Enfin nous arrivâmes sur les 3 heures à Pello, où nous nous trouvâmes tous rassemblés, excepté M. Herbelot qui travaillait à Torneå à quelques desseins qu'il avait à faire. Il y avait une quinzaine de jours que M. Camus était à Pello ; il y avait été seul jusqu'à l'arrivée de Messieurs Clairaux et Le Monnier, quand ils y sont allés avec le secteur et tous les instruments. M. Camus pendant ce temps là nous fit préparer deux chambres dans la maison de Corten Niemi, dont l'une fut destinée aux observations des pendules simples, et à y fixer une lunette pour régler les pendules par le mouvement des étoiles fixes. M. Camus avait pour cela fait ouvrir le plancher de cette chambre pour y construire un pilier de pierres, auquel on put arrêter la lunette fixe, et suspendre les pendules simples. Il ne resta donc qu'une chambre où on put loger à Corten Niemi ; M. Camus en avait encore fait accommoder deux autres en la maison de Půraïnen, éloignée de la première d'environ 150 toises. Ce fut une de ces chambres qu'occupèrent Messieurs Clairaux, Monnier et Celsius ; je logeai avec M. de Maupertuis dans l'autre. Nous aurions été dans la maison de Saůkola bien plus à portée de notre montagne de Kittis ; mais elle appartenait à un pauvre homme qui n'avait pas une seule chambre propre à nous donner. M. Camus acheta seulement de lui son cotta ; c'est une espèce de pavillon plus élevé que le reste de la maison, et plus large par le haut que par le bas : il y a ordinairement au-dessus une grande perche avec une girouette. C'est dans ce cotta, qu'on fait fondre la neige, et chauffer l'eau pour abreuver les bestiaux pendant l'hiver : quelques-uns y font leur eau de vie de grains. M. Camus acheta donc ce cotta, le fit transporter par pièces, et rebâtir ensuite sur la montagne, où il servit d'observatoire pour placer le secteur, et prendre les distances de quelques étoiles au zénith. Nous avions à Corten Niemi la commodité d'une forge ; quoi qu'elle ne fut pas en fort bon état, elle nous a été utile, et nous y avons nous-mêmes forgés plusieurs ferrements qui nous étaient nécessaires (Outhier 44, p. 102-104).
[Le 18 septembre 1808 au soir à Pello,] je me trouvais dans la métairie que les académiciens avaient habitée. J'occupais la chambre où ils avaient logés, et où ils avaient mis en ordre leurs observations. Le bâtiment se trouvait encore tel qu'Outhier l'a représenté dans son Voyage au Nord, avec la plus scrupuleuse exactitude. Sur le Kittisvara, dans le voisinage, on apercevait un signal ; il semblait que les astronomes venaient de quitter ces lieux. C'était la vérité. Les astronomes suédois, sous la direction de M. Svanberg [(Svanberg 05)] y avaient depuis deux ans, terminés leurs travaux pénibles (Buch 16, vol., 2, pp. 238-239). Le bâtiment a été détruit pendant la seconde guerre mondiale (Tuomo Korteniemi, CP, 26 septembre 2009.
Abréviation
CP : Communication personnelle.
Références
Buch (Leopold de), Voyage en Norvège et en Laponie fait dans les années 1806, 1807 et 1808, vol. 2, Paris, 1816.
Svanberg (Jöns), Exposition des opérations faites en Lapponie pour la détermination d’un arc du méridien en 1801, 1802 et 1803 : par Messieurs Ofverbom, Svanberg, Holmquist et Palander. Redigée par Jöns, Stockholm, 1805 [Télécharger] [3 septembre 1735 (1)].
Courcelle (Olivier), « 9 septembre 1736 (1) : Pello », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n9septembre1736po1pf.html [Notice publiée le 10 novembre 2007].
