2 décembre 1758 (1) : Prix du comte de Lauragais [ou Lauraguais] :
M. le comte de Lauragais a parlé de deux prix de 2 400 # chacun qu'il désire proposer, l'un pour la solution du problême des trois corps, et l'autre sur l'extraction des métaux et la mercurification pour être donnés au jugement de l'Académie. Il a été résolu qu'avant de rien statuer sur cet article, M[essieu]rs les mathematiciens s'assembleroient mercredi en comité, et M[essieur]s les chimistes samedy pour éxaminer ce qu'ils trouveront de plus convenable en cette occasion, et en faire ensuite rapport à l'Académie (PV 1758, p. 934).
Le comte de Lauragais est un académicien de fraîche date (cf. 18 mars 1758 (1)). Le 6 décembre 1758 : Il a été question de la proposition faite par M. le comte de Lauragais d'une prix de 2 400 # destiné à celui qui auroit donné la solution la plus élégante et sans aucune approximation du problême des 3 corps, et comme l'intention de M. de Lauragais est de ne point exclure les academiciens du concours, et que par conséquent ce prix ne peut être adjugé dans la forme ordinaire, on a deliberé sur la manière dont les pieces devoient être jugées pour éviter tout soupçon de partialité, sur quoy il a été proposé d'engager la Societé royale de Londres et l'Academie de Berlin à nommer chacune trois juges qui avec pareil nombre de l'Academie formeroient un comité de neuf personnes, et que si quelqu'un de ces juges vouloit travailler pour le prix, il seroit tenu de le déclarer pour qu'on en pût nommer un autre en sa place. Ce projet a été approuvé et il a été décidé qu'avant tout et avant même que cette déliberation fut enregistrée, M. Lauragais feroit pressentir ces compagnies pour sçavoir si elles voudroient se préter à cet arrangement. M. D'Alembert a en conséquence redigé un ecrit qui ne m'a point été remis. Il a encore été décidé qu'en cas que le projet eut lieu, l'Academie seroit priée de trouver bon que les pièces fussent adressées à son sécrétaire pour les remettre aux commissaires, mais on s'est pas convenu de la forme dans laquelle se se feroit cette remise, et cet article a été renvoyé après l'acceptation des 2 compagnie étrangeres (PV 1758, pp. 936-937). Le 7 février 1759 : M[essieu]rs les chymistes etant demeurés après la séance, M. le c[om]te de Lauragais a proposé pour sujet d'un prix qu'il désire donner le problême chymique suivant : trouver les moyens de priver totalement l'or et l'argent de leur phlogistique de façon qu'ils ne puisent estre revivifiés que par l'addition du principe inflammable, laquelle proposition a eté agréée à la pluralité des voies (PV 1759, p. 138). Le prix est évoqué à l'occasion de dispute sur la comète dans le Mercure et le Journal helvétique (cf. [c. mai] 1759 (1)). Le prix provoque C. 41 (cf. 23 juin 1759 (1)). Le 7 juillet 1759 : L'affaire du prix proposé par M. le comte de Lauragais pour celuy qui resoudroit le probleme des trois corps ayant été remise en déliberation, j'ai lû ce qui avoit été arreté a ce sujet le [six] decembre dernier, et j'ai été chargé d'ecrire a M[essieur]s les secretaires de la Societé royale de Londres et de l'Academie royale des sciences et belles lettres de Berlin la lettre suivante. M[onsieu]r, un citoyen zelé désirant concourir au progrès des sciences […] a proposé à l'Academie de donner un prix de 2 400 # a celuy qui resoudroit le problème suivant : Trois corps etant lancés dans le vuide avec des vitesses et des directions quelconques et s'attirant en raison directe des masses et inverse du quarré de la distance, trouver rigoureusement et sans approximation les courbes décrites par chacun de ces corps. Mais comme l'intention de celuy qui propose ce prix est de n'exclure aucun sçavant d'y travailler, l'Acad[émi]e a pensé qu'il etoit a propos, pour ecarter tout soupçon de partialité, d'inviter la Societé royale de Londres et l'Academie royale des sciences et belles lettres de Berlin à nommer chacune 3 commissaires qui joints à trois autres que l'Academie des sciences de Paris nommera de son côté jugeront les pieces envoyées au concours. En ce cas, le secretaire de l'Academie des sciences de Paris remettra les pieces qui luy seront adressées à une personne demeurante à Paris que les commissaires nommés par les autres academies auront désignés pour les recevoir. Ce projet dont l'execution ecarteroit tous les inconvenients qu'on peut prevoir a besoin pour être executé de l'acceptation de [blanc]. L'Academie m'a chargé d'avoir l'honneur de vous le proposer de sa part, je m'acquitte avec le plus grand plaisir d'une commission qui me procure celuy de vous assurer etc (PV 1759, f. 527). La Condamine évoque le prix dans sa lettre à Jean II Bernoulli du 26 juillet 1759 (cf. 26 juillet 1759 (1)). Clairaut évoque le prix dans sa lettre à Daniel Bernoulli du 4 août [1759]. D'Alembert à Julie de Lespinasse, le 1 août [1763] : Pour M. de Lauraguais, Charenton est ce qui lui conviendrait le mieux (Henry 67, p. 296). Le comte de Lauragais par Turgot en 1769 : C'est un fou méchant, avec lequel il ne faut avoir aucun rapport, pas même pour le réfuter, parce que ses sottises ne sont pas contagieuses. Connaissez-vous cet animal dont la ressource est, quand on le poursuit, de lâcher des exhalaisons si puantes que le chasseur le plus déterminé retourne sur ses pas ? M. de Lauraguais lui ressemble beaucoup (Turgot 13-23, vol. 3, p. 64).
