31 octobre 1758 (1) : Mayer (Göttingen) écrit à La Caille :
Je viens de lire dans le Journal des sçavans de février 1758 la lettre de M. Clairaut [C. 46] dans laquelle ce savant géomètre a entrepris de défendre en passant ma cause contre M. d'Alembert. Je lui en suis très obligé ; je souhaiterais seulement que M. Clairaut se fût expliqué d'une manière un peu plus réservée sur le secours que je doive avoir reçu de lui ou de M. d'Alembert, car il peut bien se tromper sur cet article. En effet, ayant travaillé sur les théorie de la Lune dès l'an 1749, longtemps avant que j'aie pu voir les ouvrages de ces deux habiles géomètres, je fus dès lors parvenu à des tables de Lune assez exactes, témoin une lettre que j'ai écrite à M. Delisle vers l'an 1749 ou 1750. Aussi la route que j'ai tenue pour résoudre les équations générales de M. Euler est-elle très différente de celles que MM. Clairaut et d'Alembert ont jugé à propos de suivre. On peut voir un exemple de cette différence dans mes tables imprimées au sujet du calcul de la latitude, quoique j'y aie négligé quelques petites corrections, que je jugeai alors inutiles. Tous les géomètres ont uniquement cherché séparément le mouvement des nœuds et l'inclinaison de l'orbite de la Lune, au lieu que j'ai directement tiré de la théorie la latitude vraie de la Lune, sans avoir besoin ni du lieu vrai du nœud ni de l'inclinaison. Mon calcul entier, auquel j'ai retouché plusieurs fois, est expliqué dans un écrit que j'ai envoyé avec des tables à Londres il y a 3 ans. Je possède encore des tables de la Lune construites avant la publication de mes tables imprimées [(Mayer 52)], dans lesquelles tous les arguments, au nombre de 22, sont déterminés par les mouvements moyens comme dans celle de M. Clairaut ; mais mes équations sont toujours additives. Le grand nombre de ces équations dans ces tables m'a déterminé à en changer la forme, sans perdre quelque chose du côté de l'exactitude ; ce qui m'a réussi parfaitement. Lorsque le temps me permettra de publier toutes mes recherches sur la théorie de la Lune, il paraîtra évidemment que je n'ai rien emprunté des autres (Forbes 96).
La Caille évoquera cette lettre le 21 juin 1759 (cf. 21 juin 1759 (2)).
Courcelle (Olivier), « 31 octobre 1758 (1) : Mayer (Göttingen) écrit à La Caille », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n31octobre1758po1pf.html [Notice publiée le 13 mai 2011].