On était continuellement attentif au temps qu'il ferait pour profiter des premiers moments qui se présenteraient. Messieurs de Maupertuis et Celsius ont passé à ce dessein la nuit sur la montagne ; M. Le Monnier y a passé la nuit suivante ; mais le temps a toujours été couvert quoiqu'il gelât à glace, et on n'a pu faire aucune observation avec le secteur, ni prendre le passage de la claire de l'Aigle à la lunette fixe pour s'en servir aux expériences des pendules simples. Ce temps si constamment couvert nous causait bien de l'inquiétude. Nous avions choisi l'étoile δ du dragon, comme la plus propre pour les observations du secteur : elle passait au méridien assez près du zénith, à l'heure la plus convenable pour pouvoir encore être observée à Torneå ; mais nous étions dans une crainte continuelle de ne pouvoir finir assez tôt les observations sur Kittis, et cependant nous étions à la veille d'y être arrêtés, non seulement pas les observations, mais encore par les glaces du fleuve, qui dans les commencements de l'hiver, et quelquefois pendant très longtemps, empêchent la navigation, et aussi ne sont pas assez fortes pour porter les traîneaux. Cette difficulté devenait d'autant plus grande pour nous, que nous avions à transporter le secteur, dont le pied seul était extrêmement pesant. Si le temps avait été un peu favorable, et qu'il ne nous eût donné aucune inquiétude sur le succès de nos opérations, notre séjour à Pello aurait été assez agréable. Nous y composions une société très unie ; nous étions assez bien logés, du moins pour le pays ; nous avions le long du fleuve des promenades aussi agréables qu'elles sont solitaires. La bière, l'eau-de-vie et l'eau du fleuve suppléaient au vin ; et si nous manquions de certaines choses, nous en avions d'autres très abondamment (Outhier 44, pp. 109-110).
Courcelle (Olivier), « 26 septembre 1736 (1) : Pello », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n26septembre1736po1pf.html [Notice publiée le 3 décembre 2007].