PV : Procès-Verbaux, Archives de l'Académie des sciences, Paris.
Références
Henry (Charles), Œuvres et correspondances inédites de D’Alembert, Slatkine Reprints, 1967.
Turgot (Anne Robert Jacques), Œuvres de Turgot et documents le concernant, éd. G. Schelle, 5 vol., Paris, F. Alcan, 1913-1923 [14 août 1729 (1)] [Lalande] [Plus].
Courcelle (Olivier), « 2 décembre 1758 (1) : Prix du comte de Lauragais [ou Lauraguais] », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n2decembre1758po1pf.html [Notice publiée le 21 mai 2011, mise à jour le 18 février 2012].
Il a été question de la proposition faite par M. le comte de Lauragais d'une prix de 2 400 # destiné à celui qui auroit donné la solution la plus élégante et sans aucune approximation du problême des 3 corps, et comme l'intention de M. de Lauragais est de ne point exclure les academiciens du concours, et que par conséquent ce prix ne peut être adjugé dans la forme ordinaire, on a deliberé sur la manière dont les pieces devoient être jugées pour éviter tout soupçon de partialité, sur quoy il a été proposé d'engager la Societé royale de Londres et l'Academie de Berlin à nommer chacune trois juges qui avec pareil nombre de l'Academie formeroient un comité de neuf personnes, et que si quelqu'un de ces juges vouloit travailler pour le prix, il seroit tenu de le déclarer pour qu'on en pût nommer un autre en sa place. Ce projet a été approuvé et il a été décidé qu'avant tout et avant même que cette déliberation fut enregistrée, M. Lauragais feroit pressentir ces compagnies pour sçavoir si elles voudroient se préter à cet arrangement. M. D'Alembert a en conséquence redigé un ecrit qui ne m'a point été remis. Il a encore été décidé qu'en cas que le projet eut lieu, l'Academie seroit priée de trouver bon que les pièces fussent adressées à son sécrétaire pour les remettre aux commissaires, mais on s'est pas convenu de la forme dans laquelle se se feroit cette remise, et cet article a été renvoyé après l'acceptation des 2 compagnie étrangeres (PV 1758, pp. 936-937). Le 7 février 1759 :
M[essieu]rs les chymistes etant demeurés après la séance, M. le c[om]te de Lauragais a proposé pour sujet d'un prix qu'il désire donner le problême chymique suivant : trouver les moyens de priver totalement l'or et l'argent de leur phlogistique de façon qu'ils ne puisent estre revivifiés que par l'addition du principe inflammable, laquelle proposition a eté agréée à la pluralité des voies (PV 1759, p. 138). Le prix est évoqué à l'occasion de dispute sur la comète dans le Mercure et le Journal helvétique (cf. [c. mai] 1759 (1)). Le prix provoque C. 41 (cf. 23 juin 1759 (1)). Le 7 juillet 1759 :
L'affaire du prix proposé par M. le comte de Lauragais pour celuy qui resoudroit le probleme des trois corps ayant été remise en déliberation, j'ai lû ce qui avoit été arreté a ce sujet le [six] decembre dernier, et j'ai été chargé d'ecrire a M[essieur]s les secretaires de la Societé royale de Londres et de l'Academie royale des sciences et belles lettres de Berlin la lettre suivante.
M[onsieu]r, un citoyen zelé désirant concourir au progrès des sciences […] a proposé à l'Academie de donner un prix de 2 400 # a celuy qui resoudroit le problème suivant : Trois corps etant lancés dans le vuide avec des vitesses et des directions quelconques et s'attirant en raison directe des masses et inverse du quarré de la distance, trouver rigoureusement et sans approximation les courbes décrites par chacun de ces corps.
Mais comme l'intention de celuy qui propose ce prix est de n'exclure aucun sçavant d'y travailler, l'Acad[émi]e a pensé qu'il etoit a propos, pour ecarter tout soupçon de partialité, d'inviter la Societé royale de Londres et l'Academie royale des sciences et belles lettres de Berlin à nommer chacune 3 commissaires qui joints à trois autres que l'Academie des sciences de Paris nommera de son côté jugeront les pieces envoyées au concours. En ce cas, le secretaire de l'Academie des sciences de Paris remettra les pieces qui luy seront adressées à une personne demeurante à Paris que les commissaires nommés par les autres academies auront désignés pour les recevoir.
Ce projet dont l'execution ecarteroit tous les inconvenients qu'on peut prevoir a besoin pour être executé de l'acceptation de [blanc].
L'Academie m'a chargé d'avoir l'honneur de vous le proposer de sa part, je m'acquitte avec le plus grand plaisir d'une commission qui me procure celuy de vous assurer etc (PV 1759, f. 527). La Condamine évoque le prix dans sa lettre à Jean II Bernoulli du 26 juillet 1759 (cf. 26 juillet 1759 (1)). Clairaut évoque le prix dans sa lettre à Daniel Bernoulli du 4 août [1759]. D'Alembert à Julie de Lespinasse, le 1 août [1763] :
Pour M. de Lauraguais, Charenton est ce qui lui conviendrait le mieux (Henry 67, p. 296). Le comte de Lauragais par Turgot en 1769 :
C'est un fou méchant, avec lequel il ne faut avoir aucun rapport, pas même pour le réfuter, parce que ses sottises ne sont pas contagieuses. Connaissez-vous cet animal dont la ressource est, quand on le poursuit, de lâcher des exhalaisons si puantes que le chasseur le plus déterminé retourne sur ses pas ? M. de Lauraguais lui ressemble beaucoup (Turgot 13-23, vol. 3, p. 64).