Le lundi matin, il s'est trouvé dans la cour de cette maison, un Lapon et une Lapone : c'était deux personnes mal faites, presque toujours assis sur leurs talons, qui mendiaient ; ils n'auraient pas été extrêmement petits s'ils se fussent tenus debout. Nous sommes partis de là vers les 7 heures du matin. Nous avons mis pied à terre pour descendre les cataractes de Kůkůla : nous prenions plaisir à voir du rivage les agitations de nos bateaux, comment quelquefois ils paraissaient être tout en l'air, d'autres fois abîmés dans les flots. Nous y avons vu une hermine qui courait et se cachait sous les cailloux si subtilement, qu'on n'a pas pu la prendre. Nous en avons vu quelquefois courir dans l'eau vers les bords du fleuve ou des lacs. Nous y avons vu aussi des oiseaux, espèce d'aigle, se précipiter dans les eaux de la cataracte, et emporter des poissons dans leurs griffes. On nous a dit que lorsque ces oiseaux se jetaient sur de trop gros poissons, il arrivait quelquefois que ne pouvant les enlever ni retirer leurs griffes, ces poissons les entraînaient avec eux dans l'eau et les noyaient. Nous sommes arrivés sur les 3 heures après midi, chez M. Piping, où nous avions d'abord débarqué à notre arrivée à notre arrivée à Torneå [cf. 20-21 juin 1736] : nous y avons retrouvé nos chambres et nos lits. C'est la première fois depuis le 6 juillet [cf. 6 juillet 1736 (1)] que j'ai quitté mes habits pour me coucher dans des draps. Dans les montagnes de Niwa, Kakama et Cuitaperi, nous avions vu le clocher de Torneå, et nous avions à prendre de ce clocher, les angles entre ces trois montagnes. On voyait aisément les deux premières ; mais nous ne pûmes point apercevoir la troisième, ni le lundi au soir, ni le mardi de tout le jour (Outhier 44, pp. 94-95).
Courcelle (Olivier), « 27-28 août 1736 : Korpikylä – Torneå », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n27-28aout1736.html [Notice publiée le 29 octobre 2007].
