M[onsieu]r Le Monnier a lu l'écrit suivant, après la lecture duquel MM. Clairaut, Camus et Le Monnier déja nommés commissaires par l'Académie pour l'examen de la base de Mons[ieu]r Picard, l'ont êté derechef, et elle leur adjoint M[essieu]rs Bouguer, Cassini de Thury et l'abbé de La Caille. Remarques proposées sur le degré de M. l'abbé Picard compris entre Paris et Amiens. […] L'année suivante [1740] le 20 du mois d'août [cf. 20 août 1740 (1)], M. le comte de Maurepas pour lors président de l'Académie des sciences, nomma M[essieu]rs Clairaut, Le Camus et moi commissaires pour constater la longueur de la base de M[onsieu]r Picard dont les termes austral et boréal paroissoient absolument détruits […] J'invite MM. de l'Academie a être temoins de la longueur de ces mesures samedi prochain, et à se trouver à la mesure que je dois faire conjointement avec deux autres commissaires depuis Villejuive [Villejuif] jusqu'à Juvisy, dont on indiquera le jour aux assemblées suivantes (PV 1756, p. 352).
Le mémoire est imprimé dans (Le Monnier 57a, pp. 4-8). [Bouguer] Remarques sur l'ecrit de M. Le Monnier [(Le Monnier 57a)] [...] page 8 ligne 2. Je soupçonne fort que ces mots avec les deux autres commissaires ont été ajoutés depuis la lecture du 16 juin 1756, et je suis persuadé que M[essieu]rs Camus et Clairaut, interpellés sur cette affaire, n'etoient point alors convenus de verifier les mesures le samedy suivant, puis d'aller mesurer la base. Si cela est, comme je le pense, la note qui termine cet article contient bien des inexactitudes (BOP, B5. 7). Maheu : En 1750, La Caille est envoyé au Cap de Bonne-Espérance pour faire d'autres mesures [sur la figure de la Terre], mais les résultats de cette expédition ne font que ranimer le débat. En effet, certains auteurs, dont Euler, mettent en doute la qualité des dernières mesures de La Caille et Cassini de Thury. Le 11 août 1754, Bouguer écrit au ministère de la marine pour l'exhorter à encourager de nouvelles mesures géodésiques en France, mais « comme ce projet ne sera sans doute pas agréable à tout le monde », il le supplie « de vouloir bien qu'il ne paraisse pas venir de moi ». La Caille répondit aussitôt aux attaques d'Euler dans un mémoire qu'il lut à l'Académie royale des sciences de Paris le 3 septembre 1755, ainsi que dans un autre qu'il envoya à Berlin. La polémique se continua en 1756 par un mémoire que Le Monnier présenta à l'Académie le 16 juin 1756 [(Le Monnier 57a) NDA]. Deux commissions de quatre commissaires chacune furent nommées le 19 juin 1756 pour examiner cette affaire. Bouguer, Camus, Cassini de Thury et Pingré présidaient la première alors que Godin, Clairaut, Le Monnier et La Caille présidaient la seconde. Les résultats publiés en 1757 [(Bouguer 57a), (Bouguer 54b)] furent en général favorables à La Caille (Maheu 66). Clairaut est effectivement nommé commissaire le 19 juin (cf. 19 juin 1756 (1)). Clairaut avait participé aux mesures du degré entre Paris et Amiens (cf. 11 août 1739 (1)). Le 23 juin : M[onsieu]r Godin a lu l'écrit suivant, et après sa lecture il a êté résolu que la vérification proposée seroit faite par les commissaires nommés pour celle des triangles de M[onsieu]r l'abbé Picard [suit le mémoire] (PV 1756, p. 379-380). Le 26 juin : M. Le Monnier a lu l'écrit suivant Abregé historique de ce qui concerne les toises differentes déposées à l'Académie, avant que d'entreprendre la mesure de la nouvelle base (PV 1756, p. 383-384). Clairaut est ensuite sur le terrain (cf. 29 juin 1756 (1), 1 juillet 1756 (1), 2 juillet 1756 (1) et 4 juillet 1756 (1)). Le 21 juillet : M[onsieu]r Le Monnier a lu un écrit sur la mesure de la base par lequel il demande que chacun de MM. les commissaires donne son avis par ecrit (PV 1756, p. 449). Le 24 juillet, La Caille, Godin