12 mai 1738 (2) : Le Monnier (Paris) écrit à Delisle :
Je ne doute point, Monsieur, que vous ne contribuiés volontiers au succès d'un ouvrage qui va s'executer par ordre de l'Academie, et dont je me suis chargé depuis quelques mois. C'est l'histoire celeste de toutes les observations astronomiques faites en France depuis l'etablissement de l'Academie [(Le Monnier 41)]. [...] J'aurois bien souhaité dans mon voyage de Torneå trouver un moment pour aller vous voir, et m'entretenir quelque temps avec vous sur cet ouvrage que je projettois déja, mais je n'en etois pas le maistre, puisqu'il ne fut possible a peine de [m'évader] de quatre lieües de mes autres compagnons. [...] Le projet lorsqu'il a eté lû a l'Academie a eté approuvé de tout le monde, hormis M[onsieu]r Cassini qui n'a pas dit un seul mot, et qui ne paroissoit pas content d'un tel ouvrage. Vous devez bien vous en imaginer la raison ; mais il y a quelque chose de plus, c'est qu'on vient d'achever d'imprimer ses tables au Louvre (AN, mar, 2 JJ 64, 106).
Delisle répond le 28 juin : J'ai reçu, M., par la voie de M. Celsius votre lettre du 12 mai dernier. [...] Il n'y a qu'une chose sur laquelle je ne puis m'empêcher de vous temoigner ma surprise, c'est que dans ce projet [(Le Monnier 41)], vous ne faites point mention de M. Cassini, quoi qu'il ne paroisse pas possible de traiter l'histoire celeste de l'astronomie en France, sans que la principale partie vienne de M. Cassini ; et [...] sans que cela se fasse de son consentement, et avec son aide. Vous n'ignorez pas que les obs[ervations] astron[omiques] de feu M. Cassini ont été le fondement de tout ce qui s'est fait en astronomie dans l'Académie, et comme elles ont été jusqu'ici continuées avec tant d'application et d'assiduité, tant par M. son fils que par M. Maraldi, il ne me paroit pas possible de donner une histoire céleste des obs[ervations] de France, sans y comprendre celles de M[essieu]rs Cassini et Maraldi (AN, mar, 2 JJ 64, 107). Delisle fait part d'un point de vue similaire à Celsius (cf. (1 août 1738) [21 juillet 1738]). La réponse de Le Monnier parvient à Delisle le 11 septembre (nouveau style) : Je suis bien surpris, Monsieur, que vous m'aïés accusé d'en reprendre une histoire celeste [(Le Monnier 41)] sans le consentement de M[onsieu]r Cassini. J'ai lû mon projet dans l'Accademie, et puisque l'accademie y a consenti, vous jugés bien que M[onsieu]r Cassini y consent aujourd'hui ; mais pour ce qui est des observations de M[essieu]rs Cassini et Maraldi, je n'ai pu les avoir, car M[onsieu]r Cassini a dit a M[onsieu]r Dufay qu'il s'en chargeroit, et qu'il les feroit imprimer un jour a venir. [PS] Si vous recrivez a M[onsieu]r de Maurepas, je vous prie de lui parler de cette histoire celeste avec quelque empressement pour moi et non par pour M[onsieu]r Cassini (AN, mar, 2 JJ 64, 119). Le 8 septembre 1738, Le Monnier écrit à Celsius : Je commence à croire, mon cher Monsieur, que vous m'avez tout à fait oublié, puisque depuis le 14 février je n'ai reçu aucune de vos lettres, quoique je vous en aie écrit au moins 4 ou 5, que vous avez reçu sans doute, puisque M. Delisle m'a fait réponse à une de celles dont je vous avais prié de vous charger. Je ne doute pas que vous n'ayez reçu la dernière que je vous ai envoyée, mais en attendant la réponse, je vous envoie la 1re feuille de l'Histoire céleste [(Le Monnier 41)], dont Collombat s'est chargé. Je vous prie de vouloir bien me communiquer promptement vos remarques et d'envoyer cette même feuille à M. de Lisle. J'espère recevoir sa réponse encore assez tôt, s'il me [réécrit] fort peu de temps après qu'il aura examiné cette