M. Brunius était arrivé mercredi au soir, et devait repartir le vendredi matin ; les perches pour la mesure de la base étaient préparées de même que les supports ; mais nous ne savions quel parti nous devions prendre. Fallait-il mesurer actuellement notre base, ou remettre cette mesure au printemps? Il y avait déjà beaucoup de neige, il en tombait souvent ; quelquefois même le temps était assez doux, et il pleuvait comme il a fait aujourd'hui vendredi tout le jour : tout cela rendait l'ouvrage de la mesure très difficile et très pénible. En remettant cet ouvrage au printemps, nous étions sûrs d'avoir des journées beaucoup plus longues ; nous avions tout lieu d'espérer que la surface des neiges, un peu fondues par les rayons du Soleil, et ensuite durcies par le froid de la nuit, formerait une croûte assez dure, sur laquelle nous pourrions marcher et faire aisément notre ouvrage. Plusieurs bourgeois de Torneå nous conseillaient de remettre cette mesure au printemps ; où les jours seraient plus longs, et le froid moins rigoureux. M. Brunius et quelques autres nous conseillaient le contraire ; ils disaient qu'il pouvait arriver quelque dégel considérable, plutôt qu'on ne s'y attendait, et que nous risquions de manquer entièrement notre mesure (Outhier 44, p. 134).
Courcelle (Olivier), « 7 décembre 1736 (1) : Torneå », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n7decembre1736po1pf.html [Notice publiée le 20 avril 2008].