7 décembre 1761 (5) : Les sœurs Planström : déposition fille Pinte :
[En marge : 4e [témoin], r[écolé] c[onfronté] au s[ieu]r de Bragelongne seul] Marie Elizabeth Françoise Pinte, fille, agée de vingt cinq ans, demeurant a Paris, rue Mazarine, p[aroi]sse S[ain]t Sulpice [...] depose [...] que son frere [cf. 3 avril 1761 (1)] a servy le s[ieu]r de Bragelongne pendant onze jours, il y a eû deux ans a la la fete Dieu, pendant que son epouse et la dame Michel [cf. 26 mars 1761 (2)] etoient a Versailles avec son domestique, qu'au bout de ces onze jours led[it] s[ieur] de Bragelongne le renvoya en lui disant que comme il étoit marqué de petite verolle, cela faisoit de la peine aux dames de l'hotel de Modene ou il demeuroit en qualité d'ecuyer, que le frere dela deposante lui fit part ainsy qu'a leur mere des propositions infames que led[it] s[ieur] de Bragelongne luy avoit fait de s'amuser avec luy en lui faisant differentes promesses, en lui disant qu'il avoit eû des domestiques avant lui qui n'avoient fait aucune difficulté de se prêter a ses desirs ; que le meme soir que le frere de la deposante avoit quitté le service dud[it] s[ieur] de Bragelongne, il vint chez la deposante et sa mere qui etoient alors logé rue de Vaugirard, entra chez elles sur les onze heures du soir accompagné d'un de ses amis qu'il annonça pour mousquetaire, et dit en arrivant a la deposante qu'il luy amenoit un amant, que la deposante et sa mere furent fort scandalisées de ce discours et lui firent des reproches de l'insulte qu'il leur faisoit et du scandale que cette insulte pouvoit causer a une heure aussy indue, en lui faisant entendre qu'on ne lui avoit ouvert que parce que Pinte le fils avoit demeuré chez luy qu'on aprehendoit qu'il ne vint se plaindre de quelque tort qu'il lui eut fait ; que le s[ieur] de Bragelongne vouloit insister a ce que son amy restat avec la deposante, mais que cet amy plus prudent pris le party de se retirer en disant qu'il voyoit bien qu'ils s'etoient trompez, que cela n'a pas empeché le frere de la deposante, seduit par l'apas d'un pretendu gain, d'entrer au mois de fevrier suivant au service de la d[am]e de Pelletot ou il a resté deux a trois mois ; qu'environ deux ou trois mois après qu'il fut sorty de son service, ayant rencontré le domestique dud[it] s[ieur] de Bragelongne nommé La France, celuy cy lui dit qu'il eut ainsy que sa mere a prendre garde a eux, parce que M[onsieu]r de Bragelongne avoit obtenu un ordre de M[onsieu]r de S[ain]t Florentin pour les faire enfermer [...] [A requis salaire, taxé quarante sols] (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 19).
L'addition d'information se poursuit par la déposition de Jean-Baptiste Ratier, dit Saint-Jean (cf. 10 décembre 1761 (1)). Le 29 janvier 1762, lors du récolement, Marie-Élisabeth-Françoise Pinte ne modifiera rien de sa déposition (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 20). Le même jour, lors de la confrontation avec le comte de Bragelongne : L'accusé a dit pour rproche que la temoin est une fille prostituée courant dans les jardins publics et ayant demeuré dans des mauvais lieux lorsque luy, accusé, en a fait la connoissance, il y a deux ans au Palais Royal, où elle l'a racroché, qu'on lui a dit que la temoin avoit fait des enfans, que d'ailleurs il a rendu plainte contre sa mere et contre son frere, n'a proposé d'autres reproches. La temoin a denié les repoches comme faux et supposés, a dit seulement que lorsque l'accusé est venu lui amener un pretendu mousquetaire, elle demeuroit au quatr[ièm]e etage d'une maison où au premier etage il y avoit des filles, mais que jamais elle, temoin, n'a fait d'enfans, et n'a point donné dans le libertinage. [Lecture déposition et récolement] L'accusé a dit que la deposition de la temoin n'est remplie que de faussetés, qu'il est seulement vrai que comme elle a participé au libelle diffamatoire du s[ieu]r de Pelletot, il a demandé au M. de S[ain]t Florentin de la faire mettre à l'hopital comme elle le meritoit (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 22). Marie-Élisabeth-Françoise Pinte ne sera pas confrontée à la demoiselle de Planström (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 21). Le témoin est également évoqué dans le factum du comte de Bragelongne (cf. [Décembre] 1762 (2)).
Abréviation
AN : Archives nationales.
Courcelle (Olivier), « 7 décembre 1761 (5) : Les sœurs Planström : déposition fille Pinte », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n7decembre1761po5pf.html [Notice publiée le 20 août 2012].
L'accusé a dit pour rproche que la temoin est une fille prostituée courant dans les jardins publics et ayant demeuré dans des mauvais lieux lorsque luy, accusé, en a fait la connoissance, il y a deux ans au Palais Royal, où elle l'a racroché, qu'on lui a dit que la temoin avoit fait des enfans, que d'ailleurs il a rendu plainte contre sa mere et contre son frere, n'a proposé d'autres reproches.
La temoin a denié les repoches comme faux et supposés, a dit seulement que lorsque l'accusé est venu lui amener un pretendu mousquetaire, elle demeuroit au quatr[ièm]e etage d'une maison où au premier etage il y avoit des filles, mais que jamais elle, temoin, n'a fait d'enfans, et n'a point donné dans le libertinage.
[Lecture déposition et récolement]
L'accusé a dit que la deposition de la temoin n'est remplie que de faussetés, qu'il est seulement vrai que comme elle a participé au libelle diffamatoire du s[ieu]r de Pelletot, il a demandé au M. de S[ain]t Florentin de la faire mettre à l'hopital comme elle le meritoit (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 22). Marie-Élisabeth-Françoise Pinte ne sera pas confrontée à la demoiselle de Planström (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 21). Le témoin est également évoqué dans le factum du comte de Bragelongne (cf. [Décembre] 1762 (2)).