31 mars 1761 (2) : Les sœurs Planström : déposition Parfait :
[En marge : 8e [témoin], r[écolé], c[onfronté] au deux [accusés]] Claude Parfait, agé de cinquante ans, chevalier seigneur de Fontenay, demeurant a Paris, rue Saint Honoré p[aroi]sse S[ain]t Roch [...] depose [...] qu'il connoit le s[ieu]r de Bragelogne pour une homme de mœurs tres depravées, entierement livré a la debauche, s'enfaisant meme un merite ; qu'il a plusieurs fois parlé au deposant de la dame de Pelletot comme de sa maitresse, et que le deposant l'a vû faire sa toilette dans le cabinet de lad[ite] dame de Pelletot en l'appartement qu'elle occupoit rue de Grenelle vis a vis la fontaine ; qu'il s'est vanté au deposant de s'etre fait faire des donation et obligations considerables par lad[ite] dame de Pelletot ; qu'il s'est vanté d'avoir trouvé sa femme couchée avec un mousquetaire ; qu'il a dit en presence du deposant qu'il etoit faché d'avoir fait pendre un de ses domestiques parce qu'il le croïoit innocent et qu'il etoit persuadé que c'etoit la v[euv]e Michel qui lui avoit volé l'argent qui lui avoit eté pris, et que par consequent ce malheureux etoit mort innocent ; qu'il a dit a plusieurs personnes et nottament au deposant qu'il feroit mettre lad[ite] v[euv]e Michel [cf. 26 mars 1761 (2)] a l'hopital quoi que le deposant ait connoissance que les meubles qui garnissent l'apartement dud[it] s[ieu]r comte de Bragelogne a l'hotel de Modene appartiennent a la v[euv]e Michel et valent plus de quinze cens livres ; qu'au demeurant le deposant a vû le sieur comte de Bragelogne et la dame de Pelletot vivre fort familierement ensemble, se tutoyer et que d'ailleurs led[it] s[ieur] comte de Bragelogne s'est vanté plusieurs fois de son commerce avec lad[ite] dame et qu'il les a entendus parler avec beaucoup de mepris du s[ieur] de Pelletot [...] [N'a requis salaire] (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 1).
L'information se poursuit avec la déposition de Jacques Collard (cf. 31 mars 1761 (3)). Le 10 novembre, lors du récolement, Claude Parfait ne modifiera rien de sa déposition (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 20). Le même jour, lors de la confrontation avec la demoiselle de Planström : [Aucun reproche] [Lecture déposition et récolement] L'accusée a dit qu'elle n'a jamais vecue avec familiarité avec le s[ieu]r de Bragelonne, qu'elle a toujours vecue avec la decence qui convient, qu'elle n'a jamais tutoyé le s[ieu]r de Bragelonne, qu'elle n'a jamais eu commerce avec luy, qu'ainsy elle denie la deposition du temoin, et que si elle a mal parlé de son mary, c'est qu'elle le regarde comme son plus cruel ennemy (AN, Y 10237, dossier Planstrom, pièce 21). Le même jour, lors de la confrontation avec le comte de Bragelongne : L'accusé a dit pour reproche que le temoin est amant de la v[euv]e Michel, qu'ils ont eté surpris couché ensemble, et que les chansons faites par le temoin en font temoignage, que la premiere est intulée Fée Carabosse, Venez me voir souvent, d'ailleurs que le temoin est tres capable de partialité, reduit a bout les expedients, l'administration de ses affaires luy ayant eté retiré au point qu'on ne luy a pas laissé s'achetter un habit, [...] ny la moindre chose de son entretien, se reservant au surplus de fournir par ecrit d'autres reproches qu'il avisera. Le temoin a dit qu'il defie l'accusé de prouver que luy temoin a eu aucune particularité avec le v[euv]e Michel qu'il n'a connue que chez l'accusé et comme pensionnaire de l'accusé, que la chanson Fée Carabosse et autres ont eté faites au vû et au scû de l'accusé par maniere de plaisanterie, que c'est une injure de la part de l'accusé de la taxer de partialité, qu'il n'a cherché qu'à rendre hommage à la verité, que c'est une calomnie ridicule de pretendre qu'il a eté depouillé de l'administration de ses biens, qu'il jouit de tous ses biens, et que même M[onsieu]r le comte de S[ain]t Florentin luy a donné il y a un an une pension de douze cent livres de sorte qu'il denie la plupart de tous ces reproches. A quoy a esté repliqué par l'accusé que cette pension de douze cent livres est la seule chose dont le temoin ayt la disposition. Et le contraire a eté pareillement soutenu par le temoin. [Lecture déposition et récolement] L'accusé a dit que la deposition du temoin est pleine de fausseté, de partialité et de recrimination, sur ce que luy a reproché à la v[euv]e Michel, ses debauches tant avec le temoin qu'avec d‘autres, convient d'avoir pû dire qu'il feroit mettre la v[euv]e Michel a l'hopital, attendu son inconduite desordonnée a tous egard, que luy accusé n'a pû s'etre vanté au mois de mars dernier, ny en mil sept cent soixante, n'ayant pas vû le temoin depuis le mois de juin 1760, de s'etre fait faire des donnations et obligations par la d[am]e de Pelletot, puisqu'elles n'ont ete faites qu'au mois de may 1761, que l'histoire du domestique qui a ete pendu ne regarde nullement le temoin, ny l'accusation d'adultere, ne se croyant pas luy, accusé, dans le cas d'approfondir plus avant cette affaire par charité pour lad[it]e v[euv]e Michel. Le temoin a soutenu sa deposition veritable et a dit que c'est aparament au mois de juin 1760 que l'accusé luy a parlé desd[ites] donation et obligation faites, ou à faire, qu'au reste il n'a pas les dates presentes (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 22). Le témoin est également évoqué dans le factum du comte de Bragelongne (cf. [Décembre] 1762 (2)) et celui de la demoiselle de Planström (cf. [Décembre] 1762 (1)).
