Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


(15) 4 décembre 1736 : Celsius (Torneå) écrit à Hans Sloane :
Je vous demande mille pardons, que j'ai tardé si longtemps de vous rendre mes devoirs, et de vous remercier pour les civilités, que vous m'avez faites pendant mon séjour à Londres. J'ai été toujours dans un mouvement continuel depuis que j'ai quitté l‘Angleterre. J'ai passé tout l'été avec mes compagnons sur les montagnes de Laponie, et nous avons mené une vie assez rude. N'étant point de maisons dans le voisinage, nous étions obligé de coucher toujours sur les montagnes aux peaux de rennes sur la mouche [!]. Nous avons eu beaucoup de peine à monter les montagnes assez rudes avec nos instruments, et de marcher dans les marais et les forêts sans chemin et sans aucune voiture. Les chemins sont ici les fleuves et les lacs, où l'on voyage avec des bateaux, étant les rennes et les chevaux dans ce temps là inutiles. Mais le voyage par les fleuves est fort dangereux, étant partout des cataractes qu'on descend et monte d'une façon bien incroyable. Malgré la rapidité de cataracte, et la grande quantité de pierres dont elle est remplie, les fleuves sont ici navigables. Mais quelquefois les pierres renversent les bateaux. Le pays est seulement habité au long des fleuves. Tout ce pays-ci de Torne[å] jusqu'à Jokasjerfwi est à présent habité par les finnois qui ont chassé d'ici les lapons plus haut vers le Nord. La plus grande partie de notre nourriture fut le saumon qui vient du golfe pour monter les cataractes. Et c'est le saumon qui fait le commerce de ce peuple ci. Un prodigieuse quantité de cousins nous ont causé la plus grande incommodité. Ces insectes là nous ont piqué au visage et aux mains d'une façon insupportable. Il y a tort, que les Lapons même avec leurs rennes sont obligé pendant l'été de passer les Alpes et de meurer [!] auprès de la mer occidentale vers Wardhus. Avec tout cela nous avons en deux mois mesuré un degré de la ville de Torne[å] jusqu'à Pello, en liant ensemble les montagnes avec des triangles, de la même manière qu'on a tiré le méridien sur toute la France. Nous avons aussi observé la différence des latitudes entre Torne[å] et Pello. Et après demain, nous pensons d'aller à à Öswer Torne[å] [cf. 18 décembre 1736 (1)] vers le milieu de notre méridien pour mesurer une base sur la glace du grand fleuve de Torne[å]. Ce fleuve a été gelé depuis le mois d'octobre, excepté les plus grandes cataractes. Nous sommes [vêtus] de pied en cap contre le grand froid avec des peaux de rennes.

Dès que l'on commençait à voir les étoiles, on a vu aussi les lumières boréales. Mais ces lumières sont ici autant méridionales que boréales, ayant vu souvent un arc lumineux vers le Sud, dont la plus grande hauteur avait une déclinaison vers l'Orient (Nordenmark 36, p. 72).
La lettre est lue à la Royal Society le (24 janvier 1737) 13 janvier 1736.
Référence
Courcelle (Olivier), « (15) 4 décembre 1736 : Celsius (Torneå) écrit à Hans Sloane », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/npo15pf4decembre1736.html [Notice publiée le 17 mai 2008].