Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


6 août 1761 (2) : Les sœurs Planström : déposition Galotot :
[En marge : 32e [témoin], r[écolé], c[onfronté] aux deux [accusés]]

Marie Galotot, fille, ouvrière en linge, agée de trente cinq ans, demeurant a Paris, rue de la Limace, paroisse S[ain]t Germain de l'Auxerrois [...] depose [...] qu'etant l'année derniere rue de la Limace chez la dame [Rousse] chez qui le s[ieur] de Pelletot venoit habituellement, et ou etoit alors la dame Lemoine et d'autres personnes, et entre autres la nommée Suzette [Suzanne Hussenot, cf. 26 mars 1761 (1)], elle a entendu dire a une femme de Suisse qu'elle a appris etre morte peu de temps apres a l'Hotel Dieu beaucoup de choses diffamantes sur le compte de la dame de Pelletot, que cette femme disoit hautement avoir plusieurs fois couché avec le s[ieur] de Bragelogne ; que cette femme blamoit hautement la dame de Pelletot du mauvais commerce qu'elle menoit avec le s[ieur] de Bragelogne aussy hardiment sans garder aucune mesure et de tous les mauvais sentiments qu'elle remarquoit en elle pour son mary et du mepris qu'elle en faisoit, disant qu'elle l'avoit fait venir chez elle, rue de la Comedie Francoise en la presence de Bragelogne, lui avoit demandé un secret pour avancer les jours de son mary en luy promettant une bonne recompense, que les nommés Fribourg et Pinte [cf. 3 avril 1761 (1)] ont aussi declaré en presence de la deposante, et celle de la dame Lemoine, de la nommée Suzette et autres, qu'ils avoient vu Bragelogne et la dame de Pelletot couchez ensemble et que le[dit] s[ieur] de Bragelogne faisoit servir sa maison aux hommes comme aux femmes pour leurs debauches ; que c'etoit un homme dangereux qui accusoit de vol touttes les personnes qui etoient chez lui et qui avoit fait pendre un de ses domestiques que tout le monde pretendoit etre innocent ; que la deposante a aussi entendu dire a la nommée Aimée Gilbert [cf. 3 avril 1761 (2)] que la dame de Pelletot l'ayant mené avec elle a S[ain]t Sulpice avoit demandé en sa presence a un fossoieur un crane de mort dont elle disoit avoir besoin pour faire la preuve d'un secret q'uon lui avoit apris et que, connoissant les mauvais desseins que cette femme avoient contre son mary, elle etoit venuë lui avertir et est convenue en presence de la dame Lemoine, du s[ieur] Touzé [cf. 13 juillet 1761 (4)] et plusieurs autres d'avoir vû plus d'une fois le s[ieur] de Bragelogne et la dame de Pelletot couchez ensemble et dont elle avoit promis de deposer et de rendre justice a la verité ; que la deposante a aussy entendu dire au nommé Carillon [cf. 4 avril 1761 (1)] que lad[ite] dame de Pelletot etoit la maitresse du s[ieur] Bragelogne et qu'il les a vus couchez ensemble dans une chambre rue de Grenelle au travers de la serrure et l'avoit aussi fait voir au sieur Salle [cf. 29 avril 1761 (2)] pour qui cette chambre etoit louée ; enfin la deposante ayant demeuré pendant quelque tems rue de Grenelle vis a vis les fenetres de la d[am]e de Pelletot a entendu dire a plusieurs domestiques de l'hotel de Modene et autres personnes que lad[ite] dame de Pelletot etoit la maitresse du sieur de Bragelogne, qu'ils vivoient en mauvais commerce ensemble, qu'ils s'etoient souvent battus et qu'on menoit un fort honteux commerce dans leurs maisons, personne d'ailleurs ne disant du bien du Bragelogne [...] [A requis salaire taxé trente sols] (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 1).
L'information se poursuit avec la déposition de Catherine Besson, veuve Bodat (cf. 6 août 1761 (3)).

Le 2 décembre, lors du récolement, Marie Galotot ne modifiera rien de sa déposition (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 20).

