J'ai parlé ainsi sur le prix. L'Académie avoit proposé pour le sujet du prix de 1748 Une théorie de Saturne et de Jupiter par le moyen de laquelle on puisse rendre raison des inégalités que ces deux planetes paroissent se cause mutuellement, principalement vers le temps de leur conjonction [cf. 20 avril 1746 (1)]. Parmi les pieces qui lui furent envoyées, il y en eut une [(Euler 49b)] qu'elle crut devoir couronner, elle accorda même l'accessit à une autre [de Daniel Bernoulli], mais elle déclara en même temps que malgré les éloges dont ces deux pieces, et surtout la premiere, paroissoient dignes, un sujet aussi interessant pour l'astronomie et pour la physique celeste sembloit avoir besoin d'être encore plus approfondi, ce qui la détermina à proposer la même question pour le prix de 1750 [cf. 24 avril 1748 (1)]. Peu satisfaite des mémoires qu'elle reçut alors, et dont néanmoins quelques uns contenoient d'excellentes choses, elle crut devoir remettre le prix à la présente année 1752 [cf. 8 avril 1750 (1)]. La Compagnie a quelque lieu de s'applaudir de ce délai. Parmi les nouvelles pieces qui ont concouru, il y en a deux dans lesquelles elle a trouvé beaucoup de recherches et d'intelligence ; néanmoins il lui paroît que les auteurs n'ont pas encore suffisamment rempli l'objet dont il est question : non seulement leurs theories ont besoin d'être perfectionnées à plusieurs égards, mais ils ont trop négligé de comparer le résultat de leurs calculs avec les observations des deux planetes, travail d'autant plus indispensable que les astronomes ont publié depuis environ 200 ans un grand nombre de ces observations. Nonobstant ces considerations, l'Academie ne voulant pas décourager les sçavans n'a pas jugé à propos de remettre encore un sujet qu'elle a déjà proposé trois fois consécutives. Elle a donc adjugé le prix double à la piece n° 2 de 1752 qui a pour devise : Nihil est enim quod aut natura extremum invenerit, aut doctrina primum [(Euler 69b)]. La piece qui a paru le plus en approcher est la n° 3 de 1752 qui a pour devise : Olim irae, nunc turbat amors natumque patremque [(Boscovich 56)]. L'Académie propose pour le sujet du prix de 1754 la théorie des inégalités que les planetes peuvent causer au mouvement de la Terre (PV 1752, p. 171).
L'information est reportée dans le volume académique, avec mention du nom de Boscovich pour l'accessit (HARS 1752 (1756), Hist., pp. 151-152). L'auteur [de la pièce 3] est le P. Boscovich qui a fait demander d'estre nommé par M. le comte Duvini (AAS, Registre du prix de l'Académie royale des sciences, vol. 1, p. 9). Clairaut était juge (cf. 4 septembre 1751 (2)) et le sera encore pour le prix de 1754 (cf. 5 septembre 1753 (3)). Témoignage du duc de Croÿ : [La séance de la rentrée de l'Académie le 12 avril 1752] commença par l'éloge de M. Joffroi célèbre apoticaire et chimiste. […] L'assemblée fut terminée par la lecture d'une memoire de M. l'abbé Nollet sur l'électricité pour faire voir que tous ces effets pouvoient se rapporter à un petit nombre de principes connus […] mais comme il alloit continuer de prouver ses principes cinq heures et demie sonnèrent et M. de Malesherbes président cette année fit terminer la seance. Il avoit a côté de luy M. Le Monnier... et de Rouïllé ministre de la marine vice president en suite estoit M. le c[om]t[e] d'Argenson qui protege et possède les sciences. Après cette séance, j'allais avec ces ministres voir une salle que de Rouïllé vient de faire accomoder au milieu de laquelle il y a un grand port dans lequelle on mettra tous les modeles de vaisseaux de touttes les constructions possibles et tout autour de la salle on placera tous les instruments pieces et machines proposés à la marinne et dans les ports. Ainsi cette salle formera une collection complette de marine (Archives du duc de Croÿ, Dülmen, Literalien, non classé).
Abréviations
AAS : Archives de l'Académie des sciences, Paris.
HARS 17.. : Histoire de l'Académie royale des sciences [de Paris] pour l'année 17.., avec les mémoires...
PV : Procès-Verbaux, Archives de l'Académie des sciences, Paris.
Références
Boscovich (Roger-Joseph), De Inaequalitatibus, quas Saturnus et Jupiter sibi mutuo videntur inducere, praesertim circa tempus conjunctionis, Romae, 1756 [Télécharger] [4 septembre 1751 (2)] [2 avril 1752 (1)] [Plus].
Euler (Leonhard), « Recherches sur la question des inégalités du mouvement de Saturne et Jupiter », Pièce qui a remporté le prix de l'Académie royale des sciences en 1748, Paris, 1749 [Télécharger] [10 juin 1747 (1)] [3 septembre 1747 (1)] [Plus].
Euler (Leonhard), « Recherches sur les irrégularités du mouvement de Jupiter et Saturne », Recueil des pièces qui ont remporté les prix de l'Académie royale des sciences, depuis leur fondation, 9 vol., Paris, 1727-1777, vol. 7, Paris, 1769, 2nde pag., pp. 1-84 [Télécharger] [29 juin 1751 (1)] [4 septembre 1751 (2)] [Plus].
Courcelle (Olivier), « 12 avril 1752 (1) : Assemblée publique », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n12avril1752po1pf.html [Notice publiée le 22 novembre 2010, mise à jour le 26 janvier 2012].
[La séance de la rentrée de l'Académie le 12 avril 1752] commença par l'éloge de M. Joffroi célèbre apoticaire et chimiste. […] L'assemblée fut terminée par la lecture d'une memoire de M. l'abbé Nollet sur l'électricité pour faire voir que tous ces effets pouvoient se rapporter à un petit nombre de principes connus […] mais comme il alloit continuer de prouver ses principes cinq heures et demie sonnèrent et M. de Malesherbes président cette année fit terminer la seance. Il avoit a côté de luy M. Le Monnier... et de Rouïllé ministre de la marine vice president en suite estoit M. le c[om]t[e] d'Argenson qui protege et possède les sciences.
Après cette séance, j'allais avec ces ministres voir une salle que de Rouïllé vient de faire accomoder au milieu de laquelle il y a un grand port dans lequelle on mettra tous les modeles de vaisseaux de touttes les constructions possibles et tout autour de la salle on placera tous les instruments pieces et machines proposés à la marinne et dans les ports. Ainsi cette salle formera une collection complette de marine (Archives du duc de Croÿ, Dülmen, Literalien, non classé).