feuille (Nordenmark 36, p. 194). Le 15 septembre 1738, Le Monnier écrit à Celsius : J'ai reçu, Monsieur, vos deux lettres, et vous ne sauriez croire quel plaisir j'ai ressenti de voir que vous ne m'aviez pas oublié tout à fait. [...] Agissez je vous prie comme si je ne vous en avais rien communiqué, car je suis fort mal dans la faction académicienne qui tient pour Cassini. Cette faction ou cabale l'emporte pour le présent, de sorte que M. Cassini est plus impérieux que jamais : et on m'avait même fait quelques menaces, chose fort désagréable a entendre quoi que je craigne nullement d'effets considérables (Nordenmark 36, p. 194). Le 4 mai 1739, Le Monnier écrit à Celsius : Je me souviens aussi que je vous avais prié de me communiquer vos remarques sur le projet de mon Histoire céleste [(Le Monnier 41)], et j'en aurais certainement profité si vous eussiez voulu me les envoyer, mais de tout cela je n'ai eu qu'une seule réponse au bout de six mois [Mais pas sur l'Histoire céleste] [...]. Je suis en dispute avec M. Cassini sur la longitude d'Upsal (Nordenmark 36, pp. 194-195). Delisle évoque (Le Monnier 41) dans sa lettre à Celsius du (17 juillet 1739) [6 juillet 1739]. Le 24 septembre 1739, Delisle (Petersbourg) écrit à Cassini : J'ai reçu une lettre de M. Le Monnier le fils, peu après son retour de Suede, dans laquelle il m'annonce le projet qu'il a formé et proposé à l'Academie, de publier une histoire celeste de toutes les observ[ations] faites par les astronomes de l'Academie, depuis le commencement de son établissement jusqu'à présent [(Le Monnier 41)]. [...] Mais ce qui me surprend, c'est qu'il n'y parle point des vôtres [d'observations], ni de celles de M. votre pere et de M. Maraldi qui devroient cependant être les principales d'une pareille collection. Je n'ai pu m'empêcher d'en temoigner ma surprise non seulement à M. Le Monnier, dans la reponse que je lui ai faite sur le champ, mais aussi a M. le comte de Maurepas qui m'avoit ecrit vers le même tems, pour que j'envoiasse mes observ[ations] pour joindre a cette collection. J'ai appris depuis, par la reponse de M. le comte de Maurepas, que M. Le Monnier travailloit à cette collection de concert avec vous : mais je ne sai[s] pas encore si vos observ[ations] et celles de M. votre père, avec celles de M. Maraldi, seront comprises dans cette collection, et si l'on doit esperer de les voir bientôt toutes publiées ? [...] Comme M. Le Monnier, en m'envoiant son projet, m'avoit demandé quelques avis, et mes conseils pour l'execution de son dessein, je n'ai pas manqué de lui marquer combien il seroit utile et agreable que cette Histoire celeste fut accompagnée d'une histoire abregée de la vie et des ouvrages des astronomes dont on auroit publié les observ[ations] comme aussi de la description de leurs instruments, de leurs verifications etc, mais j'ai appris que M. le Monnier n'avoit point communiqué ma lettre à l'Acad[émie] et je ne sai[s] quel usage il fera de mes avis. [...] Je vous suis bien obligé, M[onsieur], de l'exemplaire que vous m'avez envoié par M. de Mairan de votre reponse imprimée [(Cassini 38a), cf. 12 décembre 1738 (1)] contre les objections de M. Celsius [(Celsius 38)] (AN, mar, 2 JJ 65, 74). Le 6 juin 1740, Le Monnier écrit à Celsius : Je ne suis pas encore à la fin de mon Histoire céleste [(Le Monnier 41)]. Je compte prolonger autant que je pourrai à cause de ma préface, qui doit me conduire jusqu'aux vacances (Nordenmark 36, p. 197). L'Histoire céleste paraîtra en 1741 (cf. 4 mai 1741 (1)). Le Monnier fera part de toute sa haine envers Cassini et Dortous de Mairan le 7 juillet 1742 (cf. 7 juillet 1742 (3)).