Le même jour, lors de la confrontation avec la demoiselle de Planström :
L'accusée a dit pour reproches que la temoin est de la connoissance de la n[omm]ée Fauconnet, maitresse de son mary, et qu'elle demeure dans la meme rüe ou dans la meme maison, n'a proposé d'autres reproches.
La témoin repondant aux reproches de l'accusée a dit qu'elle ne connoit pas du tout ladite Fauconnet, ny la maitresse du s[ieu]r de Pelletot, et que ce que vient de dire l'accusée presente fait voir que le s[ieu]r de Bragelonne a eû tort de l'accuser d'un mauvais commerce avec le s[ieu]r de Pelletot.
A quoy a esté repondu par l'accusée que le bruit avoit couru que c'etoit la temoin qui vivoit avec le s[ieu]r de Pelletot, mais qu'elle a appris depuis que ce n'étoit pas la temoin, mais la nommée Fauconnet.
[Lecture de la déposition et du récolement]
L'accusée a dit que la deposition de la temoin n'est composée que d'horreurs et d'ouïe dire de la part de gens miserables gagne-deniers qui ont esté subornés, et qui n'ont deposé que de calomnies et d'impostures (AN, Y 10237, dossier Planstrom, pièce 21).

Le même jour, lors de la confrontation avec le comte de Bragelongne :
L'accusé a dit pour reproches que la temoin vit en mauvais commerce avec le s[ieu]r de Pelletot depuis douze années ou environ, qu'elle a eû plusieurs enfants dud[it] s[ieu]r de Pelletot et qu'elle est de la ligue formée entre le s[ieu]r de Pelletot et tous les temoins qui ont deja paru contre lui, et notamment la n[ommé]e Suzanne Ussenot, les n[omm]és Pinte, Touzé, Carillon et autres, qu'en outre la temoin depuis dix huit mois n'a esté occupée qu'a solliciter les uns et les autres pour sans doute administrer les temoins contre lui, accusé, que par tous ces motifs et par d'autres qu'il se reserve de deduire par ecrit, il croit devoir rejetter le temoignage de la temoin, n'ayant proposé d'autres reproches pour le present.
La temoin repondant aux reproches a dit qu'il est faux qu'elle ait jamais vecu en mauvais commerce avec le s[ieu]r de Pelletot, qu'elle n'a pas eû d'enfants dud[it] s[ieu]r Pelletot ny d'autres, qu'elle n'a connu le s[ieu]r de Pelletot, que parce qu'il venoit de temps en temps chez la dame Bousse, sa maitresse, qu'elle n'est pas liée avec Suzanne Ussenot et les autres nommés par l'accusé, que jamais elle ne s'est donnée aucun soin pour trouver des temoins contre l'accusé, et en un mot qu'elle n'a deposé que ce qu'elle a entendu dire.
Et par l'accusé a esté dit qu'il est vrai que la temoin a cherché a suborner des temoins, qu'il ne les pas [...] que la temoin a esté chez le n[omm]é Etienne Dalle, crocheteur porteur d'eau vers la place Maubert, avec lequel elle a mangé un sallade et l'a beaucoup solicité de deposer qu'il avoit veu lui, accusé, en pantoufles et en bonnet de nuit chez la dame de Pelletot, et que meme a cet effet la temoin avoit laissé precedemment chez l'hotesse de ce crocheteur ou de ce porteur d'eau, un billet pour qu'il se rendit chez elle ou chez le s[ieu]r de Pelletot qui sont en menage ensemble, nous observant que le s[ieu]r de Pelletot n'a d'autres domestiques dans la rüe de la Limace.
Et par le temoin a esté dit que ce que vient d'avancer l'accusé n'est pas de vrai ; et qu'elle ne connoit en aucune façon le crocheteur ou le porteur d'eau dont vient de parler le temoin, qu'elle ne demeure point avec le s[ieu]r de Pelletot, et qu'elle n'a aucune liaison avec luy.
[Lecture déposition et récolement]
L'accusé a dit que la deposition de la temoin n'est composée que d'oüis dire et de supposition, et quoy qu'elle ne soit point à la charge de lui, accusé, elle annonce la connoissance qu'il a avancée par ses reproches estre entre la temoin, Touzé, Pinte, Carillon, la n[omm]ée Gilbert, Suzanne Ussenot et autres, observant que ce qu'elle rapporte avoir entendu dire par Carillon, ne se trouve pas conforme à ce que Carillon a deposé lui meme ainsy qu'a ce qu'a pareillement rapporté Edmée Gilbert, de sorte que par là la fausseté des depositions est demontrée (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 22).

Le témoin est également évoqué dans le factum du comte de Bragelongne (cf. [Décembre] 1762 (2)) et celui de la demoiselle de Planström (cf. [Décembre] 1762 (1)).
Abréviation
  • AN : Archives nationales.
Courcelle (Olivier), « 6 août 1761 (2) : Les sœurs Planström : déposition Galotot », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n6aout1761po2pf.html [Notice publiée le 23 juin 2012].