Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


13 juin 1736 (1) : Uppsala – Torneå :
Nous partîmes de Skoog à 11 heures du soir, et sur le minuit nous sommes arrivés au bord d'un golfe, dans lequel se jette la grande rivière d'Angerman. Il faisait un grand vent ; les bateliers nous ont dit que nous ferions bien de ne pas passer avec le carrosse : ils ont joint deux bateaux à côté l'un de l'autre, et les ont fortement attachés ensemble ; ils ont fait passer les deux grandes roues du carrosse dans le bateau le plus éloigné du bord, en les faisant couler sur des planches ; ils ont ensuite de même placé les deux roues de devant dans l'autre bateau, et ont passé à force de rames, étant très contrariés par le vent, qui avait beaucoup de prise sur le carrosse : il a fallu faire une semblable opération dans quelques autres passages de rivières sur la route. Après que le carrosse a été débarqué, on nous est venu prendre et on nous a passés. Cette manœuvre a duré près de 3 heures.

Au débarquement, nous avons trouvé des chevaux tout prêts sur le rivage à Veyda, et nous sommes arrivés à 4 heures du matin à Skullerstad, à ¾ de mil de Veyda et à 1 5/8 mil de Skoog. Nous avons dormi à Skullerstad, et nous n'en sommes partis qu'à 11 heures : les chemins ont été très tortueux, et par de hautes montagnes, dont les vallons sont presque tous des lacs ou des bras de mer : nous avons fait 2 ½ mil ; et sommes arrivés à 4 heures après midi à Saltzoker ; de là par des montagnes à Essya, éloigné de 5/8 de mil. Nous y avons trouvé du pain plat en forme de gâteau, qui était bon, ainsi que le lait et le beurre : il y avait longtemps que nous n'avions fait aussi bonne chère. Le pays continue d'être plein de montagnes ; mais il est meilleur que tout celui que nous avons vu depuis Upsal. Les vallons aboutissent à des lacs ou à des golfes ; mais il y a bien des terres semées d'orges et de seigles. Nous sommes partis à 6 heures d'Essya ; et à cause des montagnes, nous ne sommes arrivés qu'à 9 heures à Dokstat, qui n'est cependant éloigné que d'un mil. Nous aurions pu embarquer notre carrosse sur des bateaux à Saltzoker, et venir par eau à Dokstat : on nous le proposa ; mais cela nous aurait causé trop d'embarras.

À ¼ de mil au-delà de Dokstat, nous avons passé au-dessous du Mont Skula ; on voit dans le haut l'entrée d'une caverne inaccessible ; on nous a cependant assuré qu'on y entrait, et qu'elle était fort blanche en dedans. Nous avons passé entre la mer que nous avions à l'Est, et ce mont qui n'est qu'un rocher prodigieux. Le pays est toujours en montagnes, mais les chemins beaucoup meilleurs (Outhier 44, pp. 34-36).

Référence
Courcelle (Olivier), « 13 juin 1736 (1) : Uppsala – Torneå », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n13juin1736po1pf.html [Notice publiée le 14 septembre 2007].