Abréviation
AN : Archives nationales.
Références
Cassini (Jacques), Réponse à la dissertation de M. Celsius sur les observations faites pour déterminer la figure de la Terre, Paris, 1738 [(27) 16 août 1738] [Plus].
Celsius (Anders), De observationibus pro figura telluris determinanda in Gallia habitis, Upsaliae, 1738 [(25) 14 mars 1738] [Plus].
Courcelle (Olivier), « 12 mai 1738 (2) : Le Monnier (Paris) écrit à Delisle », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n12mai1738po2pf.html [Notice publiée le 25 juin 2009].
J'ai reçu, M., par la voie de M. Celsius votre lettre du 12 mai dernier. [...] Il n'y a qu'une chose sur laquelle je ne puis m'empêcher de vous temoigner ma surprise, c'est que dans ce projet [(Le Monnier 41)], vous ne faites point mention de M. Cassini, quoi qu'il ne paroisse pas possible de traiter l'histoire celeste de l'astronomie en France, sans que la principale partie vienne de M. Cassini ; et [...] sans que cela se fasse de son consentement, et avec son aide. Vous n'ignorez pas que les obs[ervations] astron[omiques] de feu M. Cassini ont été le fondement de tout ce qui s'est fait en astronomie dans l'Académie, et comme elles ont été jusqu'ici continuées avec tant d'application et d'assiduité, tant par M. son fils que par M. Maraldi, il ne me paroit pas possible de donner une histoire céleste des obs[ervations] de France, sans y comprendre celles de M[essieu]rs Cassini et Maraldi (AN, mar, 2 JJ 64, 107). Delisle fait part d'un point de vue similaire à Celsius (cf. (1 août 1738) [21 juillet 1738]). La réponse de Le Monnier parvient à Delisle le 11 septembre (nouveau style) :
Je suis bien surpris, Monsieur, que vous m'aïés accusé d'en reprendre une histoire celeste [(Le Monnier 41)] sans le consentement de M[onsieu]r Cassini. J'ai lû mon projet dans l'Accademie, et puisque l'accademie y a consenti, vous jugés bien que M[onsieu]r Cassini y consent aujourd'hui ; mais pour ce qui est des observations de M[essieu]rs Cassini et Maraldi, je n'ai pu les avoir, car M[onsieu]r Cassini a dit a M[onsieu]r Dufay qu'il s'en chargeroit, et qu'il les feroit imprimer un jour a venir.
[PS] Si vous recrivez a M[onsieu]r de Maurepas, je vous prie de lui parler de cette histoire celeste avec quelque empressement pour moi et non par pour M[onsieu]r Cassini (AN, mar, 2 JJ 64, 119). Le 8 septembre 1738, Le Monnier écrit à Celsius :
Je commence à croire, mon cher Monsieur, que vous m'avez tout à fait oublié, puisque depuis le 14 février je n'ai reçu aucune de vos lettres, quoique je vous en aie écrit au moins 4 ou 5, que vous avez reçu sans doute, puisque M. Delisle m'a fait réponse à une de celles dont je vous avais prié de vous charger. Je ne doute pas que vous n'ayez reçu la dernière que je vous ai envoyée, mais en attendant la réponse, je vous envoie la 1re feuille de l'Histoire céleste [(Le Monnier 41)], dont Collombat s'est chargé. Je vous prie de vouloir bien me communiquer promptement vos remarques et d'envoyer cette même feuille à M. de Lisle. J'espère recevoir sa réponse encore assez tôt, s'il me [réécrit] fort peu de temps après qu'il aura examiné cette feuille (Nordenmark 36, p. 194). Le 15 septembre 1738, Le Monnier écrit à Celsius :