et Clairaut lisent leur rapport sur le sujet (cf. 24 juillet 1756 (1), 24 juillet 1756 (2), 24 juillet 1756 (3)), tandis que Le Monnier dépose un paquet cacheté [(Le Monnier 57a, pp. 8-18)] : M. Le Monnier a déposé un paquet cacheté depuis retiré et lû le 26 mars 1757 (PV 1756, p. 450). Le 4 août : MM. les pensionnaires êtant demeurés après la séance M. Le Monnier a dit que pour former les premiers triangles tant de la suite de M[onsieu]r Picard que de celle de la meridienne de M[onsieu]r de Thury, il avoit fait faire une charpente, et qu'il êtoit nécessaire de fixer au charpentier un tems pour la durée de cette machine : il a êté décidé de prendre encore un mois, et de payer le charpentier pour ce tems (PV 1756, p. 455). Bouguer écrit à Daniel Bernoulli sur l'affaire le 6 août (cf. 6 août 1756 (1)). Clairaut est encore sur le terrain le 15 septembre (cf. 15 septembre 1756 (1)). Le 23 mars 1757 : MM. Bouguer, Camus, Cassini de Thury et Pingré ont rendu compte de leurs observations pour la mesure de la base de Villejuive [Villejuif] à Juvisy : après la lecture de cet écrit M. de Thury a demandé qu'il fut imprimé [(Bouguer 57a)] à part sans préjudicier au droit qu'il peut avoir de l'inserer en son temps dans le volume de 1757 ce qui a été accepté, et en conséquence je l'ai remis sur le champ à l'imprimerie (PV 1757, p. 229, cf. aussi 18 juin 1757 (2), 30 juillet 1757 (4) et (Bouguer 54b)). Extrait : Nous ne pouvons ici rendre compte que des attentions que nous avons apportées de notre côté [Bouguer, Camus, Cassini de Thury, Pingré], en exécutant la commission dont nous nous sommes trouvés chargés. Nous ne doutons pas que lorsque l'autre troupe, qui est composée de MM Godin, Clairaut, Le Monnier et de La Caille, fera son rapport, il ne le trouve une conformité parfaite entre nos résultats ; ces MM. n'ayant pas pris moins de précautions que nous pour montrer leur exactitude scrupuleuse (Bouguer 57a, p. 9 ; Bouguer 54b). Le 26 mars 1757 : M. Le Monnier a retiré l'ecrit qu'il m'avoit déposé le 24 juillet dernier [(Le Monnier 57a, pp. 8-18)], il l'a lu et a joint à cette lecture celle de l'ecrit qu'il avoir lu le 16 juin précédent (Le Monnier 57a, pp. 4-8), et qui se trouve copié sous cette assemblée, auquel il a fait les additions suivantes. Additions au mémoire [qui ne correspond pas celle qui est imprimée dans (Le Monnier 57a), pp. 19-28] […] (PV 1757, pp. 230 et suite non paginée). Ces additions sont refusées par l'Académie (cf. 30 juillet 1757 (4)) Le 23 avril, il est question de placer une inscription sur la pyramide de Villejuif (cf. 23 avril 1757 (3)). Un exemplaire imprimé de (Le Monnier 57a) est présenté le 28 juin (cf. 28 juin 1757 (2)). Grandjean de Fouchy : M. Clairaut n'était cependant pas si fort absorbé dans ses savantes théories qu'il n'en sortît dès que le besoin le demandait. Il fut, en 1756, un de ceux qui se prêtèrent à la mesure de la base de Ville-Juive, autrefois déterminée par M. Picard : le sublime théoricien ne dédaigna pas de se prêter à une simple opération de géométrie pratique (Fouchy 65). Pour l'histoire de la borne routière, le 20 mai 1761 : M. Demontigny [de Montigny] a dit que M. Trudaine desiroit faire placer sur les chemins des pierres de 1 000 en 1 000 toises, et d'autres plus petites de 500 en 500 toises, et qu'il demandoit si l'Académie voudroit bien qu'on se servit pour cela des perches qui ont servi à la mesure de la base de Villejuive : sur quoi l'Académie ayant délibéré, il a été décidé que ces perches seroient remises à M. Perronet (PV 1761, f. 94r).
Abréviations
BOP : Bibliothèque de l'Observatoire de Paris, Paris.
HARS 17.. : Histoire de l'Académie royale des sciences [de Paris] pour l'année 17.., avec les mémoires...
PV : Procès-Verbaux, Archives de l'Académie des sciences, Paris.
