Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


Clairaut, Richardson et l'abbé Prévost
Lors de son premier voyage en Angleterre (cf. 18 novembre 1752 (1)), Clairaut rencontre Samuel Richardson, alors en pleine préparation de (Richardson 53-54) (cf. 6 avril 1753 (2)).

Même s'il est mécontent des coupes effectuées dans la version française (Richardson 51) de (Richardson 48), Richardson demande à Clairaut s'il peut servir d'intermédiaire avec l'abbé Prévost qui se propose pour traduire (Richardson 53-54) (cf. 5 juillet 1753 (1)).

Clairaut contacte l'abbé Prévost une première fois sans succès, reçoit de Richardson le début (Richardson 53-54) qu'il lit avec grand plaisir, et se propose de recontacter l'abbé Prévost (cf. 7 octobre 1753 (1)).

Clairaut reçoit des volumes supplémentaires de (Richardson 53-54), voit l'abbé Prévost qui va bientôt contacter Richardson pour lui indiquer les coupes auxquelles il compte procéder (cf. 25 décembre 1753 (1)).

Lors de son second voyage en Angleterre (cf. 30 janvier 1754 (1)), un accident de cheval empêche Clairaut de voir Richardson autant qu'il le voudrait (cf. 7 août 1754 (1)).

De retour à Paris, Clairaut reprend ses efforts auprès de l'abbé Prévost (cf. 4 novembre [1754]).

La traduction de l'abbé Prévost (Richardson 55-56) paraît finalement fin 1755, concurrencée par une édition allemande (Richardson 56) (cf. 12 septembre 1755 (1)).

Sur Richardson :
Le domaine littéraire dans lequel l'anglomanie régnante se fait surtout sentir est sans conteste celui du roman. C'est, en effet, aux romanciers anglais et surtout à Richardson, autant qu'à Rousseau, qui aux yeux du public fait trop souvent figure de simple disciple, que le roman doit alors ses modèles les plus célèbres (May 69).

Grimm :
L'abbé Prévost est, selon beaucoup de gens, le premier de nos romanciers : son style est pur et noble, sa manière est vive et intéressante, il est communément dans la nature, et il connaît très bien le cœur humain (Grimm 77-82, vol. 1, p. 138).

Grimm, le 25 janvier 1751 :
L'abbé Prévost vient de traduire en Français un manuscrit intitulé Lettre anglaises ou histoire de Miss Clarissa Harlowe (Grimm 77-82, vol. 2, p. 24).

Grimm, le 15 janvier 1756 :
M. l'abbé Prévost vient de nous donner le commencement de la traduction du roman anglais de M. Richardson, intitulé Histoire du chevalier Grandisson [...]. Il nous promet [la fin] dans le courant de ce mois-ci (Grimm 77-82, vol. 3, p. 161).

Grimm, en juillet 1764 :
L'abbé Prévost était né avec beaucoup de talents ; une conduite déréglée lui nuisît beaucoup. Il avait un besoin continuel d'argent, et il écrivait toujours. La réputation de ses premiers ouvrages le mit aux gages des libraires. Il aimait le vin et les femmes, et trouvait le secret de dépenser tout ce qu'il gagnait (Grimm 77-82, vol. 6, p. 38).
[En note]
L'abbé Prévost était mort le 23 novembre de l'année précédente. Comme il traversait la forêt de Chantilly, il fut frappé d'une apoplexie soudaine. Des paysans relevèrent son corps privé de mouvement, et le remirent au curé le plus voisin. La justice fut appelée pour constater l'état du prétendu cadavre. L'officier public, descendu sur les lieux, agit avec une précipitation déplorable, et ordonna l'ouverture du corps. L'opérateur avait porté le premier coup, quand un cri se fit entendre ; sa main glacée s'arrêta mais il n'était plus temps. Tiré de sa léthargie par la vivacité de sa douleur, Prévost n'ouvrit les yeux que pour voir l'horreur de son sort, et il expira sur-le-champ (Grimm 77-82, vol. 6, p. 38).

Prévost par Collé :
Au commencement de ce mois [de décembre 1763] est mort le célèbre abbé Prévost, auteur de Cleveland, de Manon Lescaut et d'un nombre prodigieux d'autres ouvrages ; car jamais homme n'a autant écrit. Mais il n'écrivait que pour gagner de l'argent, et il n'a jamais pensé à sa réputation. C'est un malheureux qui a toujours vécu dans la débauche la plus crapuleuse. Il brochait le matin une feuille dans son lit, une fille à sa gauche et une écritoire à sa droite, et il envoyait cette feuille à son imprimeur, qui lui en donnait un louis sur-le-champ ; il buvait le reste du jour, c'était là sa vie commune : il n'a jamais rien vu, rien corrigé. [...] Prévost avait été bénédictin, et n'est arrivé dans la société qu'à l'âge de quarante ans ; aussi a-t-il été toute sa vie l'homme d'esprit le plus gauche, le plus lourd et le moins fait pour le commerce ordinaire ; il y était ennuyeux, et c'est vraisemblablement cette raison qu'il sentait intérieurement qui l'a fait vivre dans la mauvaise compagnie. Il se rendait justice sans doute, et savait qu'il n'était pas fait pour vivre avec les honnêtes gens (Collé 68, vol. 2, p. 326).
Références
  • Collé (Charles), Journal et mémoires de Charles Collé, éd. H. Bonhomme, 3 vol., Paris, 1868 [Maupertuis] [Plus].
  • Grimm (Adam Frédéric Melchior, baron de), Correspondance littéraire, philosophique et critique par Grimm, Diderot, Raynal, Meister etc...,, éd. M. Tourneux, 16 vol., Paris, 1877-1882 [Chronologie SA] [Maupertuis] [Plus].
  • May (Georges), « L'année de la comète », Dix-huitième siècle, 1 (1969) 7-30.
  • Richardson (Samuel), Clarissa, or, the History of a young lady, 7 vol., London, 1748 [17 juin 1753 (1)] [Plus].
  • Richardson (Samuel), Lettres angloises, ou Histoire de Miss Clarisse Harlove, Abbé Prévost trad., Londres [Paris], 1751 [5 juillet 1753 (1)].
  • Richardson (Samuel), The History of Sir Charles Grandison in a series of letters, London, 1753-1754 [18 novembre 1752 (1)] [6 avril 1753 (2)] [Plus].
  • Richardson (Samuel), Nouvelles lettres angloises, ou Histoire du chevalier Grandisson, Abbé Prévost, trad., 4 vol., Amsterdam, 1755-1756 [12 septembre 1755 (1)].
  • Richardson (Samuel), Histoire de Sir Charles Grandison, 7 vol., Gottingue-Leide, 1756 [12 septembre 1755 (1)].
Courcelle (Olivier), « Clairaut, Richardson et l'abbé Prévost », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/prevost.html [Notice publiée le 28 janvier 2012].