18 mai 1749 (1) : D'Alembert écrit à Grandjean de Fouchy :
Ce 18 mai 1749, à sept heures du matin. Je vous prie, Monsieur et cher confrère, de parapher à votre aise et fort exactement tous les papiers que je vous envoie. Ils contiennent des recherches sur le système du monde, que j'ai faites il y a plus d'un an, et dont je suis bien aise de faire usage si l'occasion s'en présente. Je vous prie de mettre en haut de chaque page la date du 18 mai ; cela vous coûtera un peu de temps, mais prenez-en autant qu'il vous plaira. J'enverrai reprendre ces papiers dans huit ou dix jours, lorsque tout sera paraphé. Je vous avertis au reste qu'ils ne contiennent rien qui ait rapport à ce que M. Clairaut et moi lûmes hier [cf. 17 mai 1749 (2)]. Je vous prie aussi de garder cette lettre dont je pourrais avoir besoin. J'ai l'honneur d'être avec beaucoup d'estime et d'attachement, Monsieur et cher confrère, votre très humble et très obéissant serviteur (AI/6, p. 489).
Il s'agit du projet d'ouvrage de d'Alembert (cf. 28 février 1748 (1)), remis en cause par les rétractations de Clairaut et d'Alembert de la veille (cf. 17 mai 1749 (2)). Il est reproduit sous le titre Théorie de la Lune de 1748 dans (AI/6, pp. 175-483). Le manuscrit a été paginé de façon non cohérente par un archiviste. Le feuillet 259, premier feuillet non blanc du manuscrit réordonné, on lit, de la main de Grandjean de Fouchy : Le 18 mai 1749 au matin, M. d'Alembert m'a remis le présent écrit contenant [un blanc] feuillets pour être paraphé. Ce que j'ai fait et le lui ai rendu. Ceci n'est pas signé. Au-dessus du texte des 27 premières pages du manuscrit réordonné, Grandjean de Fouchy a numéroté les feuillets et les a signés, cette action disparaissant à partir du feuillet 28. Le travail demandé par d'Alembert a donc été commencé mais pas terminé. Il semble que, dans les jours qui ont suivi le 18 mai, d'Alembert ait changé d'avis et décidé de laisser son manuscrit en dépôt à l'Académie : 113. La formule du lieu de la Lune que j'avais trouvée d'après cette remarque dès le moi de mai 1748, n'était pas fort différente de celle de l'article 81, quoique calculée moins exactement, et le 18 mai 1749 je crus devoir la remettre entre les mains de M. de Fouchy, avec plusieurs autres recherches sur la théorie de la Lune, qui sont restées entre ses mains. Parmi ces recherches se trouve la méthode que j'ai donnée art. 27, pour approcher de plus en plus du mouvement de l'apogée, et que M. de Fouchy avait déjà entre les mains dès le commencement de novembre 1747 ; il est vrai que je n'en ai fait usage que depuis le nouveau résultat de M. Clairaut sur le mouvement de l'apogée, pour m'assurer si le résultat était exact (Alembert 54-56, vol. 1, pp. 119-120). Un inscription qui figure sur le premier feuillet du manuscrit réordonné montre qu'il a été enregistré sous le numéro 25. Il a été conservé à l'Académie jusqu'au 16 juillet 1783, date à laquelle il aurait été remis à l'auteur comme l'indique une autre mention « Remis le 16 juillet 1783 » suivie du paraphe de Condorcet. Le manuscrit serait passé, après la mort de d'Alembert, à la famille de Condorcet, certainement à la famille de Rothschild et certainement à la Bibliothèque nationale où il est encore conservé (AI/6, pp. xxvi, 166). C'est là certainement l'ouvrage sur la théorie de la Lune que d'Alembert projetait de publier courant 1749 dès que les travaux de Clairaut se seraient trouvés en concordance avec les siens (cf. 25 décembre 1748 (1)). Mais la rétractation soudaine de Clairaut, le poussa probablement d'une part à remettre ses travaux pour conserver le bénéfice des résultats qu'il a obtenus sur d'autres points de la théorie de la Lune (AI/6, p. xxv), ou au cas où Clairaut se serait trompé, le projet, sous cette forme, restant définitivement mort quand d'Alembert vit que Clairaut avait raison.
Références
Alembert (Jean Le Rond, dit d'), Recherches sur différents points importants du système du monde, 3 vol., Paris, 1754-1756 [29 juillet 1739 (2)] [13 décembre 1741 (1)] [Plus].
Alembert (Jean Le Rond, dit d'), Œuvres complètes de d'Alembert. Série I : Traités et mémoires mathématiques, 1736 – 1756, vol. 6 : Premiers textes de mécanique céleste 1747-1749, M. Chapront-Touzé éd., Paris, 2002 [14 juin 1747 (1)] [6 novembre 1747 (1)] [Plus].
Courcelle (Olivier), « 18 mai 1749 (1) : D'Alembert écrit à Grandjean de Fouchy », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n18mai1749po1pf.html [Notice publiée le 27 juillet 2010].
Le 18 mai 1749 au matin, M. d'Alembert m'a remis le présent écrit contenant [un blanc] feuillets pour être paraphé. Ce que j'ai fait et le lui ai rendu. Ceci n'est pas signé. Au-dessus du texte des 27 premières pages du manuscrit réordonné, Grandjean de Fouchy a numéroté les feuillets et les a signés, cette action disparaissant à partir du feuillet 28. Le travail demandé par d'Alembert a donc été commencé mais pas terminé. Il semble que, dans les jours qui ont suivi le 18 mai, d'Alembert ait changé d'avis et décidé de laisser son manuscrit en dépôt à l'Académie :
113. La formule du lieu de la Lune que j'avais trouvée d'après cette remarque dès le moi de mai 1748, n'était pas fort différente de celle de l'article 81, quoique calculée moins exactement, et le 18 mai 1749 je crus devoir la remettre entre les mains de M. de Fouchy, avec plusieurs autres recherches sur la théorie de la Lune, qui sont restées entre ses mains. Parmi ces recherches se trouve la méthode que j'ai donnée art. 27, pour approcher de plus en plus du mouvement de l'apogée, et que M. de Fouchy avait déjà entre les mains dès le commencement de novembre 1747 ; il est vrai que je n'en ai fait usage que depuis le nouveau résultat de M. Clairaut sur le mouvement de l'apogée, pour m'assurer si le résultat était exact (Alembert 54-56, vol. 1, pp. 119-120). Un inscription qui figure sur le premier feuillet du manuscrit réordonné montre qu'il a été enregistré sous le numéro 25. Il a été conservé à l'Académie jusqu'au 16 juillet 1783, date à laquelle il aurait été remis à l'auteur comme l'indique une autre mention « Remis le 16 juillet 1783 » suivie du paraphe de Condorcet. Le manuscrit serait passé, après la mort de d'Alembert, à la famille de Condorcet, certainement à la famille de Rothschild et certainement à la Bibliothèque nationale où il est encore conservé (AI/6, pp. xxvi, 166). C'est là certainement l'ouvrage sur la théorie de la Lune que d'Alembert projetait de publier courant 1749 dès que les travaux de Clairaut se seraient trouvés en concordance avec les siens (cf. 25 décembre 1748 (1)). Mais la rétractation soudaine de Clairaut, le poussa probablement d'une part à remettre ses travaux pour conserver le bénéfice des résultats qu'il a obtenus sur d'autres points de la théorie de la Lune (AI/6, p. xxv), ou au cas où Clairaut se serait trompé, le projet, sous cette forme, restant définitivement mort quand d'Alembert vit que Clairaut avait raison.