De Bureå à Siälesstat 2 mils : il était minuit quand nous avons débarqué ; nous n'avons pas entré dans Siälesstat qui est un gros bourg ; nous avons trouvé des chevaux auprès de l'église à l'Ouest du village ; le lanseman avait été averti, et beaucoup de monde nous y attendait. On a d'abord mis à notre carrosse des chevaux qui ne faisaient que sauter, et qui n'auraient pas su tirer. Nous en avons fait mettre d'autres ; mais comme on se disposait à partir, le paysan qui devait mener a été fort embarrassé de savoir où il se placerait ; il s'est enfin assis sur la coquille du siège, où on ne le voyait presque pas, ce qui a fait rire toute l'assemblée. Nous dormions avec confiance tous les quatre pendant une bonne partie du chemin, quoi que menés par d'aussi mauvais cochers, et tirés par des chevaux qu'on venait de prendre dans les bois, et qui n'étaient guère fait pour les carrosses ; et cela dans des forêts immenses, et quelquefois désertes, où nous faisions quatre à cinq lieues sans voir aucune maison. Nous partîmes enfin, nous passâmes d'assez bonnes campagnes, et deux rivières sur les ponts, pour arriver après 1 ½ mil à Fraskager à 3 heures du matin. Nous partîmes tout de suite ; le chemin fut toujours uni, dans des forêts de sapin et de bouleaux, mêlées de marais. Nous avons passé à 4 heures une belle et grande rivière nommée Busti, où on a mis le carrosse sur deux bateaux ; le chemin de même, uni dans les bois jusqu'à Åbyn, distant de 2 ¼ mil. Nous y sommes arrivés à 7 heures ; ensuite nous avons passé une rivière sur un pont de bois (il n'y en a aucun de pierres). Nous avons eu ensuite un pays très uni dans des bois de sapin, et des marais, mais un chemin très sablonneux, où nous avions peine à avancer ; nous ne sommes arrivés qu'à 11 heures à Gessre distant d'un 7/8 mil. Le vallon de Gessre est assez joli ; une de ses extrémités donne sur la mer du Sud-Est, et à l'autre est un lac, au travers duquel coule la rivière. Il y a un grand nombre de maisons toutes dispersées, et beaucoup de terres cultivées. Nous avons passé la rivière ; et après deux lieues de chemin uni, mais très sablonneux dans les bois, nous avons trouvé une jolie campagne bien cultivée, avec deux hameaux ; il y a encore quelques bois, et des chemins toujours dans les sables, jusqu'à la grande rivière de Pitheå, que nous avons passée en bateau à 4 heures après midi pour arriver à Pitheåka, éloigné de Gessre de 2 ¼ mils. C'est le vieux Pitheå qui, outre un grand village assez rassemblé auprès de l'église, comprend un grand nombre de maisons dispersées dans une belle prairie sur le bord de quelques lacs contigus à la mer et à la grande rivière qui est plutôt un bras de mer. Le nouveau Pitheå, ou la ville, est éloigné de là d'une lieue de France : nous l'avons vu après notre retour (Outhier 44, pp. 40-42).
Courcelle (Olivier), « 17 juin 1736 (1) : Uppsala – Torneå », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n17juin1736po1pf.html [Notice publiée le 17 septembre 2007].