Alexis Clairaut (1713-1765)

Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765)


9 mai 1761 (3) : Les sœurs Planström : déposition Saint-Aubin :
[En marge : 27e [témoin], r[écolé], c[onfronté] aux deux [accusés]]

Madeleine de France de S[ain]t Aubin, fille, agée de trente année, d[emeuran]te a Paris rue Mazarine, paroisse Saint Sulpice [...] dépose [...] que le s[ieur] de Bragelogne est venu plusieurs fois chez la deposante avec la dame de Pelletot dans le dessein d'y faire des parties de debauches ; que Bragelogne lui avoit même proposé de lui procurer des amans, mais que la deposante ayant connu leurs intentions criminelles s'est debarassée d'aussy mauvaises connoissances ; que dans des conversations que Bragelogne a eu avec la deposante, il lui a tenû des discours abominables, en lui disant qu'il se detachoit de son gout pour les femmes et alloit leur preferer la jouissance des hommes ; qu'elle a entendu dire que led[it] Bragelogne ayant été chez [...] et ayant proposé au jeune Ratier [cf. 10 décembre 1761 (1)] qui y demeuroit de s'amuser avec luy, il avoit été chassé honteusement de cette maison ; qu'elle a aussy entendu dire que Bragelogne avoit conduit la dame de Pelletot chez une femme du monde nomée la Guirnelle demeurante rue de Seine, que le domestique chez laquelle ils vivoient en toutte liberté avoit surpris Bragelogne et la dame de Pelletot dans l'action sur un canapé et que les aiant fait voir dans cet etat a sa maitresse, et qui etoit instruitte de leur mauvais commerce, s'etoit contentée de les en badiner ; qu'elle a connoissance que Bragelogne et la dame Pelletot alloient ensemble chez un garcon de son voisinage faire des parties carrées et que ce garçon, les femmes qui vivoient chez lui, le s[ieur] de Bragelogne et la dame de Pelletot passoient une partie du jour dans la debauche ; que le domestique de la deposante s'est plaint a elle que Bragelogne etant venû la voir un jour qu'elle n'y etoit pas, et l'aiant trouvé seul, lui avoit mis sa main dans sa culotte et l'avoit voulu forcer a s'amuser avec luy et qu'il avoit eû beaucoup de peine a s'en debarrasser ; qu'elle a entendu dire au s[ieur] Roze, valet de chambre de M. l'envoyé de Suede, qu'il avoit couché plusieurs fois avec lad[ite] dame de Pelletot qu'il connoissoit depuis longtems, qu'il en connoissoit plusieurs autres qui comme lui avoient eû part a ses faveurs, et que c'etoit aujourd'huy Bragelogne qui etoit son amant declaré, qu'il les avoit vûs couchez ensemble, qu'il l'avoit engagé a faire des parties carrées dans sa maison, et qu'il lui a meme proposé le crime de sodomie ; que Bragelogne a dit a elle deposante qu'il n'aimoit pas la dame de Pelletot qui etoit une vilaine degoutante, mais qu'elle lui avoit assuré vingt mille francs [...] [N'a requis salaire] (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 1).
L'information se poursuit avec la déposition de Louis Toison de Savoisy (cf. 9 mai 1761 (4)).

Le 10 novembre, lors du récolement, Madelaine de France de Saint-Aubin ne modifiera rien de sa déposition (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 20).

Le même jour, lors de la confrontation avec la demoiselle de Planström :
L'accusée a dit pour reproche que la temoin est une fille prostituée, et qu'elle a esté gagnée pour etre temoin.
La temoin a denié lesdits reproches comme faux et supposés, et a dit qu'on peut s'informer de sa conduite, et qu'elle ne craint aucun reproche à cet egard.
[Lecture déposition et récolement]
L'accusée a dit qu'il n'y a pas un mot de vray dans la deposition, et que ce ne sont que des [noirceurs] et des abominations qui font dresser les cheveux (AN, Y 10237, dossier Planstrom, pièce 21).

Le même jour, lors de la confrontation avec le comte de Bragelongne :
L'accusé a dit pour reproches que la temoin qui ne se donne pas de qualité parce qu'elle n'en a point à prendre que celle de ci devant blanchisseuse est une femme prostituée notée comme telle à la police, et condamné pour les jeux d'hazard à une amande pecuniaire, qu'elle est reduite dans la misere, et qu'elle est du nombre de temoins subornés par le s[ieu]r de Pelletot et [...] qui ont eté frequemment chez elle pour la solliciter, ainsy que le nommé S[ain]t Louis son macreau depuis lontems, se reservant a fournir par ecrit d'autres reproches s'il y a lieu.
La temoin a dit qu'elle n'a pas pris de qualité parce qu'elle n'en a pas, qu'elle n'a jamais eté blanchisseuse, mais qu'elle est fille d'un architecte de province, qu'elle denie tous les reproches de l'accusé comme faux et supposés, si ce n'est cependant qu'elle convient d'avoir eté condamné en mil ecus d'amande pour avoir donné à jouer au jeu de pharaon, ce qu'elle a bien payé, et ce qui ne [...] pas.
[Lecture déposition et récolement]
L'accusé a dit que la deposition de la temoin est fausse en son entier, et [...] a requis l'accusé d'interpeller la temoin de declarer quel est le garçon de on voisinage chez qui l'on faisoit des parties quarré[e]s.
L'interpellation faite, la temoin avant d'y repondre a soutenu sa deposition veritable, et y repondant a dit que ce garçon du voisinage est le s[ieu]r Roze, lequel luy a dit avoir couché luy quatrieme dans le même lit, c'est a dire le s[ieu]r de Bragelonne avec lad[ite]e de Pelletot, et le s[ieu]r Rose avec la compagne de la d[am]e de Pelletot.
En suite de quoy l'accusé a observé la contradiction qui se trouve entre la deposition de la temoin, et celle de S[ain]t Louis, son maquereau, en ce que celuy ci a deposé toujours faussement que luy, accusé, avoit voulu luy mettre la main dans la culotte, et que la temoin dit formellement que l'accusé luy a mis la main dans la culotte.
A quoy la temoin a repliqué qu'elle n'a raporté que ce que luy a dit son laquais (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 22).

Le témoin est également évoqué dans le factum du comte de Bragelongne (cf. [Décembre] 1762 (2)) et celui de la demoiselle de Planström (cf. [Décembre] 1762 (1)).
Abréviation
  • AN : Archives nationales.
Courcelle (Olivier), « 9 mai 1761 (3) : Les sœurs Planström : déposition Saint-Aubin », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n9mai1761po3pf.html [Notice publiée le 21 avril 2012].