en ayant donné avis au s[ieur] de Pelletot, il l'avoit fait trouver avec led[it] Cherbonnel qui lui avoit tenü le meme discours et n'avoit pas rougi de demander qu'on lui assura par avance une certaine somme avant que de deposer, attendu qu'il en avoit plus a dire a luy tout seul que tous les temoins qu'on pourroit f[ai]re entendre ; que la nommée Hebert, maitresse de billiards est aussy venuë chez le deposant declarer qu'elle rendroit justice a la verité s'etant fait chez elle de la part de la dame Pelletot et de la Bocard plusieurs parties de libertinage et ayant une parfaite connoissance de toutte l'intrigue amoureuse d'entre le s[ieur] Savoisi et laditte Bocard qui s'etoit manœuvrée chez la dame de Pelletot et a sa connoissance ; et enfin qu'il a entendu dire au nommé Carillon [cf. 4 avril 1761 (1)] que dans le temps que la dame de Pelletot demeuroit dans la rue de Grenelle, elle alloit trois fois par semaine dans a chambre du s[ieur] de Salle dont lui Carillon avoit la clef, que led[it] Bragelogne la suivoit ; que lui Carillon les y auroient vû au travers des ouvertures de la porte se baiser et se caresser ; qu'il a aussy vû plusieurs fois la dame de Pelletot et la demoiselle Bragelogne trousser leur chemise et se laver en sa presence sans pudeur ; et que sur ce qu'il vouloit se retirer en ayant honte pour elles, elles lui disoient de continuer son ouvrage et que des femmes nues ne devoient pas luy fairepeur, desquels faits et plusieurs autres ledit Carillon avoit dit en presence du deposant, qu'il lui avoit pas osé deposer par la crainte qu'il avoit des menaces du s[ieur] de Bragelogne [...] [N'a requis salaire] (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 1).
L'information se poursuit avec la déposition de Antoine Carré (cf. 13 juillet 1761 (5)). Le 23 novembre 1761, lors du récolement : [Michel-Louis Touzé] ajoute que par luy meme il n'a aucune connoissance personnelle et directe des faits mentionnés en sa deposition mais seulement par ouÿ dire de ceux qu'il a indiqués et nommés par lad[ite] deposition (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 20). Le même jour, lors de la confrontation avec la demoiselle de Planström : [Aucun reproche] [Lecture déposition et récolement] L'accusée a dit que la deposition du temoin est pour la plus grande partie un ouÿ dire de choses fausses, abominables et supposées qu'elle offre prouver par bien des gens respectables quelle a esté sa conduite, et que le temoin ne peut estre qu'un témoin gagné par le s[ieu]r de Pelletot ou Bellecourt son gendre.Le temoin, soutenant ses deposition et recolement veritables a dit qu'il n'a esté gagné ny par le s[ieu]r de Pelletot, ny Bellecourt (AN, Y 10237, dossier Planstrom, pièce 21). Le même jour, lors de la confrontation avec le comte de Bragelongne : L'accusé a dit pour reproches que le temoin est de l'intrigue monstrueuse et de la caballe formée par s[ieu]r de Pelletot et ses adhérants, et que conjointement avec le s[ieu]r Beaussole, il a sollicité et suborné toute la valtaille qu'il vüe jusqu'a present avoir deposé contre lui, qu'il a en outre appris que plusieurs des temoins n'ayant pas deposé au desir du s[ieu]r de Pelletot, Beaussolle et Berlimont ont cherché a faire entendre d'autres temoins pour les faire deposer de certains faits que les premiers n'avoient pas deposé au comm[issair]e et contre le temoignage desd[its] p[remie]rs temoins, lui accusé, estant instruit qu'il y a dans Paris une assemblée où tous ses ennemis font complot et se rassemblent pour agir contre luy, se reservant de proposer d'autres reproches par ecrit, n'en ayant proposé d'autres pour le present. Le temoin repondant aux reproches a dit qu'il n'entend rien en ce que veut dire l'accusé, qu'il n'a pas cherché à suborner aucun des temoins contre l'accusé, qu'il ne sçait quels sont ces temoins qui ont deposé contre l'accusé, qu'il ne se mesle aucunement des affaires du s[ieu]r de Pelletot, qu'il n'a esté à aucune assemblée tenüe contre l'accusé, qu'il ne sçait à propos de quoy l'accusé lui fait de semblables reproches. [Lecture déposition et récolement] L'accusé a dit que la deposition du temoin n'est qu'un ouÿ dire et ne fait pas de charge contre lui, mais que par la lecture qu'il a entendu de sad[ite] deposition, il a reconnu que c'etoit un rapport de tous les temoins qui ont desja parus contre lui, et qui n'ont pas deposé tout ce que le temoin declare leur avoir entendu dire, et nous observe que quoy que le temoin dise n'estre pas en societé avec la clique de gens affidés au s[ieu]r de Pelletot, il se trouve cependant chez lui un n[omm]é Pinte et un n[omm]é Beausolle qui sont deux particuliers entierement voüés au s[ieu]r de Pelletot, qu'au reste ce que le temoin a dit touchant la d[emoise]lle Bocard, fait voir ce que l'on doit penser de cette fille, et justifie les reproches qu'il a deduits contre elle (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 22). Le témoin est également évoqué dans le factum du comte de Bragelongne (cf. [Décembre] 1762 (2)) et celui de la demoiselle de Planström (cf. [Décembre] 1762 (1)).
