[c. 10 mai] 1759 : Le Monnier écrit au Mercure de France :
Suite de l'apparition de la comète de 1758 et 1682, dont il est parlé à la page 181 du second Mercure d'avril [cf. [c. 7] avril 1759 (1)]. Par M. Le Monnier, de l'Académie des sciences. Le temps du passage de la comète par son périhélie, sur lequel était fondée l'éphéméride dont on a donné un abrégé pour lors, a été supposé le 10 mars ; mais des observations plus exactes l'ont enfin constaté plus exactement le 13 mai à quatre heures du soir. […] L'événement [la prédiction de Halley pour le retour de la comète fin 1758 ou début 1759] a justifié sa prédiction beaucoup mieux que celle qui se trompe d'un mois au moins sur la différence de la plus longue à la plus courte période. Halley n'a pas à la vérité publié son analyse, n'ayant comme l'on sait qu'une méthode d'approximation pour calculer combien l'action de Jupiter devait allonger cette période : mais il n'y a aucun mathématicien connu qui ait essayé jusqu'ici d'en publier. Ceux qui citent un mémoire [C. 48] lu à la rentrée publique de l'Académie, du mois de novembre 1758 [cf. 15 novembre 1758 (1)], n'ont jamais cité qu'un discours sans analyse, lequel n'a pas même été relu ni examiné selon l'usage dans les séances particulières de l'Académie : on y trouve même des faits historiques aisés à réfuter. On ne doute pas que la méthode d'approximation n'ait fait dans les derniers temps un progrès considérable, ou du moins que dans un temps où M. Eller [Euler] publie successivement toutes les méthodes analytiques dont il est l'inventeur, l'on ne puisse produire au jour des calculs d'approximations plus satisfaisants que n'ont fait jusqu'ici quelques Anglais contemporains de Newton. Ce grand philosophe lui-même n'a pas jugé par cette raison devoir entrer dans les détails mais il avait tant d'adresse, et attaquait par tant de moyens différents la question qu'il se proposait de résoudre à l'aide des méthodes d'approximation, qu'il ne s'est nullement égaré ni dans la recherche du mouvement de l'époque de la Lune, ni dans la recherche de la figure de la Terre. Assurément Newton n'a jamais résolu ces deux problèmes, et cependant il ne doutait nullement que la Terre n'eût la figure qu'on lui a trouvée depuis ; et quant à l'époque de la Lune, il était bien éloigné de croire que l'insuffisance de la méthode d'approximation donnât occasion à ceux qui n'ont pu résoudre le même problème en 1746, d'attaquer la loi générale de la gravitation, et de prétendre, comme cela le divulgua pour lors ici avec tant de chaleur, avoir renversé le système newtonien [cf. 15 novembre 1747 (1)]. M. Machin avait pourtant dès lors résolu le mouvement de l'apogée, comme me l'assura Benjamin Robins en 1748, étant à Londres, de sorte qu'il a bientôt fallu changer de discours dans ce pays-ci (Mercure de France, juillet 1759, vol. 1, pp. 140-145).
À la suite se trouve une lettre de Delisle du 10 mai 1759. Pour répondre à Le Monnier, Clairaut lira à l'Académie des lettres d'Euler reconnaissant l'antériorité de la solution de Clairaut au problème des trois corps (cf. 11 juillet 1759 (1)).
Courcelle (Olivier), « [c. 10 mai] 1759 : Le Monnier écrit au Mercure de France », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/ncoc10maicf1759.html [Notice publiée le 23 juillet 2007].