Références
Bouguer (Pierre), Camus (Charles-Étienne-Louis), Cassini de Thury (César-François), Pingré (Alexandre-Guy), « Opérations faites par ordre de l'Académie pour mesurer l'intervalle entre les centres des pyramides de Villejuive et de Juvisy, en conclure la distance de la tour de Monthéri au clocher de Brie-Comte-Robert, et distinguer entre les différentes détermination que nous avons du degré du méridien aux environs de Paris, celle qui doit être préférée », HARS 1754, Mém., pp. 172-186 [Télécharger] [Bouguer] [Plus].
Bouguer (Pierre), Camus (Charles-Étienne-Louis), Cassini de Thury (César-François), Pingré (Alexandre-Guy), Opérations faites par ordre de l'Académie royale des sciences, pour la vérification du degré du méridien compris entre Paris et Amiens, par Mrs Bouguer, Camus, Cassini de Thury et Pingré, Paris, 1757 [Télécharger] [Bouguer] [Plus].
Le Monnier (Pierre-Charles), Premières observations faites, par ordre du Roi, pour connoître la distance terrestre entre Paris et Amiens, Paris, 1757 [29 juin 1756 (1)] [Plus].
Maheu (Gilles), « Bibliographie de Pierre Bouguer (1698-1758) », Revue d'histoire des sciences, 19 (1966) 193-205 [Télécharger] [25 avril 1733 (2)].
Courcelle (Olivier), « 16 juin 1756 (2) », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n16juin1756po2pf.html [Notice publiée le 9 février 2011, mise à jour le 17 avril 2011].
Remarques sur l'ecrit de M. Le Monnier [(Le Monnier 57a)]
[...]
page 8 ligne 2. Je soupçonne fort que ces mots avec les deux autres commissaires ont été ajoutés depuis la lecture du 16 juin 1756, et je suis persuadé que M[essieu]rs Camus et Clairaut, interpellés sur cette affaire, n'etoient point alors convenus de verifier les mesures le samedy suivant, puis d'aller mesurer la base. Si cela est, comme je le pense, la note qui termine cet article contient bien des inexactitudes (BOP, B5. 7). Maheu :
En 1750, La Caille est envoyé au Cap de Bonne-Espérance pour faire d'autres mesures [sur la figure de la Terre], mais les résultats de cette expédition ne font que ranimer le débat. En effet, certains auteurs, dont Euler, mettent en doute la qualité des dernières mesures de La Caille et Cassini de Thury. Le 11 août 1754, Bouguer écrit au ministère de la marine pour l'exhorter à encourager de nouvelles mesures géodésiques en France, mais « comme ce projet ne sera sans doute pas agréable à tout le monde », il le supplie « de vouloir bien qu'il ne paraisse pas venir de moi ». La Caille répondit aussitôt aux attaques d'Euler dans un mémoire qu'il lut à l'Académie royale des sciences de Paris le 3 septembre 1755, ainsi que dans un autre qu'il envoya à Berlin. La polémique se continua en 1756 par un mémoire que Le Monnier présenta à l'Académie le 16 juin 1756 [(Le Monnier 57a) NDA]. Deux commissions de quatre commissaires chacune furent nommées le 19 juin 1756 pour examiner cette affaire. Bouguer, Camus, Cassini de Thury et Pingré présidaient la première alors que Godin, Clairaut, Le Monnier et La Caille présidaient la seconde. Les résultats publiés en 1757 [(Bouguer 57a), (Bouguer 54b)] furent en général favorables à La Caille (Maheu 66). Clairaut est effectivement nommé commissaire le 19 juin (cf. 19 juin 1756 (1)). Clairaut avait participé aux mesures du degré entre Paris et Amiens (cf. 11 août 1739 (1)). Le 23 juin :
M[onsieu]r Godin a lu l'écrit suivant, et après sa lecture il a êté résolu que la vérification proposée seroit faite par les commissaires nommés pour celle des triangles de M[onsieu]r l'abbé Picard [suit le mémoire] (PV 1756, p. 379-380). Le 26 juin :
M. Le Monnier a lu l'écrit suivant
Abregé historique de ce qui concerne les toises differentes déposées à l'Académie, avant que d'entreprendre la mesure de la nouvelle base (PV 1756, p. 383-384). Clairaut est ensuite sur le terrain (cf. 29 juin 1756 (1), 1 juillet 1756 (1), 2 juillet 1756 (1) et 4 juillet 1756 (1)). Le 21 juillet :