Abréviation
AN : Archives nationales.
Courcelle (Olivier), « 13 juillet 1761 (4) : Les sœurs Planström : déposition Touzé », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n13juillet1761po4pf.html [Notice publiée le 14 juin 2012].
[Michel-Louis Touzé] ajoute que par luy meme il n'a aucune connoissance personnelle et directe des faits mentionnés en sa deposition mais seulement par ouÿ dire de ceux qu'il a indiqués et nommés par lad[ite] deposition (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 20). Le même jour, lors de la confrontation avec la demoiselle de Planström :
[Aucun reproche]
[Lecture déposition et récolement]
L'accusée a dit que la deposition du temoin est pour la plus grande partie un ouÿ dire de choses fausses, abominables et supposées qu'elle offre prouver par bien des gens respectables quelle a esté sa conduite, et que le temoin ne peut estre qu'un témoin gagné par le s[ieu]r de Pelletot ou Bellecourt son gendre. Le temoin, soutenant ses deposition et recolement veritables a dit qu'il n'a esté gagné ny par le s[ieu]r de Pelletot, ny Bellecourt (AN, Y 10237, dossier Planstrom, pièce 21). Le même jour, lors de la confrontation avec le comte de Bragelongne :
L'accusé a dit pour reproches que le temoin est de l'intrigue monstrueuse et de la caballe formée par s[ieu]r de Pelletot et ses adhérants, et que conjointement avec le s[ieu]r Beaussole, il a sollicité et suborné toute la valtaille qu'il vüe jusqu'a present avoir deposé contre lui, qu'il a en outre appris que plusieurs des temoins n'ayant pas deposé au desir du s[ieu]r de Pelletot, Beaussolle et Berlimont ont cherché a faire entendre d'autres temoins pour les faire deposer de certains faits que les premiers n'avoient pas deposé au comm[issair]e et contre le temoignage desd[its] p[remie]rs temoins, lui accusé, estant instruit qu'il y a dans Paris une assemblée où tous ses ennemis font complot et se rassemblent pour agir contre luy, se reservant de proposer d'autres reproches par ecrit, n'en ayant proposé d'autres pour le present.
Le temoin repondant aux reproches a dit qu'il n'entend rien en ce que veut dire l'accusé, qu'il n'a pas cherché à suborner aucun des temoins contre l'accusé, qu'il ne sçait quels sont ces temoins qui ont deposé contre l'accusé, qu'il ne se mesle aucunement des affaires du s[ieu]r de Pelletot, qu'il n'a esté à aucune assemblée tenüe contre l'accusé, qu'il ne sçait à propos de quoy l'accusé lui fait de semblables reproches.
[Lecture déposition et récolement]
L'accusé a dit que la deposition du temoin n'est qu'un ouÿ dire et ne fait pas de charge contre lui, mais que par la lecture qu'il a entendu de sad[ite] deposition, il a reconnu que c'etoit un rapport de tous les temoins qui ont desja parus contre lui, et qui n'ont pas deposé tout ce que le temoin declare leur avoir entendu dire, et nous observe que quoy que le temoin dise n'estre pas en societé avec la clique de gens affidés au s[ieu]r de Pelletot, il se trouve cependant chez lui un n[omm]é Pinte et un n[omm]é Beausolle qui sont deux particuliers entierement voüés au s[ieu]r de Pelletot, qu'au reste ce que le temoin a dit touchant la d[emoise]lle Bocard, fait voir ce que l'on doit penser de cette fille, et justifie les reproches qu'il a deduits contre elle (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 22). Le témoin est également évoqué dans le factum du comte de Bragelongne (cf. [Décembre] 1762 (2)) et celui de la demoiselle de Planström (cf. [Décembre] 1762 (1)).