Nous avons fait 2 mils, toujours dans des bois de sapins et de bouleaux, et sommes arrivés à minuit à la poste d'Aswa, et un mil et demi plus loin à celle de Laswar. Nous avons eu ensuite 3 ¾ mil jusqu'à Sodermiola, et de là 2 ¼ mil jusqu'à Rödbek, toujours des forêts de sapins et de bouleaux avec des lacs de part et d'autre, et des chemins très sablonneux. Rödbek est un gros et beau village à l'Ouest d'une grande plaine ou prairie, toute fermée de petites maisons qui servent à serrer les foins. Il y a dans ce village de très bonne eau, qu'on dit être minérale. Nous prîmes des chevaux à Rödbek, qui n'est éloigné de ¼ de mil de la ville d'Uhmå ; on traverse une partie de cette grande plaine, et on passe dans une barque la rivière d'Uhmå, où nous arrivâmes à 5 heures et demie du soir ; le second carrosse est arrivé bientôt après. La ville d'Uhmå, éloignée de Stockholm de 68 mils, et 1/8 mil, n'est belle que par sa situation sur la ville de même nom, grande comme la Seine est à Paris, et sur laquelle les vaisseaux viennent jusqu'auprès des maisons. Il y a quatre rues en droite ligne du levant au couchant, parallèlement à la rivière : elles sont traversées par plusieurs autres du Nord au Midi. À l'extrémité orientale de la ville est une grande place, dans laquelle est l'église : les jours de fêtes et de prières, il y a dans la ville plusieurs hommes avec des hallebardes pour empêcher le bruit et le désordre. Et de là en allant vers le Nord, il y a dans chaque paroisse de la campagne un lanseman : c'est un homme à qui M. le gouverneur adresse tous les ordres pour le service public ; dans les villes, c'est au bourgmestre. La vue du voisinage est assez agréable ; ce sont de grandes plaines, remplies de petites maisons ou magasins à foin, au-delà desquelles on voit des montagnes assez élevées. À un demi mil de la ville, au couchant, sur le bord septentrional de la rivière, est la maison de M. le gouverneur de la province, toute bâtie en bois, cependant très belle pour ce pays là, on y travaillait à faire de grands jardins assez beaux. Le bruit s'était répandu dans la ville, qu'il devait y arriver des Français ; il s'est assemblé bien du monde pour nous voir. M. Clairaux est arrivé dans le second carrosse, dont M. de Maupertuis lui a laissé la conduite ; nous avons soupé tous ensemble dans une bonne auberge, où on nous a donné du vin : à 10 heures et demie du soir nous sommes partis, Messieurs Camus, Celsius, Herbelot et moi, et M. Clairaux a demeuré avec son carrosse pour attendre M. Sommereux, et savoir des nouvelles de l'embarquement de M. de Maupertuis. À la sortie d'Uhmå nous n'avons trouvé que des campagnes, avec quelques vallons pendant un mil, et nous sommes arrivés à minuit à Tassley (Outhier 44, pp. 37-39).
Courcelle (Olivier), « 15 juin 1736 (1) : Uppsala – Torneå », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n15juin1736po1pf.html [Notice publiée le 15 septembre 2007].