J'ai reçu, Monsieur, vos deux lettres, et vous ne sauriez croire quel plaisir j'ai ressenti de voir que vous ne m'aviez pas oublié tout à fait. [...] Agissez je vous prie comme si je ne vous en avais rien communiqué, car je suis fort mal dans la faction académicienne qui tient pour Cassini. Cette faction ou cabale l'emporte pour le présent, de sorte que M. Cassini est plus impérieux que jamais : et on m'avait même fait quelques menaces, chose fort désagréable a entendre quoi que je craigne nullement d'effets considérables (Nordenmark 36, p. 194). Le 4 mai 1739, Le Monnier écrit à Celsius :
Je me souviens aussi que je vous avais prié de me communiquer vos remarques sur le projet de mon Histoire céleste [(Le Monnier 41)], et j'en aurais certainement profité si vous eussiez voulu me les envoyer, mais de tout cela je n'ai eu qu'une seule réponse au bout de six mois [Mais pas sur l'Histoire céleste] [...]. Je suis en dispute avec M. Cassini sur la longitude d'Upsal (Nordenmark 36, pp. 194-195). Delisle évoque (Le Monnier 41) dans sa lettre à Celsius du (17 juillet 1739) [6 juillet 1739]. Le 24 septembre 1739, Delisle (Petersbourg) écrit à Cassini :
J'ai reçu une lettre de M. Le Monnier le fils, peu après son retour de Suede, dans laquelle il m'annonce le projet qu'il a formé et proposé à l'Academie, de publier une histoire celeste de toutes les observ[ations] faites par les astronomes de l'Academie, depuis le commencement de son établissement jusqu'à présent [(Le Monnier 41)]. [...] Mais ce qui me surprend, c'est qu'il n'y parle point des vôtres [d'observations], ni de celles de M. votre pere et de M. Maraldi qui devroient cependant être les principales d'une pareille collection. Je n'ai pu m'empêcher d'en temoigner ma surprise non seulement à M. Le Monnier, dans la reponse que je lui ai faite sur le champ, mais aussi a M. le comte de Maurepas qui m'avoit ecrit vers le même tems, pour que j'envoiasse mes observ[ations] pour joindre a cette collection. J'ai appris depuis, par la reponse de M. le comte de Maurepas, que M. Le Monnier travailloit à cette collection de concert avec vous : mais je ne sai[s] pas encore si vos observ[ations] et celles de M. votre père, avec celles de M. Maraldi, seront comprises dans cette collection, et si l'on doit esperer de les voir bientôt toutes publiées ? [...] Comme M. Le Monnier, en m'envoiant son projet, m'avoit demandé quelques avis, et mes conseils pour l'execution de son dessein, je n'ai pas manqué de lui marquer combien il seroit utile et agreable que cette Histoire celeste fut accompagnée d'une histoire abregée de la vie et des ouvrages des astronomes dont on auroit publié les observ[ations] comme aussi de la description de leurs instruments, de leurs verifications etc, mais j'ai appris que M. le Monnier n'avoit point communiqué ma lettre à l'Acad[émie] et je ne sai[s] quel usage il fera de mes avis.
[...]
Je vous suis bien obligé, M[onsieur], de l'exemplaire que vous m'avez envoié par M. de Mairan de votre reponse imprimée [(Cassini 38a), cf. 12 décembre 1738 (1)] contre les objections de M. Celsius [(Celsius 38)] (AN, mar, 2 JJ 65, 74). Le 6 juin 1740, Le Monnier écrit à Celsius :
Je ne suis pas encore à la fin de mon Histoire céleste [(Le Monnier 41)]. Je compte prolonger autant que je pourrai à cause de ma préface, qui doit me conduire jusqu'aux vacances (Nordenmark 36, p. 197). L'Histoire céleste paraîtra en 1741 (cf. 4 mai 1741 (1)). Le Monnier fera part de toute sa haine envers Cassini et Dortous de Mairan le 7 juillet 1742 (cf. 7 juillet 1742 (3)).