7 mai 1760 (2) : Le chevalier de Causans (Paris) écrit « à la face de l'Univers » :
Des personnes respectables, mais très incrédules sur les faits, et susceptibles de prévention, m'ont invité de prouver publiquement, par les pièces justificatives, ce que j'ai dit dans ma requête au Roi [(Causans 59b)], qui paraît incroyable. Je ferai toujours gloire, autant qu'il dépendra de moi, de démontrer, sans détour, la vérité à découvert. Pour cet effet, je rapporterai mot à mot ce que j'ai adressé à l'Académie, et ensuite sa réponse, pour faciliter à chacun de pouvoir vérifier, examiner et juger avec une connaissance complète de cause. […] Je garantis, sur mon honneur, qu'aucun géomètre de l'Académie royale des sciences, ne peut prouver que les quatre sections du triangle C, D, E, ne contiennent pas des espaces égaux. Il est donc bien évident que M. Clairaut a écrit très imprudemment, et que l'Académie a approuvé et approuve par son silence, que 144 est égal à 135, et 145 à 152, comme il se voit dans le rapport ci-dessus, que l'Académie m'a forcé de dévoiler malgré moi en face de l'Univers. Le chevalier de Causans (Causans 60a, non paginé). […] Cause très célèbre […] Sentence du public. Pour contenir dans les bornes de la vérité, de la justice et de la décence ceux qui se mêlent d'écrire. Par le pouvoir de la loi naturelle, nous enjoignons au sieur Clairaut et à tous ses adhérents de l'Académie des sciences, de faire insérer en anonymes, dans les écrits publics, et l'espace d'un mois pour tout délai, la preuve évidente qu'ils connaissent exactement l'étendue d'un triangle isocèle quelconque. S'ils l'ignorent, de le dire, et d'inviter M. le chevalier de Causans de démontrer le miracle de la géométrie, sous peine aux contrevenants, d'infamie et de honte publique, et conformément à la justice distributive, nous condamnons M. le chevalier de Causans à l'humiliation que tout honnête homme doit craindre, si au bout d'un mois, terme fatal, après l'invitation anonyme d'un géomètre académicien, il n'a pas démontré le miracle de la géométrie, qu'il a offert authentiquement. J'annonce donc avec certitudes deux prodiges bien intéressants ; dans un mois des muets parleront, et dans deux au plus tard, nous verrons le miracle de la géométrie. À Paris, ce septième jour de mai mil sept cens soixante (Causans 60a, non paginé).
Un mois et un jour plus tard, à la suite d'un « coupable silence » de la part de Clairaut et de ses « adhérents » de l'Académie des sciences, un additif est ajouté à la Sentence du public (cf. 8 juin 1760 (1)).
Courcelle (Olivier), « 7 mai 1760 (2) : Le chevalier de Causans (Paris) écrit « à la face de l'Univers » », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n7mai1760po2pf.html [Notice publiée le 25 septembre 2011].