Le vendredi nous allâmes chez M. l'archevêque, mais il tenait alors son consistoire, et nous ne pûmes pas le voir. M. de Maupertuis y retourna l'après-midi ou le lendemain matin, et eut une conversation assez longue avec lui. Si nous étions partis tous ensemble, nous aurions été très souvent retardés aux postes, où nous aurions eu peine à trouver un nombre suffisant de chevaux pour nos deux carrosses. Nous prîmes donc le parti d'envoyer devant un domestique à cheval, qui faisait préparer les chevaux pour un carrosse, et ce premier carrosse donnait avis aux postes, qu'il en viendrait un second sept à huit heures après, afin qu'il trouvât aussi ses chevaux prêts, et que nous pussions tous nous rendre plus promptement à Torneå. Messieurs Camus, Herbelot et moi, partîmes sur les 5 heures du soir dans le premier carrosse ; M. Meldecreutz [Jonas Meldercreutz (1714-1785) NDM], Suédois, qui était dans le goût de la géométrie et parlait un peu français, devait faire le quatrième, et avait dit qu'il nous joindrait à Upsal : il n'y vint pas cependant ; il n'arriva que quelques jours après [cf. 11 juin 1736 (1)] dans une chaise avec un jeune seigneur suédois, fils de M. Cedestron secrétaire d'état ; ce jeune seigneur ayant envie de voir le pays où nous allions, s'y détermina à l'occasion de notre voyage. Nous trouvâmes à un demi mil d'Upsal, un peu avant l'entrée du bois, une église et des ruines qu'on dit avoir été le vieux Upsal. Nous changeâmes de chevaux à Hogstad à 1 ¼ mil d'Upsal, à Laby à 1 ¼ mil d'Hogstad, à Yffetel à 2 mils au-delà de Laby : le chemin toujours beau, mais dans un pays qui n'est que bois et marécages. Nous arrivâmes à Yffetel un peu avant minuit ; nous y trouvâmes des œufs que nous fîmes durcir, et ce fut là tout notre souper (Outhier 44, pp. 28-29).
Courcelle (Olivier), « 8 juin 1736 (1) : Départ d'Uppsala », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n8juin1736po1pf.html [Notice publiée le 13 septembre 2007].