M[onsieu]r Le Monnier a lu un écrit sur la mesure de la base par lequel il demande que chacun de MM. les commissaires donne son avis par ecrit (PV 1756, p. 449). Le 24 juillet, La Caille, Godin et Clairaut lisent leur rapport sur le sujet (cf. 24 juillet 1756 (1), 24 juillet 1756 (2), 24 juillet 1756 (3)), tandis que Le Monnier dépose un paquet cacheté [(Le Monnier 57a, pp. 8-18)] :
M. Le Monnier a déposé un paquet cacheté depuis retiré et lû le 26 mars 1757 (PV 1756, p. 450). Le 4 août :
MM. les pensionnaires êtant demeurés après la séance M. Le Monnier a dit que pour former les premiers triangles tant de la suite de M[onsieu]r Picard que de celle de la meridienne de M[onsieu]r de Thury, il avoit fait faire une charpente, et qu'il êtoit nécessaire de fixer au charpentier un tems pour la durée de cette machine : il a êté décidé de prendre encore un mois, et de payer le charpentier pour ce tems (PV 1756, p. 455). Bouguer écrit à Daniel Bernoulli sur l'affaire le 6 août (cf. 6 août 1756 (1)). Clairaut est encore sur le terrain le 15 septembre (cf. 15 septembre 1756 (1)). Le 23 mars 1757 :
MM. Bouguer, Camus, Cassini de Thury et Pingré ont rendu compte de leurs observations pour la mesure de la base de Villejuive [Villejuif] à Juvisy : après la lecture de cet écrit M. de Thury a demandé qu'il fut imprimé [(Bouguer 57a)] à part sans préjudicier au droit qu'il peut avoir de l'inserer en son temps dans le volume de 1757 ce qui a été accepté, et en conséquence je l'ai remis sur le champ à l'imprimerie (PV 1757, p. 229, cf. aussi 18 juin 1757 (2), 30 juillet 1757 (4) et (Bouguer 54b)). Extrait :
Nous ne pouvons ici rendre compte que des attentions que nous avons apportées de notre côté [Bouguer, Camus, Cassini de Thury, Pingré], en exécutant la commission dont nous nous sommes trouvés chargés. Nous ne doutons pas que lorsque l'autre troupe, qui est composée de MM Godin, Clairaut, Le Monnier et de La Caille, fera son rapport, il ne le trouve une conformité parfaite entre nos résultats ; ces MM. n'ayant pas pris moins de précautions que nous pour montrer leur exactitude scrupuleuse (Bouguer 57a, p. 9 ; Bouguer 54b). Le 26 mars 1757 :
M. Le Monnier a retiré l'ecrit qu'il m'avoit déposé le 24 juillet dernier [(Le Monnier 57a, pp. 8-18)], il l'a lu et a joint à cette lecture celle de l'ecrit qu'il avoir lu le 16 juin précédent (Le Monnier 57a, pp. 4-8), et qui se trouve copié sous cette assemblée, auquel il a fait les additions suivantes.
Additions au mémoire [qui ne correspond pas celle qui est imprimée dans (Le Monnier 57a), pp. 19-28] […] (PV 1757, pp. 230 et suite non paginée). Ces additions sont refusées par l'Académie (cf. 30 juillet 1757 (4)) Le 23 avril, il est question de placer une inscription sur la pyramide de Villejuif (cf. 23 avril 1757 (3)). Un exemplaire imprimé de (Le Monnier 57a) est présenté le 28 juin (cf. 28 juin 1757 (2)). Grandjean de Fouchy :
M. Clairaut n'était cependant pas si fort absorbé dans ses savantes théories qu'il n'en sortît dès que le besoin le demandait. Il fut, en 1756, un de ceux qui se prêtèrent à la mesure de la base de Ville-Juive, autrefois déterminée par M. Picard : le sublime théoricien ne dédaigna pas de se prêter à une simple opération de géométrie pratique (Fouchy 65). Pour l'histoire de la borne routière, le 20 mai 1761 :
M. Demontigny [de Montigny] a dit que M. Trudaine desiroit faire placer sur les chemins des pierres de 1 000 en 1 000 toises, et d'autres plus petites de 500 en 500 toises, et qu'il demandoit si l'Académie voudroit bien qu'on se servit pour cela des perches qui ont servi à la mesure de la base de Villejuive : sur quoi l'Académie ayant délibéré, il a été décidé que ces perches seroient remises à M. Perronet (PV 1761, f. 94r).