Abréviation
AN : Archives nationales.
Courcelle (Olivier), « 31 mars 1761 (2) : Les sœurs Planström : déposition Parfait », Chronologie de la vie de Clairaut (1713-1765) [En ligne], http://www.clairaut.com/n31mars1761po2pf.html [Notice publiée le 4 mai 2009].
[Aucun reproche]
[Lecture déposition et récolement]
L'accusée a dit qu'elle n'a jamais vecue avec familiarité avec le s[ieu]r de Bragelonne, qu'elle a toujours vecue avec la decence qui convient, qu'elle n'a jamais tutoyé le s[ieu]r de Bragelonne, qu'elle n'a jamais eu commerce avec luy, qu'ainsy elle denie la deposition du temoin, et que si elle a mal parlé de son mary, c'est qu'elle le regarde comme son plus cruel ennemy (AN, Y 10237, dossier Planstrom, pièce 21). Le même jour, lors de la confrontation avec le comte de Bragelongne :
L'accusé a dit pour reproche que le temoin est amant de la v[euv]e Michel, qu'ils ont eté surpris couché ensemble, et que les chansons faites par le temoin en font temoignage, que la premiere est intulée Fée Carabosse, Venez me voir souvent, d'ailleurs que le temoin est tres capable de partialité, reduit a bout les expedients, l'administration de ses affaires luy ayant eté retiré au point qu'on ne luy a pas laissé s'achetter un habit, [...] ny la moindre chose de son entretien, se reservant au surplus de fournir par ecrit d'autres reproches qu'il avisera.
Le temoin a dit qu'il defie l'accusé de prouver que luy temoin a eu aucune particularité avec le v[euv]e Michel qu'il n'a connue que chez l'accusé et comme pensionnaire de l'accusé, que la chanson Fée Carabosse et autres ont eté faites au vû et au scû de l'accusé par maniere de plaisanterie, que c'est une injure de la part de l'accusé de la taxer de partialité, qu'il n'a cherché qu'à rendre hommage à la verité, que c'est une calomnie ridicule de pretendre qu'il a eté depouillé de l'administration de ses biens, qu'il jouit de tous ses biens, et que même M[onsieu]r le comte de S[ain]t Florentin luy a donné il y a un an une pension de douze cent livres de sorte qu'il denie la plupart de tous ces reproches.
A quoy a esté repliqué par l'accusé que cette pension de douze cent livres est la seule chose dont le temoin ayt la disposition.
Et le contraire a eté pareillement soutenu par le temoin.
[Lecture déposition et récolement]
L'accusé a dit que la deposition du temoin est pleine de fausseté, de partialité et de recrimination, sur ce que luy a reproché à la v[euv]e Michel, ses debauches tant avec le temoin qu'avec d‘autres, convient d'avoir pû dire qu'il feroit mettre la v[euv]e Michel a l'hopital, attendu son inconduite desordonnée a tous egard, que luy accusé n'a pû s'etre vanté au mois de mars dernier, ny en mil sept cent soixante, n'ayant pas vû le temoin depuis le mois de juin 1760, de s'etre fait faire des donnations et obligations par la d[am]e de Pelletot, puisqu'elles n'ont ete faites qu'au mois de may 1761, que l'histoire du domestique qui a ete pendu ne regarde nullement le temoin, ny l'accusation d'adultere, ne se croyant pas luy, accusé, dans le cas d'approfondir plus avant cette affaire par charité pour lad[it]e v[euv]e Michel.
Le temoin a soutenu sa deposition veritable et a dit que c'est aparament au mois de juin 1760 que l'accusé luy a parlé desd[ites] donation et obligation faites, ou à faire, qu'au reste il n'a pas les dates presentes (AN, Y 10237, dossier Planström, pièce 22). Le témoin est également évoqué dans le factum du comte de Bragelongne (cf. [Décembre] 1762 (2)) et celui de la demoiselle de Planström (cf. [Décembre] 1762 (1)).