10 décembre 1761 (1) : Les sœurs Planström : déposition Saint-Jean :
[En marge : 5e [témoin], r[écolé] c[onfronté] aux deux [accusés]] Jean Baptiste Ratier, dit S[ain]t Jean [dit ‘Eveillé (cf. [Décembre] 1762 (2))], agé de seize ans passez, domestique d[emeuran]t a Paris rue Froidmenteau, p[aroi]sse S[ain]t Germain l'Auxerrois [...] depose [...] qu'il a été trois ans et demy au service du s[ieur] comte de Bragelongne en deux fois differentes, que pendant ce tems il a eû bien des occasions de s'apercevoir que c'etoit un homme des plus debauchez et des moins scrupuleux ; qu'il l'a vû plusieurs fois connoitre charnellement en sa presence la v[eu]ve Michel, dite Courbon [cf. 26 mars 1761 (2)], et vouloir obliger le deposant a faire la meme chose avec cette femme ; que dans le tems que la dame de Pelletot demeuroit rue de la Comedie françoise, le deposnat l'y a souvent conduit et l'y lassoit parce qu'il y passoit la nuit, et venoit le chercher le lendemain au matin ; qu'il en a été de meme lorsqu'elle est venue demeurer rue de Grenelle vis a vis la fontaine ; qu'un jour lad[ite] dame de Pelletot étant a l'hotel de Modene ou led[it] s(ieur] de Bragelongne demeuroit, celuy ci se disposant a vouloir la connoitre charnellement, le deposant voulut sortir de la chambre pour les laisser seuls, mais que led[it] s[ieur] de Bragelongne l'y enferma malgré lui en lui disant il faut bien que tu voyes et que tu aprennes comment on le fait ; que le sieur de Bragelongne l'a sollicité plusieurs fois de s'amuser avec luy, deffaisant sa culotte et celle du deposant, luy maniant les parties et l'excitant a commettre sur luy le crime de sodomie, ce a quoy le deposant ne voulant pas consentir, il l'a pris en [...] et l'a renvoyé sans luy payer aucun gages, en l'accusant de l'avoir volé ; qu'il est arrivé plusieurs fois lorsque la femme et la fille dud-it] s[ieur] de Bragelongne etoient sortis, qu'il enfermoit le deposant et le forçoit a lui faire des attouchemens et a en recevoir [...] [A requis salaire, taxé trente sols] (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 19).
L'addition d'information se poursuit par la déposition de François Deseyverac (cf. 10 décembre 1761 (2)). Le 29 janvier 1762, lors du récolement, Jean-Baptiste Ratier ne modifiera rien de sa déposition (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 20). Le même jour, lors de la confrontation avec la demoiselle de Planström : [Aucun reproche] [Lecture déposition et récolement] L'accusée a dit que la deposition du temoin est une calomnie et une horreur, que cette deposition tombe d'elle meme, qu'il n'y a point de bon sens, que jamais elle n'a reçu le témoin, qu'en un mot elle est innocente comme l'enfant qui sortiroit aujourd'hui su sein de sa mere (AN, Y 10237, dossier Planstrom, pièce 21). Le même jour, lors de la confrontation avec le comte de Bragelongne : L'accusé a dit pour reproches que le temoin est un frippon et un voleur, qu'il l'a renvoyé en consequence de vols et de fripponneries, qu'ayant decouvert où le temoin estait allé après avoir esté chassé de sa maison, il fit faire une recherche, chez le temoin rüe de Varenne ou il s'estoit refugié, de tous les effets qu'il lui avoit volés d'intelligence avec la v[euv]e Michel, mais il les avoit detournés et dissipés ailleurs, qu'il faut que le temoin lui ait volé pour plus de deux cents ecus d'hardes, et que par charité il n'a pas voulu le livrer à la justice, et pour raison de tous ces faits, il recuse son temoignage, n'a proposé d'autres reproches. Le temoin a dit que tous les reproches sont faux, et qu'il n'a jamais fait le moindre tort au témoin [à l'accusé !] [Lecture déposition et récolement] L'accusé a dit que la deposition du temoin est absolument fausse, et ne peut partir que d'un frippon, tel que luy (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 22). Le témoin est également évoqué dans le factum du comte de Bragelongne (cf. [Décembre] 1762 (2)).
Abréviation
AN : Archives nationales.
Courcelle (Olivier), « 10 décembre 1761 (1) : Les sœurs Planström : déposition Saint-Jean », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n10decembre1761po1pf.html [Notice publiée le 20 août 2012].
[Aucun reproche]
[Lecture déposition et récolement]
L'accusée a dit que la deposition du temoin est une calomnie et une horreur, que cette deposition tombe d'elle meme, qu'il n'y a point de bon sens, que jamais elle n'a reçu le témoin, qu'en un mot elle est innocente comme l'enfant qui sortiroit aujourd'hui su sein de sa mere (AN, Y 10237, dossier Planstrom, pièce 21). Le même jour, lors de la confrontation avec le comte de Bragelongne :
L'accusé a dit pour reproches que le temoin est un frippon et un voleur, qu'il l'a renvoyé en consequence de vols et de fripponneries, qu'ayant decouvert où le temoin estait allé après avoir esté chassé de sa maison, il fit faire une recherche, chez le temoin rüe de Varenne ou il s'estoit refugié, de tous les effets qu'il lui avoit volés d'intelligence avec la v[euv]e Michel, mais il les avoit detournés et dissipés ailleurs, qu'il faut que le temoin lui ait volé pour plus de deux cents ecus d'hardes, et que par charité il n'a pas voulu le livrer à la justice, et pour raison de tous ces faits, il recuse son temoignage, n'a proposé d'autres reproches.
Le temoin a dit que tous les reproches sont faux, et qu'il n'a jamais fait le moindre tort au témoin [à l'accusé !]
[Lecture déposition et récolement]
L'accusé a dit que la deposition du temoin est absolument fausse, et ne peut partir que d'un frippon, tel que luy (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 22). Le témoin est également évoqué dans le factum du comte de Bragelongne (cf. [Décembre] 1762 (2)).